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La mi-saison en attendant la trêve

La moitié de la saison de D1 a été atteinte. Les favoris sont en place même si les performances en Coupe d’Europe ont été décevantes. Soyaux est la bonne surprise du début de saison et Saint-Étienne la mauvaise.

Deux journées avant la trêve, la moitié de la saison a déjà été jouée. Par bonheur, le championnat ne compte pour l’instant aucun match en retard, celui opposant Hénin-Beaumont au PSG ayant été joué mercredi. On peut toutefois douter de l’équilibre d’un calendrier dont la reprise aura lieu le 19 janvier et qui traînera jusqu’au mois de juin, faisant jouer 9 matchs en 6 mois aux clubs de D1 (après en avoir fait jouer 13 en 4 mois pour commencer), février, mars et mai étant particulièrement chargés avec deux matchs tandis que janvier, avril et juin n’en verront qu’un.

À titre de comparaison, l’Allemagne dispose d’une championnat comparable à 12 équipes qui a démarré une semaine plus tard. La journée du 8 décembre n’était donc que la 10e et marque le début d’une trêve qui durera jusqu’à la fin du mois de février. Les joueuses du championnat d’Allemagne joueront donc 12 matchs dans les 5 derniers mois de compétition, après en avoir joué 10 lors des 4 premiers. Ce qui semble moins décousu.

Faustine Robert

Faustine Robert (Guingamp)

La hiérarchie des clubs reste stable

À la veille du début de la phase retour marqué par le duel au sommet entre Lyon et Juvisy, on peut déjà tirer la conclusion d’une grande stabilité du championnat. La plupart des indicateurs ressemblent à ceux de la saison dernière.

L’échec européen

La principale différence concerne les clubs et non pas le championnat lui-même : là où l’an dernier, les deux représentants français étaient encore en course sur la scène européenne, qui les mènera jusqu’à un affrontement en demi-finale, cette saison la France sera absente des quarts de finales.

On ne tirera toutefois pas de conclusion trop définitive d’un phénomène surtout lié à un tirage défavorable. Néanmoins, l’OL et le PSG avaient l’objectif d’aller au bout ou à peu près, ce qui devrait impliquer d’être en mesure d’éliminer Potsdam ou Tyresö.

Les favoris sont là

Avec 11 victoires en 11 matchs, et trois buts d’écarts face à ses adversaires directs, Lyon reste clairement le patron de cette D1. Toutefois, certaines difficultés constatées contre Arras (victoire 3-2 à 10 contre 11) et Yzeure (victoire 1-0) indiquent que la marge n’est peut-être plus aussi grande, ce qui est confirmée par le nombre de buts marqués, « seulement » de 47 en 11 matchs, là où il y en avait eu 74 la saison dernière. On peut y voir une certaine lassitude de la part de joueuse qui ont déjà tout gagné et qui enchaîne les saisons presque sans phase de repos. On y verra aussi l’amélioration du niveau global du championnat où même les équipes de bas de tableau sont capables de proposer un schéma cohérent et un niveau physique et technique permettant une opposition qui oblige les équipes de haut de tableau à jouer sérieusement pour l’emporter.

Marie-Laure Delie

Marie-Laure Delie (PSG)

Ce constat vaut aussi pour les autres favoris. Le PSG était très bien parti pour retrouver l’Europe jusqu’à sa défaite contre Juvisy. Cela ne remet pas vraiment en cause le statut de favorites des Parisiennes pour la deuxième place, mais cela resserre les valeurs. Et tout comme Lyon, le PSG a connu quelques frayeurs, en particulier sous la pluie de Soyaux1 et dans son match en retard contre Hénin-Beaumont.

L’oubli de Camille Catala

Grâce à sa victoire à Charléty dans le derby, Juvisy s’est replacé à une deuxième place qui semblait loin fin octobre. Dans le même week-end, Juvisy était défait à domicile par Soyaux et perdait le bénéfice de sa victoire à Saint-Étienne pour avoir oublié d’inscrire Camille Catala sur la feuille de match.

Gaëtane Thiney

Gaëtane Thiney (Juvisy)

Depuis, Juvisy est allé gagner à Montpellier et à Paris et son appel étant suspensif, a récupéré les points de la victoire à Saint-Étienne (la décision est actuellement en délibéré). La (semi-)professionnalisation du club semble porter ses fruits, le meilleur symbole étant le début de saison de Gaëtane Thiney, sans doute la joueuse du début de saison après deux années en demi-teinte. Le recrutement avait aussi permis de disposer d’un effectif élargi mais contre toute attente, c’est la seule joueuse qui n’est pas internationale qui s’est le plus illustrée2. Mais Inès Jaurena pourrait arriver très vite chez les Bleues.

