Ni buts ni soumises » Championnes du monde !

« 

 »

Championnes du monde !

Lyon a remporté une officieuse Coupe du monde des clubs organisée par la fédération japonaise. Après une première mi-temps ratée contre l’INAC Leonessa de Kobé, les joueuses de Patrice Lair ont renversé le match et remporté la victoire dans la prolongation. Les Lyonnes ont battu les Lionnes de Kobé.

Évidemment, ce n’est pas la Coupe du monde, ce n’est même pas une Coupe du monde des club officielle. Mais c’est un peu plus qu’une compétition amicale qu’a remporté l’OL face à la meilleure équipe japonaise actuelle puisque les deux équipes l’ont abordée comme si elle était déjà organisée par la Fifa.

En particulier elle avait l’intérêt d’être une première confrontation de clubs entre les principaux continents (en l’absence des Nord-Américaines dont une troisième version du championnat va démarrer au printemps) qui permet d’étalonner les niveaux respectifs à un moment où la liste des 10 joueuses présélectionnées pour le titre de joueuse de l’année de la Fifa a déclenché une certaine polémique avec la présence d’une seule joueuse européenne, Camille Abily qui est également la seule à jouer en Europe avec Marta.

Ainsi, si les Jeux Olympiques occupent logiquement une place prédominante dans la saison, la Ligue des Championnes est à peu près totalement ignorée, sans quoi on peut imaginer que Saki Kumagai ou Yuki Nagasato-Ogimi, finalistes des Jeux mais aussi respectivement finalistes avec Francfort et demi-finalistes avec Potsdam de la compétition européenne auraient pu se faire une place dans la liste de la Fifa.

L’occasion était donc bonne de mesurer le niveau de l’équipe championne d’Europe face aux meilleures équipes japonaises, considérées comme étant aussi les meilleures du continent asiatique.

Lyon à la conquête du Japon

La compétition était organisée par la fédération japonaise avec comme objectif principal de faire venir les championnes d’Europe pour les confronter aux championnes du Japon, mais pour prétendre à un peu de crédibilité comme Coupe du monde des clubs, il fallait élargir le plateau. En l’absence d’équipes professionnelles en Amérique du nord, l’élargissement n’a pas apporté grand chose avec le vainqueur de la Coupe du Japon et le champion d’Australie.

Du côté lyonnais, malgré un calendrier chargé au mois de novembre et une disponibilité limitée pour les joueuses entre le match contre le PSG le 17 et le match de l’équipe de Bruno Bini contre l’Allemagne le 29 qui concernera une dizaine d’entre elles, la participation à cette compétition officieuse allait de soi. D’abord parce qu’elle semble partie pour se transformer rapidement en une Coupe du monde des club officielle et que dans ce cas, autant essayer d’être les premiers au palmarès. Ensuite parce que l’OL cherche à se faire connaître en Asie et que cette tournée peut rapporter gros en retombées marketing. Enfin parce que les internationales avaient un peu une revanche à prendre sur des Japonaises qui les avaient battues en demi-finales des Jeux.

En ouverture de la compétition, les équipes favorites devaient passer par une demi-finale. Le champion du Japon, INAC Leonessa de Kobé affrontait le champion d’Australie Canberra United et l’emportait largement 4-0.

Le temps de digérer le décalage horaire, Lyon jouait contre le NTV Beleza, vainqueur de la Coupe du Japon et dauphin de l’INAC en championnat. Dans l’optique de jouer une finale trois jours plus tard, Patrice Lair construisait une équipe légèrement remaniée où Camille Abily et Lotta Schelin prenaient par exemple place sur le banc. Devant la qualité de jeu court des équipes japonaises, il optait aussi pour une stratégie prudente basée sur la solidité défensive et des attaques rapides.

Au bout de 6 minutes, Lyon menait déjà 2-0 sur ses deux premières incursion dans une défense particulièrement légère. Le jeu de contre était alors tout à fait adapté et pendant que les Japonaises faisaient tourner le ballon, les Lyonnaises se contentaient de gérer de planter quelques banderilles, dont un but signé par Louisa Necib lobant une Miku Matsubayashi assez peu inspirée. En deuxième mi-temps, les joueuses de Tokyo finissaient par marquer en profitant d’un mauvais renvoi, ce qui réveillait leurs adversaires répondaient par deux buts dans les 5 minutes suivantes avant de reprendre leur tactique attentiste. Le deuxième but du NTV sur un erreur de relance de Laura Georges dont profitait Asano Nagasato (la sœur de l’autre) ne changeait pas grand chose à l’histoire.

Une vraie opposition de styles

Comme prévu, la finale opposait donc les championnes d’Europe aux championnes du Japon. Plus encore qu’en demi-finale, le type d’opposition proposé était inédit : jusque là, aussi bien en France qu’en Europe, les Lyonnaises ont affaire à des équipes qu’elles dominent techniquement. En général, elles sont aussi supérieures physiquement, mais dans les oppositions les plus sérieuses contre les équipes allemandes, le schéma normal est d’essayer de rivaliser sur le plan physique pour exprimer la supériorité technique.

