Ni buts ni soumises » Sur la route de Vancouver – Sixième station, Châteauroux et Nancy

« 

 »

Sur la route de Vancouver – Sixième station, Châteauroux et Nancy

Les Bleues ont remporté contre la Russe et l’Écosse leurs deux derniers matchs de préparation sans briller exagérément. Entre temps, le groupe a été réduit à 23 joueuses. La prochaine échéance sera contre l’Angleterre pour un match qui sera le premier mais certainement pas le plus important. Les trois matchs du premier tour serviront à se régler. Ou alors l’ambition affichée est usurpée.

La France a clos sa préparation face aux 21e et 22e nations au classement Fifa, c’est à dire face à des adversaires sur le papier nettement plus faible que l’Angleterre (6e) mais légèrement meilleurs que le Mexique (25e) et la Colombie (28e), ses adversaires du premier tour.

Les deux matchs ont été remportés sans déclencher l’enthousiasme mais sans jamais être inquiété, l’égalisation d’Elena Terekhova lors du premier ayant tout au plus été un contretemps. Comme toujours dans ces périodes de préparation avant une phase finale, il est difficile pour un observateur extérieur de tirer du déroulement du match des conclusions pour la compétition qui va suivre.

Différents éléments expliquent cette difficulté. Les joueuses sont en pleine préparation physique et n’ont – on l’espère – pas les jambes qu’elles auront ensuite. Les compositions servent à travailler des associations ou à tester des joueuses. Dans le cas de l’équipe de France où le schéma de jeu et le onze type sont connus depuis bien longtemps, les matchs de préparation servent voir quelles sont les alternatives et comment intégrer les autres joueuses. Certains choix servent à tester des options et éventuellement à ne pas les retenir pour le moment où ça comptera vraiment. Du coup, seul le staff est réellement à même de savoir s’il y a lieu d’être satisfait ou non des matchs de préparation.

La Russie sans les Parisiennes

Les choix du premier match ont été un peu imposés par le calendrier. Placé une semaine après la finale de la Ligue des Championnes perdues par le PSG, les joueuses parisiennes de l’équipe de France ont été laissées au repos (y compris Kheira Hamraoui qui n’avait pourtant pas joué la finale). Dans l’équipe type théorique, on les retrouve en défense (Jessica Houara et Laura Georges, voire Laure Boulleau). Kenza Dali et Marie-Laure Delie sont au contraire les « premières remplaçantes » sur le côté et en attaque.

Du coup, la France a entamé le match contre la Russie avec une équipe fortement remaniée en défense où seule Wendie Renard conservait son poste mais avec son équipe type au milieu et en attaque. Cela permettait aussi de remettre en place les schémas de jeu avec Louisa Necib à gauche, la joueuse de l’OL ayant manqué sur blessure tous les rendez-vous depuis le premier de l’année contre les États-Unis.

Clarisse Le Bihan

Clarisse Le Bihan

Mais comme Sabrina Delannoy, remplaçante au poste d’arrière droite, et Amel Majri, concurrente de Laure Boulleau à gauche étaient indisponibles, la défense était particulièrement expérimentale avec Griedge Mbock à gauche et la réserviste Julie Soyer à droite. La Guingampaise a montré qu’elle avait la qualité technique et la vitesse pour apporter offensivement mais elle a eu du mal avec le placement de ce poste.

Philippe Bergerôo a aussi profité de ce match pour récompenser la plupart des réservistes avec une sélection, la première pour Charlotte Bilbault et Clarisse Le Bihan.

Les 23 contre l’Écosse

Entre les deux matchs, le groupe a été ramené aux 23 qui partiront pour le Canada. Après la défense, c’est l’attaque qui a fait l’objet des tests contre l’Écosse. Claire Lavogez et Marie-Laure Delie ont été associées en pointe et Kenza Dali a remplacé Élodie Thomis à droite. Avec Louisa Necib à gauche cette composition présentait derrière Marie-Laure Delie trois joueuses capable de jouer dans l’axe et des deux côtés ce qui a permis un grand nombre de permutations.

L’avant-centre parisienne a marqué un beau but de la tête en coupant au premier poteau montrant son retour en forme déjà remarqué lors des derniers tours de Ligue des Championnes. C’est une bonne nouvelle pour l’équipe de France même si le duo d’attaque des grands rendez-vous devrait être composé d’Eugénie Le Sommer et de Gaëtane Thiney.

Mais on sait que dans une compétition qui dure un mois et où on vise de jouer 7 matchs, la notion d’équipe type n’est pas à prendre au sens stricte : il peut y avoir une composition que le sélectionneur va aligner dans les matchs décisifs si tout le monde est disponible, mais aucune équipe ne peut faire tout son parcours à 11 ou même à 14 ou 15.

