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Le PSG peut-il être champion ?

Il y a un mois, l’impression générale après l’élimination du PSG face à Tyresö et sa défaite face à Lyon était qu’il y a avait encore un gouffre entre une équipe en course pour les titres français et européen et son concurrent déclaré pas encore au niveau. Aujourd’hui, l’écart comptable n’est finalement que de trois points, les deux équipes sont éliminées de la Ligue des Championnes et le PSG a enfin mis en place un système de jeu cohérent. La saison est sans doute loin d’être finie.

Le 16 septembre dernier, le PSG sortait de la Ligue des Championnes dès le premier tour, peu après avoir été sèchement battu à domicile par Lyon. L’occasion pour ses contempteurs de brocarder les ambitions affichées dès le début de saison, celles de remporter un titre et de bien rivaliser avec les meilleures en France et en Europe.

Important des garçons l’éprouvé concept de « crise d’automne du PSG », la rumeur voulait que la saison parisienne soit déjà un échec. Pourtant, outre le fait qu’il restait plus de deux tiers du championnat à jouer, certains éléments permettaient déjà de nuancer le propos.

Un mauvais tirage

En premier lieu, la saison de Ligue des Championnes est un échec. C’est un fait, l’objectif du PSG était d’aller un peu plus loin que le premier tour. Mais on ne peut pas s’abstraire totalement du tirage au sort pour juger du parcours dans une compétition à élimination directe. Les Parisiennes peuvent en vouloir à leur compatriotes de Lyon et de Juvisy qui ont infligé 4 défaites l’an dernier à Malmö et à Göteborg. Avec une victoire supplémentaire d’un club suédois (ou deux nuls), Tyresö aurait été tête de série et le PSG aurait eu un tirage nettement plus simple.

Au lieu de quoi, le PSG a rencontré l’un des favoris de la compétition (avec Lyon et les clubs allemands). Lyon n’est allé qu’un tour plus loin avec un tirage au sort aussi défavorable1. Bien sûr les deux équipes auraient dû remporter ces confrontations pour confirmer leurs ambitions d’aller jusqu’au titre, mais il ne faudrait pas tirer de conclusions plus définitives sur ces éliminations dans les deux premiers tours que celles qui auraient été tirées si elles avaient eu lieu en demi-finales contre les mêmes adversaires.

Sabrina Delannoy, capitaine historique du PSG

Sabrina Delannoy, capitaine historique du PSG

Presque novice elle-aussi sur la scène européenne, l’équipe parisienne n’a pas démérité, dominant son adversaire dans le jeu mais cédant face à ses individualités.

Si le PSG avait été éliminé de cette manière par Tyresö2 en quart de finales après deux premiers tours faciles, la conclusion aurait été que le PSG était au niveau attendu. Le fait qu’il s’agisse d’un premier tour ne change rien, et de larges victoires contre Zürich ou Stabæk n’aurait pas apporté beaucoup plus à la gloire des coéquipières de Sabrina Delannoy.

Un jeu enfin en place

En championnat, si la défaite contre Lyon avait été précédée d’un match difficile à Soyaux, elle avait été suivie d’une victoire sur la pelouse des concurrentes montpelliéraines, et cela avant même le double confrontation européenne. Et depuis les joueuses parisiennes ont nettement dominé Guingamp et Saint-Étienne, deux candidats désignés à la cinquième place.

Il faut dire qu’entre temps, Farid Benstiti semble avoir trouvé son système. L’intersaison parisienne avait été moins animées qu’on pouvait s’y attendre : seules Laura Georges et Marie-Laure Delie étaient arrivées pour prétendre à une place de titulaire, Sara Gama et surtout Ghoutia Karchouni et Léa Declerq postulant seulement à figurer dans la rotation.

Mais si l’attaquante des Bleues s’insérait sans problème dans un secteur habitué à tourner et où sa principale concurrente Lindsey Horan a très moyennement convaincu l’an dernier, l’arrivée de Laura Georges a semblé poser un gros cas de conscience à Farid Benstiti. L’an dernier, la charnière était constituée d’Annike Krahn, patronne de la défense de l’équipe d’Allemagne championne d’Europe et de Sabrina Delannoy, capitaine historique du PSG. Pour ne pas avoir à choisir entre ses titulaires passées et sa nouvelle recrue, il a commencé la saison avec une défense à 5 qui ne résolvait que ce problème et en posait une quantité d’autres, notamment sur le plan de l’animation offensive.

