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Välkommen till Sverige

Les Bleues ont tranquillement assuré leur qualification pour l’Euro 2013 en Suède dans un groupe il est vrai sans grande difficulté. La marge des Bleues sur des équipes comme l’Irlande est telle qu’on peut difficilement tirer de conclusion après ce genre de match. C’est peut-être là le problème.

L’Allemagne, l’Italie et bien sûr la Suède étaient déjà qualifiées, la France et la Finlande se sont ajoutées à la liste. Il reste sept places à prendre pour une dizaine d’équipes.

L’équipe de France restait sur une quatrième place aux Jeux Olympiques qui a été vécue comme un échec, en particulier avec la cruelle défaite contre le Canada au bout du temps additionnel de la petite finale qui a privé les Bleues du podium de Wembley. Il était donc tentant de voir ce match de qualification contre l’Irlande comme un test servant à mesurer la capacité des Bleues à rebondir et celle du sélectionneur à trouver les changements à apporter pour repartir. D’ailleurs tant les commentateurs du match à la télévision que ceux du web n’ont pas résisté à la tentation.

Pourtant l’on saura ici repousser le démon tentateur en se souvenant que la différence de niveau entre les deux équipes est tellement énorme que même au plus mal et même avec une équipe bancale, les Bleues gardent une marge suffisante pour l’emporter. L’extrapolation des résultats de ce type de match pour établir une prévision pour une compétition comme l’Euro est particulièrement risquée tant les oppositions sont différentes. On conservera donc une prudence de bon aloi à l’heure de détailler le match et ses implications.

Photo Sébastien Duret

Photo Sébastien Duret

Première constatation, la sélection n’a quasiment pas bougé depuis Londres. Tout comme il avait rappelé toutes ses mondialistes en état de marche pour le match de reprise contre la Pologne l’an dernier, Bruno Bini a fait confiance à ses Olympiques pour reprendre la saison. Il ne manquait que Sabrina Viguier et Sarah Bouhaddi finalement appelée après la blessure de Laetitia Philippe). Le groupe ne comptait initialement aucune nouvelle joueuse avant l’appel de Julie Morel pour palier la blessure d’Élise Bussaglia. Régionale de l’étape (le match se jouant à Guingamp) donc facile à mobiliser rapidement et buzz du moment après sont titre de « meilleure joueuse de D1 » et son but contre le PSG, l’avenir dira si sa sélection tardive était une question d’opportunité ou une vraie intégration chez les Bleues.

Quelques modifications au coup d’envoi

La composition de départ recelait par contre quelques changements majeurs. Là aussi on évitera d’en tirer des conclusions trop définitives qui seront remises en cause dès mercredi. Par exemple, Céline Deville était titulaire dans les buts. Ce qui peut signifier que Sarah Bouhaddi est réellement passée troisième dans la hiérarchie des gardiennes et que Bruno Bini croit vraiment que Céline Deville est meilleure. Mais cela peut aussi être simplement l’occasion de donner du temps de jeu à une gardienne qui risque de ne pas en avoir beaucoup cette saison dans un match facile (où elle n’a pas dû avoir l’occasion de toucher le ballon avec les mains). On se risquera à émettre l’hypothèse que le scénario envisagé était la titularisation de Laetitia Philippe que tout le monde annonce comme la future titulaire du poste si sa santé la laisse tranquille.

Les trois quarts de la défense étaient ceux des JO (Corine Franco, Wendie Renard et Laura Georges) mais le poste d’arrière gauche était occupé par Laure Boulleau plutôt que par Sonia Bompastor. Bien sûr on ne peut pas totalement écarter l’hypothèse que la Blésoise qui jouera peut-être en Suède sa dernière compétition internationale ait eu des mots avec son sélectionneur sur les orientations stratégiques souhaitables pour viser la victoire finale à l’Euro, mais il est plus probable qu’il s’agisse simplement d’une occasion de mettre au repos une joueuse parmi les plus utilisées à Lyon et chez les Bleues, et par la même occasion de donner un match entier de compétition officielle à Laure Boulleau (29 sélections depuis 2005, soit à peu autant que Sonia Bompastor depuis deux saisons, et seulement trois matchs complets, celui-ci étant le quatrième).