Monter en puissance

Les matchs de préparation ont au moins rappelé que même avec une équipe remaniée, les Bleues peuvent venir à bout d’équipes de second rang. Avec deux qualifiées par groupe, et la possibilité pour quatre troisièmes sur six de passer aussi, aucun des matchs du premier tour n’est vraiment un match couperet. D’autant plus que la première place du groupe F n’assure pas une meilleure situation pour la suite de la compétition, presque au contraire.

Il faudra donc jouer contre l’Angleterre, la Colombie et le Mexique pour gagner mais en gérant ses forces pour être prête pour le huitième de finale et surtout le quart qui sera très certainement le match qui sera la frontière entre une Coupe du Monde réussie et une Coupe du Monde ratée. Même s’il s’agit d’un match contre l’Allemagne.

Bien sûr, il y a toujours un risque de ne pas sortir du groupe. Mais si l’équipe de France a besoin d’être à son maximum pour finir dans les deux premiers ou dans les quatre meilleures troisièmes, il n’est pas utile de parler de podium ou de qualification aux Jeux Olympiques. Un accroc sur un match est toujours possible mais n’est pas rédhibitoire. On se souviendra qu’il y a quatre ans, le Japon avait perdu 2-0 au premier tour contre l’Angleterre, ce qui ne l’avait pas empêcher d’aller au bout. Des quatre premiers de groupes1, seule la Suède avait passé les quarts de finale. L’Allemagne avait été battu par le Japon, le Brésil par les États-Unis et l’Angleterre par la France.

Faire tourner

Non seulement la France dispose de remplaçantes capables de jouer contre la 20e équipe mondiale, mais certaines ne sont pas très loin des titulaires. Sabrina Delannoy en défense centrale, Élise Bussaglia au milieu ou Marie-Laure Delie en pointe ont été les titulaires à un moment ou un autre de l’ère Philippe Bergerôo. On n’est pas totalement sûr qu’Amel Majri ne soit pas actuellement la titulaire à gauche plutôt que Laure Boulleau. Claire Lavogez et Kenza Dali offrent aussi des assurances même si Élodie Thomis, la joueuse dont le statut pourrait être le plus menacé par l’une ou l’autre offre un profil tellement particulier qu’au moment crucial, Philippe Bergerôo ne devrait pas s’en passer.

Gaëtane Thiney

Gaëtane Thiney

Une bonne manière de concerner tout le monde et de garder un minimum de fraîcheur pour les titulaires serait de profiter de ce que le premier tour offre à la fois des matchs jouables et le droit à l’erreur pour faire largement tourner.

On pourrait avoir l’équipe type au premier match : Sarah Bouhaddi – Jessica Houara, Laura Georges, Wendie Renard, Laure Boulleau – Amandine Henry, Camille Abily – Élodie Thomis, Louisa Necib – Gaëtane Thiney, Eugénie Le Sommer.

Puis faire entrer quatre ou cinq des titulaires en puissance contre la Colombie : Sarah Bouhaddi2 – Jessica Houara, Sabrina Delannoy, Wendie Renard, Amel Majri – Élise Bussaglia, Camille Abily – Kenza Dali, Louisa Necib – Marie-Laure Delie, Eugénie Le Sommer.

Et enfin faire revenir contre le Mexique les titulaires du premier match tout en laissant les entrantes du second : Sarah Bouhaddi – Jessica Houara3, Sabrina Delannoy, Laura Georges, Laure Boulleau – Amandine Henry, Élise Bussaglia – Élodie Thomis, Kenza Dali – Gaëtane Thiney, Marie-Laure Delie.

Ce ne sont que des exemples. Les Griedge Mbock, Anaig Butel, Kheira Hamraoui ou Kadidiatou Diani pourraient aussi faire partie de l’une ou l’autre des équipes, mais ça ne change pas l’idée générale qui est d’éviter de faire jouer beaucoup plus de deux matchs du premier tour aux différentes joueuses et que celles qui pourraient être amenées à être titulaire par la suite aient été alignées un match complet ou plus.



2 commentaires pour “Sur la route de Vancouver – Sixième station, Châteauroux et Nancy”

  1. Merci!

    Que peuvent-elles peuvent raisonnablement viser dans cette CDM?

  2. J’ose espérer que Bergerôo fera confiance à Claire Lavogez, qui (hormis contre l’Ecosse où elle était bizarrement placée) a été absolument brillante à l’Algarve et durant les matchs de préparation où elle est entrée sur la pelouse.

Répondre