Là, la situation était inverse face à des équipes japonaises très à l’aise techniquement. Le choix de Patrice Lair était en quelque sorte de s’avouer vaincu sur ce plan, de laisser le ballon à l’adversaire et de profiter de la vitesse de ses attaquantes pour tenter de marquer en contre. C’est pourquoi Corine Franco était remplacée à droite par Laura Georges pour bloquer le couloir avec assez peu de perspectives offensives. Devant, Élodie Thomis avait évidemment un rôle important dans ce projet.

Autant le dire clairement, cette stratégie a été un échec cuisant : les joueuses de l’OL ont passé la première mi-temps à courir après le ballon, se sont procuré quelques occasions sur des accélérations d’Élodie Thomis mais n’ont jamais semblé en mesure de peser vraiment sur le match et c’est fort logiquement que l’attaquante coréenne Ji So-Yun a ouvert le score d’une frappe à l’entrée de la surface juste avant la mi-temps.

Recadrage à la mi-temps

Partageant sans doute ce constant, l’entraîneur lyonnais a tout changé à la mi-temps. Pas tellement dans sa composition où le seul changement était l’entrée de Lara Dickenmann à la place d’Eugénie Le Sommer. Mais puisque défendre en comptant sur la qualité des attaquantes pour marquer était inopérant, l’OL allait attaquer en comptant sur le talents des défenseuses pour ne pas sombrer. Lyon a donc avancé de 20m et pris le contrôle du ballon. Les entrées de Corine Franco à la place de Laura Agard (Laura Georges quittant le côté droit pour l’axe) puis de Laetitia Tonazzi à celle d’Amandine Henry ont confirmé l’option, la première en apportant une option offensive côté droit et la seconde donnant un point de fixation pour permettre à l’équipe de remonter.

La possession de balle de la deuxième mi-temps a été nettement plus équilibrée et la domination plutôt lyonnaise même si les joueuses de Kobé ont bien sûr eu plus de facilité pour mettre en danger Sarah Bouhaddi.

Après un grand nombre d’occasions manquées, la solution est finalement venue de la défense : c’est sur une ouverture de 40m de Wendie Renard que Corine Franco a égalisé. Puis pendant la prolongation, c’est l’autre latérale, Sonia Bompastor qui a marqué le pénalty vainqueur, obtenu une nouvelle fois par Laetitia Tonazzi.

Lyon a donc renversé une situation bien mal embarquée à cause d’un choix tactique hasardeux contre un adversaire aussi fort mais a su changer ses batteries pour reprendre le contrôle d’un match qui lui échappait et aller chercher un quatrième titre cette année et un centième match sans défaite de suite. Évidemment, il est plus facile de réagir quand on peut faire entrer Lara Dickenmann, Corine Franco, Laetitia Tonazzi et Élise Bussaglia en cours de match.



4 commentaires pour “Championnes du monde !”

  1. Bonne analyse tactique de ce match, mais en tant qu’adorateur de beau jeu technique de balle genre Barça les Lyonnaises ne méritent pas ce titre.J’ai été + qu’imprésionné par la qualité du jeu et de la discipline de Kobé, et franchement y a du boulot si Lyon veut atteindre ce niveau footballistique.Un parrallèle tout simple: ce match m’a fait penser à une opposition de U19F nat (de haut de tableau )et de Dh ou le physique l’emporte à la fin.

  2. Je partage également l’analyse tactique. Cependant, si la supériorité technique de Kobé était indiscutable, ça n’enlève rien au mérite de Lair comme des joueuses de l’OL qui ont su faire un pressing de malade pour remettre le pied sur le ballon et tenter de développer un jeu direct… De mémoire, la dernière fois que j’ai vu ça, ça a dû être la finale perdue contre Potsdam où l’on a subi tout du long. Ca montre aussi à Lair qu’il y a toujours une marge de progression. N’empêche, la réaction de l’OL ne tient pas qu’à son banc. Et ça promet pour la suite de ce tournoi qui aura vraiment un intérêt de dingue quand la WLS et la gagnante de la Libertadores seront représentées. Plus de potentiel en tous cas que le tournoi masculin qui laisse augurer d’une domination européenne sans partage pour quelques années…

  3. Je suis un amoureux du foot féminin plus pour sa dimension technique que physique. Je critique souvent l’OL pour sa propension à vouloir aller trop vite devant en balançant de longs ballons. Certes ça paye parce qu’elles ont des fusées devant et qu’elles dominent physiquement mais face à une équipe qui leur oppose un jeu collectif plus léché et qui résiste physiquement elles sont à la peine et ne franchissement pas le cap.

    Pourtant elles sont dans leur équipe une Louisa Necib taillée pour les faire jouer comme on l’a vu en seconde mi-temps lorsque le jeu passait plus par elle. Elle a cette capacité à faire jouer l’équipe et en plus elle a nettement progressé dans l’implication physique de son équipe.
    C’est le même problème en équipe de France où dans les gros matchs les filles hésitent à passer par le milieu pour faire tourner la balle alors que leur salut est là! C’est la marche qui leur manque pour accéder au plus haut niveau. Ce serait dommage de la rater alors qu’elles ont une joueuse exceptionnelle en leur sein. A Louisa aussi de s’imposer en tant que leader ce qu’elle commence à faire petit à petit. Si Louisa parvient à éclore au plus haut niveau comme attendu depuis longtemps alors l’avenir du foot féminin français s’annonce radieux.

  4. ¡Descubra aquí todo el catálogo de productos de The North Face España y cómo comprar a buen precio!}

Répondre