Le milieu était aussi tout à fait classique et sans aucun changement dans la mesure où Élise Bussaglia était absente : Camille Abily était à la récupération (où elle est « cent fois plus forte », faut-il le rappeler ?) aux côtés de l’éternelle Sandrine Soubeyrand derrière Louisa Necib. La capitaine des Bleues semble avoir eu des velléités d’arrêt mais avoir été convaincue par Bruno Bini de surseoir au moins de deux matchs.

Eugénie Le Sommer, encore décisive, photo Sébastien Duret

Eugénie Le Sommer, encore décisive, photo Sébastien Duret

Devant enfin, le seul changement par rapport à l’équipe type londonienne (et coventryenne) était l’entrée d’Eugénie Le Sommer à la place de Marie-Laure Delie, mais la surprise était plutôt que c’était Gaëtane Thiney qui était en pointe, la Bretonne occupant l’aile gauche, et Élodie Thomis la droite. On croyait pourtant en avoir fini avec les expatriées au poste d’avant-centre, mais là encore le match s’y prêtait sans doute avec une défense regroupée où les permutations, la capacité de la Juvisienne à descendre chercher les ballons et le soutien haut des milieux assuraient à la fois la déstabilisation de la défense et une présence constante dans la surface.

Dans la lignée des Jeux Olympiques

Bref, à la vue de la composition d’équipe, on pouvait penser que le changement n’est pas pour maintenant, parce qu’il serait légèrement inquiétant si la solution à tous les problèmes de l’équipe de France consistait à remplacer Sarah Bouhaddi par Céline Deville, Sonia Bompastor par Laure Boulleau, à mettre Gaëtane Thiney en pointe et à convaincre Sandrine Soubeyrand de rester. Comme on n’est pas inquiet, on restera sur l’idée que l’équipe alignée était celles des JO dans la configuration de gestion des temps de jeu et des états de forme propre à battre tranquillement une assez faible équipe d’Irlande.

Ce qu’on a vu sur le terrain a assez largement confirmé cette impression avec une équipe de France sereine qui a rapidement pris le large par une lob astucieux d’Élodie Thomis (qui a beaucoup progressé) sur une non moins astucieuse ouverture de Wendie Renard dès la 8e minute, puis sur un centre de Louisa Necib repris de la tête par Eugénie Le Sommer à la 12e. Les Bleues jouaient ensuite à leur main, gâchant quelques occasions mais alourdissant le score peu avant la mi-temps, toujours par Eugénie Le Sommer de la tête, servie cette fois par Laure Boulleau.

Julie Morel, buteuse à domicile, photo Sébastien Duret

Julie Morel, buteuse à domicile, photo Sébastien Duret

Afin d’avoir une belle histoire, Julie Morel entrait sous les acclamations de la foule pour sa première sélection et marquait d’un beau lob sur un ballon de son ancienne partenaire briochine Eugénie Le Sommer. Mais cela faisait déjà longtemps que la qualification était acquise.

L’opposition sera autrement plus relevée mercredi contre l’Écosse mais on ne jurerait pas pouvoir tirer beaucoup plus de conclusions avec une équipe déjà qualifiée. Ou alors au contraire, ce match sera le début de la préparation et les choix qui seront faits donneront une indication des orientations, et face à une équipe qui visera la qualification directe en cas de victoire, la partie ne sera pas facile.

Le point sur la qualification

À un match de la fin, trois groupes ne sont pas encore joués. On rappellera que la phase de qualification se compose de 7 groupes de cinq ou six équipes, dont les premiers sont directement qualifiés. Le meilleur deuxième (en ôtant le résultat contre le sixième pour les groupes de six) l’est également et les autres s’affrontent dans un barrage par aller et retour pour les trois dernières places disponibles à l’Euro dont le format à 12 sera peu ou prou le même que celui des Jeux Olympiques.

Groupe 1, carton plein pour l’Italie

L’Italie a choisi d’éviter les barrages qui lui avait mal réussi pour la Coupe du monde et a été la première équipe qualifiée dans un groupe relevé par la présence de la Russie. Neuf victoires en neuf matchs avant une probable dixième en Grèce, 35 buts marqués, aucun encaissés, l’équipe de Patrizia Panico ne sera pas en Suède pour faire de la figuration.