Laura Georges, Karima Benameur et Annike Krahn, l'axe défensif du PSG

Laura Georges, Karima Benameur et Annike Krahn, l'axe défensif du PSG

Le bouillon pris en deuxième mi-temps par cette charnière à trois contre Lyon semble avoir scellé son sort. La solution choisie (qui n’est pas la meilleure pour l’équipe de France) a consisté à déplacer Sabrina Delannoy à droite et à avancer Jessica Houara. On peut être circonspect sur l’opportunité de ces déplacements qui reviennent encore à ne pas trancher, mais dans l’équilibre général de l’équipe cette organisation fait merveille. Appuyée sur le double pivot constitué de Shirley Cruz et d’Aurélie Kaci, elle permet d’occuper les ailes avec deux joueuses offensives et de garder une présence dans la surface avec deux joueuses axiales.

Une autre raison de ce regain de forme est le retour de blessure de Linda Bresonik qui occupe un poste de meneuse qui se transforme vite en deuxième attaquante. Elle n’a pas encore pu évoluer avec Tobin Heath, elle aussi blessée, mais le quatuor qu’elles formeront avec Marie-Laure Delie et Kosovare Asllani semble prometteur, mais pour l’aligner, Farid Benstiti devra de nouveau choisir, cette fois entre Sabrina Delannoy et Jessica Houara.

Une vraie rotation

Car c’est une vraie nouveauté de ce PSG : il a un effectif étoffé qui lui permet de pallier les absences. Seules Laura Georges et Annike Krahn ont joué l’intégralité des matchs. Seize joueuses ont joué au moins l’équivalent de deux matchs, soit autant que Lyon mais plus que Juvisy (14) et Montpellier (13)3. Et 20 joueuses ont été titularisées au moins une fois, deux de plus que Juvisy, trois de plus que Lyon et Montpellier.

La saison dernière, 18 joueuses du PSG seulement avaient été titularisées, soit le chiffre le plus faible derrière Rodez (16). Et bien sûr, les joueuses en question sont à peu près toutes internationales. Des 22 joueuses de l’effectif professionnel, seules Kenza Dali, Ghoutia Karchouni et Léa Declerq ne comptent aucune sélection A, ce qui n’est sans doute qu’une question de temps.

Ghoutia Karchouni

Ghoutia Karchouni

Sur la durée d’un championnat, c’est bien sûr un atout important. Bien que le niveau moyen de la D1 monte petit à petit, les matchs où les prétendantes au titre laissent des points à des adversaires du reste du plateau se comptent sur les doigts d’une main chaque saison. Autant dire que s’il est important de bien gérer les confrontations directes, une seule défaite comme celle de Juvisy contre Soyaux peut vite devenir rédhibitoire pour le gain du titre. Et pour cela, il est intéressant de pouvoir compter sur des doublures au niveau du quotidien de la D1.

Lyon reste dans le viseur

Le PSG semble donc capable de remporter tous ses matchs contre les sans grades et il est déjà allé gagner à Montpellier.

De son côté, Lyon a remporté ses 8 premiers matchs, dont ses confrontations directes contre le PSG et Juvisy. En début de saison, Patrice Lair avait annoncé que cette saison, la série de 22 victoires serait difficile. Et en effet, ses joueuses ne sont pas passé loin d’un résultat défavorable contre Arras et Yzeure. Plusieurs raisons peuvent expliquer ces difficultés, en particulier une préparation écourtée pour les nombreuses internationales de retour de l’Euro, qui a été assez lourde pour préparer les deux chocs du mois de septembre. Et si les Céline Deville, Laura Agard et Ami Otaki n’étaient pas titulaires, elles avaient du temps de jeu permettant d’alléger celui de leurs coéquipières.

L’hypothèse de voir Lyon perdre quelques points en route n’est donc pas vraiment farfelue, pas plus que celle de voir le PSG n’en perdre aucun. Dans cette hypothèse, il suffirait à Paris de l’emporter à Gerland pour reprendre la tête du championnat. Deux matchs nuls de l’OL (contre Juvisy et Montpellier par exemple) permettraient aussi au PSG de passer en tête, et il ne lui suffirait que d’un nul à Gerland pour rester devant. Tout cela ne sont pas les hypothèses les plus probables, mais elles ne sont pas du tout impossible, surtout avec plusieurs matchs qui auront lieu après le mercato d’hiver, qui pourrait être animé.

Le titre est donc encore loin d’être perdu pour le PSG, qui a toutes les cartes en main puisque même en cas de sans faute de l’OL, une victoire par plus de trois buts d’écarts suffirait. C’était assez inenvisageable après le match aller, mais d’ici au 19 janvier, il peut se passer beaucoup de choses.

Linda Bresonik, la joueuse qui donne le tempo du jeu offensif parisien

Linda Bresonik, la joueuse qui donne le tempo du jeu offensif parisien

Le précédent de 2007

Trois joueuses de l’OL peuvent particulièrement mettre en garde celles de leurs coéquipières qui penseraient le titre gagné. Lors de la saison 2006-2007, l’Olympique Lyonnais entamait sa troisième saison après la reprise du FC Lyon, sans avoir encore réussi à remporter de titre mais venait de recruter quatre joueuse de Montpellier (Camille Abily, Sonia Bompastor, Hoda Lattaf et Laure Lepailleur) dans le but annoncé de faire tomber le champion sortant.