La nouvelle organisation se traduit aussi par l’installation du club au stade Robert-Bobin de Bondoufle, où il jouait déjà ses grands matchs.

L’après Delie

Montpellier a changé d’ère en laissant partir sa seule titulaires en équipe nationale Marie-Laure Delie et son entraîneur Sarah M’Barek. Le recrutement semblait ambitieux avec le retour d’Allemagne de Marina Makanza et l’arrivée de la Suédoise Josephine Öqvist sans compter celle de l’Écossaise d’Arsenal Jennifer Beattie. Les cartes ont été rebattues par le nouvel entraîneur Jean-Louis Saez qui a confié de nouvelles responsabilités à la Japonaise Rumi Utsugi au milieu de terrain et qui confie de plus en plus les clefs du jeu à la nouvelle Bleue Sandie Toletti. Mais cela ne suffit pas : plus qu’une équipe du quatuor de tête, Montpellier est en fait trop fort pour le reste du championnat mais pas assez pour le trio de tête. Son bilan l’exprime bien avec 8 victoires contre les uns et 3 défaites contre les autres, toutes à domicile.

Sarah M'Barek

Sarah M'Barek (Guingamp)

Une balle dans le pied

La marche entre la D1 et la D2 est très élevée, on le voit avec le nombre de promus qui ne parviennent pas à se maintenir (en général 2 sur 3). Il n’est donc pas nécessaire de se saborder pour être relégué. Le club de Muret qui n’avait pas autant survolé son groupe de D2 l’an dernier que ses compagnons de montée semblait promis à une saison difficile. Le calendrier assurait aussi de lancer la saison au mieux avec 4 déplacements pour commencer, les trois premiers contre Juvisy, Paris et Lyon3. Pour couronner le tout, des dissensions avec leur président Marco Cafiero ont poussé Manon Alard, Laura Asensio, Audrey Monicolle, Pauline Exposito et Solène Barbance à quitter le club après la 7e journée. Ainsi amputé de la moitié de son équipe type, l’ASM file droit en D2 avec 6 points de retard sur l’avant-dernier et 9 sur la zone de maintien. Pourtant, le club compte peut-être dans ses rangs la révélation de la saison avec la gardienne Camille Pecharman, 15 ans depuis le mois d’octobre. L’histoire retiendra que son premier match en D1 aura été la défaite 10-1 face à Lyon.

Yzeure dans la course

Yzeure s’est à peu près sabordé de la même façon. Mais il a eu la présence d’esprit de le faire avant le début de saison pour avoir un peu de temps de se refaire. Et il ne s’agissait pas d’un promu qui aurait à se hisser au niveau de la D1 mais du 5e du dernier exercice.

Cela explique sans doute que l’équipe auvergnate est encore dans la course au maintien, à trois points seulement d’Arras après des matchs en général cohérents. Toutefois, le maintien sera difficile à atteindre et si Yzeure n’est pas loin, c’est surtout parce que le championnat reste assez serré : il n’y a que quatre points entre le 7e Hénin-Beaumont et le 11e Saint-Étienne.

En particulier, Yzeure n’a pas encore réussi de performance contre un rival direct. Ses deux victoires n’ont été obtenues que contre Muret et une équipe de Saint-Étienne en perdition.

L’énigme stéphanoise

Car au rythme où vont les Vertes, elles ne sont pas des concurrentes pour le maintien mais elles filent directement en D2. Pourtant, elles avaient fini la saison précédente sur une très bonne dynamique après avoir atteint la finale de la Coupe de France en battant le PSG en demi-finale avec une équipe de jeunes joueuses prometteuses. L’ASSE avait également réalisé de jolis coups de recrutement en attirant Alexandra Atamaniuk, Nora Coton-Pélagie, Julie Morel et Laura Bouillot. Les difficultés liées à la qualification de cette dernière n’ont sans doute pas aidé mais la désagrégation des Vertes est assez incompréhensible. Dans ce contexte, le seul sourire est sans doute celui de la première sélection de Rose Lavaud, sans doute plus lié à ses performances de la saison dernière.

On n’enterrera bien sûr pas Saint-Étienne qui a un effectif suffisamment talentueux pour se mêler plutôt à la lutte pour la 5e place que pour la 9e.

Julie Morel

Julie Morel (Saint-Étienne)

Dans le ventre mou

Hénin-Beaumont, Rodez et Arras sont séparés d’un seul point et pour l’instant au-dessus de la zone rouge. Les trois semblent au dessus d’Yzeure et de Muret, et de Saint-Étienne si les Vertes restent à ce niveau. Comme prévu, elles vont se battre pour éviter une unique place de relégable.

Manon Guitard

Manon Guitard (Rodez)

Guingamp est 5e , sept points derrière Montpellier et six devant Hénin-Beaumont. Le nouveau club de Sarah M’Barek s’installe comme une puissance intermédiaire, à la fois incapable de se mêler à la lutte des favoris (quatre défaites en quatre matchs) mais pas concerné par la lutte pour le maintien (invaincu contre les autres équipes).

Griedge Mbock Bathy Nka

Griedge Mbock Bathy Nka (Guingamp)

Soyaux, la bonne surprise

Avec le même nombre de points, Soyaux est la bonne surprise de la saison, et sans doute l’équipe qui a réalisé le meilleur recrutement. Les arrivées de Viviane Boudaud de Vendenheim, d’Alice Benoit de La Roche-sur-Yon et de Laura Bourgouin du Mans ont permis aux coéquipières de Siga Tandia de franchir la marche de la D1 en tenant tête au PSG (vainqueur 3-2 mais longtemps tenu en échec) et en allant l’emporter à Juvisy.

Alice Benoit

Alice Benoit (Soyaux)

Bien sûr les matchs contre Montpellier (0-7) et Lyon (0-5) ont été moins flamboyants, mais les Charentaises ont aussi su prendre des points dans les autres matchs, ce qui est sans doute encore plus important que de résister aux équipes de tête. Et l’équipe semble progresser avec le temps comme l’indiquent les quatre derniers matchs : deux nettes victoires 4-1 et 5-0 contre Muret et Arras, la défaite contre Lyon et surtout une victoire contre Saint-Étienne, 2-1 alors que les Vertes menaient 1-0 au bout de deux minutes et jouaient à 11 contre 10 au bout de 5, suite à l’expulsion de Justine Deschamps. Les Bleues de Soyaux ne sont déjà plus très loin d’être mathématiquement sauvées et peuvent regarder le haut de classement et concurrencer Guingamp pour la 5e place.

Les indicateurs restent stables

Le championnat se professionnalise, non seulement dans le statut de certains clubs et certaines joueuses, mais dans l’approche des différents acteurs. Le nombre de matchs télévisés s’accroît. Pourtant les affluences sont stables voire en légère diminution à 550 spectateurs de moyenne contre 600 la saison dernière et 620 après la révolution qui avait suivi la victoire lyonnaise en Coupe d’Europe et la Coupe du monde en Allemagne.

Toutefois Lyon n’a joué que 2 matchs à Gerland (contre 7 sur l’ensemble de la saison dernière) et n’a pas encore reçu le PSG ni Montpellier. De même, Guingamp n’a pas encore reçu Lyon alors que cette affiche avait attiré 12 000 et 8 000 personnes les deux dernières saisons4.

Affluence moyenne en D1 depuis 10 ans
Saison Moyenne
2013-2014 552
2012-2013 596
2011-2012 622
2010-2011 201
2009-2010 245
2008-2009 175
2007-2008 148
2006-2007 168
2005-2006 141
2004-2005 175

La moyenne de but est en légère baisse par rapport à la saison dernière, ce qui est sans doute liée à la diminution du nombre de très grosses victoires de Lyon ou d’autres membres du quatuor de tête. Mais les évolutions sur 10 ans montrent qu’il serait imprudent d’en tirer une tendance de fond. La moyenne de cartons par match est-elle en augmentation depuis quelques années. L’augmentation est surtout nette pour les expulsions : on en compte cette saison une tous les 7 matchs, contre une tous les 9 matchs l’an dernier alors qu’on était aux alentours d’une tous les 20 matchs auparavant.

Moyennes de buts et de cartons en D1 depuis 10 ans
Saison Buts Cartons
2013-2014 3,65 1,77
2012-2013 4,02 1,64
2011-2012 4,12 1,61
2010-2011 3,20 1,31
2009-2010 3,46 1,14
2008-2009 4,04 1,35
2007-2008 3,39 1,26
2006-2007 3,86 1,52
2005-2006 3,25 1,40
2004-2005 3,54 1,41

Gaëtane Thiney en tête d’affiche

Le traditionnel challenge ni but ni soumis de la meilleure joueuse5 met cette année à l’honneur Gaëtane Thiney, fer de lance de l’attaque Juvisienne. Marie-Laure Delie, meilleure buteuse du championnat vient ensuite et Rumi Utsugi complète le podium. Étant donnée l’importance (sans doute excessive) donnée aux buts marqués et donc l’avantage aux attaquantes, la présence de la Japonaise de Montpellier est tout à fait significative.

Le classement du Challenge de la FFF (dit « de la meilleure borgne chez les aveugles ») le plus récent est celui calculé après la 8e journée. Gaëtane Thiney est également en tête avec 15 points (ce qui indique qu’elle a été la meilleure juvisienne 5 fois sur 8), devant Salma Amani, Marina Makanza, Rumi Utsugi et Laurie Cance.