Juvisy avait remporté le titre avec un effectif comprenant une dizaine d’internationales et en gagnant 21 de ses 22 matchs, la seule défaite ayant lieu contre son dauphin Montpellier4 à un moment où le championnat était déjà joué. L’attaque emmenée par Marinette Pichon avait marqué 86 buts et la défense de Sandrine Soubeyrand5 n’en avait encaissé que 15.

L’équipe essonnienne était donc largement favorite à sa propre succession, en ayant conservé tous ses atouts et en recrutant la gardienne de l’équipe de France, Sarah Bouhaddi.

Dès la deuxième journée, les coéquipières d’Élise Bussaglia, devenue capitaine, marquaient leur territoire en venant gagner à la Plaine des Jeux de Gerland, 1-0 contre Lyon sur un but de Laetitia Tonazzi. Il faut dire que dans l’équipe alignée, 7 joueuses sont régulièrement titulaires chez les Bleues6, deux autres sont régulièrement appelées7, seules Gwenaëlle Butel et Virginie Mendes n’étant pas internationales. En face, outre les quatre « Montpelliéraines », seule Sandrine Dusang est régulièrement convoquée8, d’autant plus que les Brésiliennes et Costaricienne Simone Gomes Jatoba, Dayane Da Rocha et Shirley Cruz ne sont pas encore sûres de revenir sur les bords du Rhône.

Malgré une lourde défaite à domicile contre le Montpellier de Patrice Lair, Louisa Necib et Élodie Thomis, qui est son vrai concurrent pour le titre, Juvisy passe la mi-saison en tête avec 10 victoires en 11 matchs, devant Lyon qui a concédé un nul contre Montpellier en plus de sa défaite contre le leader et Montpellier qui a oublié des points à Lyon donc mais aussi contre Toulouse (qui était nettement mieux que ce qu’il est devenu) et contre le PSG (qui n’était pas encore ce qu’il est devenu).

Mais lors de la première journée de la phase retour, Lyon se présente avec une équipe renforcée de Shirley Cruz et Simone Gomes Jatoba9. Cette dernière ouvre le score dès le début du match mais Marinette Pichon réplique rapidement. L’OL l’emporte finalement au stade Georges-Maquin grâce à un but de Sandrine Brétigny en fin de match.

Les Lyonnaises vont ensuite remporter tous leurs matchs de la phase retour, en particulier celui contre Montpellier. Juvisy perdra même d’autres points en routes, contre Montpellier, Soyaux et Toulouse pour finir seulement troisième derrière Lyon et Montpellier.

Sarah Bouhaddi, Élise Bussaglia et Laetitia Tonazzi se souviennent sans doute de ce titre qui leur semblait promis à la mi-saison et qui leur a échappé, tandis que Shirley Cruz et Aurélie Kaci savent qu’il est possible d’aller le chercher.

D’ailleurs, même si les défaites d’une part contre Juvisy et le PSG, d’autre part contre Lyon et Soyaux (sans compter l’éventuelle sur tapis vert contre Saint-Étienne) semblent écarter Montpellier et Juvisy de la course au titre, les deux équipes peuvent également se relancer à la faveur d’un résultat positif dans une confrontation directe.



Un commentaire pour “Le PSG peut-il être champion ?”

  1. Bonjour,
    C’est toujours avec beaucoup de plaisir que je lis tes articles qui sont bien écrits et qui fourmillent d’informations qu’on ne trouve que chez toi. Je pense qu’en effet le championnat n’est pas encore joué et que les Parisiennes même si elles n’ont pas toutes les cartes en mains peuvent encore aller chercher ce titre de championne de France. Linda elle ne doute pas que son équipe puisse aller chercher le championnat et son retour et son tempérament de gagnante font beaucoup de bien au PSG. On peut d’ailleurs regretter qu’elle n’ait pu jouer la ligue des champions. A côté de cela je pense que les Parisiennes ont fait un très mauvais match retour face à Tyresö, un match de ligue des champions ça se gagne avec les tripes et ce jour-là les filles de Benstiti n’ont pas été présentes, et je trouve que le coaching de Farid n’a pas été à la hauteur.
    Pour les Parisiennes, la convocation en équipe de France de Kenza et le retour de Bresonik en équipe nationale ne peuvent qu’aller dans le bon sens.
    Le match face à Juvisy puis celui contre Soyaux seront déterminants. Si les Parisiennes remportent leurs 4 confrontations du mois de décembre, elles pourront commencer l’année 2014 sereinement.
    Je tiens une page Facebook sur le PSG féminin et je vais partager ton lien sur cette page. Si tu y vois un quelconque inconvénient, fais le moi savoir et je le supprimerai. Au plaisir de te lire.
    Lou

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