Laurie Cance et Saki Kumagai

Laurie Cance (Rodez) et Saki Kumagai (Lyon)

Classement du challenge de la meilleure joueuse

  1. Gaëtane Thiney (Juvisy) : 76.5
  2. Marie-Laure Delie (PSG) : 67.61
  3. Rumi Utsugi (Montpellier) : 61.08
  4. Josefine Öqvist (Montpellier) : 55.14
  5. Lotta Schelin (Lyon) : 55.09
  6. Sarah Bouhaddi (Lyon) : 55
  7. Wendie Renard (Lyon) : 53
  8. Laetitia Tonazzi (Lyon) : 51.74
  9. Saki Kumagai (Lyon) : 50.5
  10. Camille Abily (Lyon) : 50.37
  11. Eugénie Le Sommer (Lyon) : 50.34
  12. Lara Dickenmann (Lyon) : 49.12
  13. Louisa Necib (Lyon) : 48.1
  14. Karima Benameur (PSG) : 47
  15. Annike Krahn (PSG) : 47
  16. Ludivine Diguelman (Montpellier) : 46.5
  17. Céline Deville (Juvisy) : 46
  18. Laura Georges (PSG) : 46
  19. Laurie Dacquigny (Arras) : 46
  20. Siga Tandia (Soyaux) : 46
Soyaux 2013-2014

Soyaux 2013-2014

Classement de la D1 2013-2014
Place Nom Pts J G N P Bp Bc Diff
1 Lyon 44 11 11 0 0 47 5 42
2 Juvisy 38 11 9 0 2 24 10 14
3 PSG 38 11 9 0 2 33 7 26
4 Montpellier 35 11 8 0 3 33 10 23
5 Guingamp 28 11 5 2 4 19 21 -2
6 Soyaux 28 11 5 2 4 21 24 -3
7 Hénin-Beaumont 22 11 3 2 6 14 22 -8
8 Rodez 22 11 3 2 6 11 22 -11
9 Arras 21 11 3 1 7 12 23 -11
10 Yzeure 18 11 2 1 8 8 24 -16
11 Saint-Etienne 18 11 2 1 8 12 23 -11
12 Muret 12 11 0 1 10 6 49 -43
Saki Kumagai et Salma Amani

Saki Kumagai (Lyon) et Salma Amani (Guingamp)



7 commentaires pour “La mi-saison en attendant la trêve”

  1. Wouaw, quel article !

  2. dans la partie « affluences » on peut ajouter le derby contre ASSE aux matchs à venir à gerland qui feront déplacer les foules.

    le fait de ne jouer que 5 matchs à gerland (à moins d’y recevoir yzeure ou henin-beaumont) tient des conflits de calendrier avec l’équipe masculin je pense; et meme si personnellement je prefere le terrain no. 10, il y a indicutablement un effet gerland sur les affluences: le match d’ouverture contre rodez l’année derniere a attiré 3000 spéctateurs, et EAG récemment pareil: affiches qui sur la plaine des jeux n’aurait fait que la moitié.

  3. Encore un très bon article et une analyse pertinente. Le calendrier en effet est beaucoup trop décousu en deuxième partie de saison avec un match ou deux par mois. Il est alors très compliqué de fidéliser des spectateurs quand il s’écoule parfois presque deux mois entre deux matchs à domicile. Il faudrait revoir dès la saison prochaine ce problème de calendrier et si nous allons vers plus de professionnalisme pourquoi ne pas s’inspirer du championnat des handballeuses avec un système de play in/play off.

  4. Et on espèrera, pour la seconde partie de saison, un réveil des Vertes…

  5. Pour répondre à Guignol, peut-être qu’il faudrait s’intéresser à l’écart-type pour les affluences. On pourrait alors peut-être un peu mieux faire parler les stats. D’une manière générale, l’exposition du foot féminin est en nette amélioration, et les filles ne le doivent qu’à elles-mêmes: les trophées et réussites des années précédentes, les progrès énormes de la qualité de leur jeu, leur mentalité de sportives (elles prennent un coup? elles se relèvent au lieu de gémir!)…
    Bisous les filles! Continuez de nous régaler!

  6. Bonsoir,

    du côté des vertes, le problème est que le groupe n’est pas vraiment concerné. Un certain nombre de filles retrouveront facilement un autre club en cas de relégation. Un père de joueuse m’a dit « elles s’en foutent ».

  7. Pour Gerland, un pack trois matchs est d’ores et déjà à disposition des supporters lyonnais pour les matchs contre Paris, Saint-Etienne et Montpellier.
    Offert aux abonnés de l’équipe masculine, 12€ pour un adulte, 9€ pour un enfant de moins de 16 ans, il y a fort à parier que l’affluence sera au rendez-vous, même si seule la tribune Jean-Jaurès est ouverte actuellement.

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