Ancienne équipe de Farid Benstiti, la Russie a remporté tous ses matchs sauf les deux contre l’Italie, et visera une victoire contre la Pologne qui pourrait lui offrir la qualification directe si des miracles se produisent dans les groupes de l’Angleterre et du Danemark. Elle jouera au moins les barrages.

Groupe 2, l’Allemagne bien sûr

L’Allemagne a été la deuxième équipe à se qualifier. Pourtant l’Espagne avait manifesté des envies de bousculer l’ordre établi en obtenant le nul contre l’Allemagne en novembre dernier (2-2 aprè-avoir été mené 2-0). Mais non seulement les Ibères n’ont pas pu résister au match retour (5-0 dont un quadruplé de Celia Okoyino da Mbabi), mais elles ont même gâché le point pris contre le leader du groupe qui leur donnait un avantage sur les autres seconds, en perdant 4-3 contre la Suisse, après avoir mené 3-2 jusqu’à dix minutes de la fin.

L’Allemagne n’a pas perdu d’autres points et sera en Suède, l’Espagne jouera les barrages pendant que la Suisse devrait réussir à rester devant la surprenante Roumanie pour une troisième place purement honorifique.

Groupe 3, une finale Norvège-Islande

Dans ce dernier groupe de 6, la qualification s’est jouée à trois entre la Norvège, l’Islande et la Belgique. Cette dernière pourra regretter d’être tombé dans un groupe aussi dense qui ne lui aura pas permis d’espérer arracher une deuxième place malgré de bons résultats contre l’Islande (0-0 à Reykjavik et victoire 1-0 à Dessel). Cela parce que ses matchs serrés contre la Norvège ne lui ont pas apporté de points (défaite 1-0 à domicile et 3-2 à l’extérieur), qu’elle a perdu bêtement deux points contre l’Irlande du nord à domicile, et surtout parce que sa victime islandaise a battu son bourreau norvégien en début de parcours.

L’Islande qui a donc tout remporté sauf contre la Belgique devance pour l’instant d’un point la Norvège qui a trouvé moyen de perdre contre l’Irlande du nord. Mais les deux équipes s’affrontent pour le dernier match. La Norvège a l’avantage des pronostics puisqu’elle a tout gagné à domicile.

L’équipe victorieuse, ou l’Islande en cas de nul, sera qualifiée directement. L’autre jouera les barrages.

Groupe 4, la France tranquillement

La France est donc qualifiée en ayant remporté tous ses matchs. L’Écosse est assurée de la deuxième place malgré un nul contre le Pays de Galles à l’aller et une victoire difficile samedi contre le même adversaire. Les Écossaises peuvent même rêver d’une qualification directe en battant la France, soit en cas de circonstances favorable dans les groupes des Pays-Bas et de l’Autriche (exactement la situation inverse de celle qui arrangerait la Russie), soit en cas de victoire par plus de quatre buts d’écart.

Groupe 5, la Finlande et le panier de crabes

La Finlande a assez largement survolé ce groupe qui était sans doute le plus faible, ne concédant qu’un nul en Biélorussie en début de parcours. Comme l’Estonie a subventionné tout le monde avec autant de défaite que de matchs, parcours terminé, la deuxième place s’est jouée entre l’Ukraine, la Slovaquie et la Biélorussie qui se sont réparti les points assez équitablement : la première devance les deux autres de trois points. Mais sans même avoir besoin d’aller chercher quelque chose en Finlande, l’Ukraine est déjà assurée de la seconde place puisque ni la Slovaquie, ni la Biélorussie ne peuvent la rattraper dans les confrontations directes. L’Ukraine sera donc barragiste.

Groupe 6, duel entre les Pays-Bas et l’Angleterre

Face à un trio venu de Yougoslavie et composé de la Serbie, de la Croatie et de la Slovénie, la qualification ne pouvait se jouer qu’entre les Pays-Bas et l’Angleterre, les deux pouvant même espérer se qualifier directement en même temps.

Le pronostic est en passe de s’avérer malgré le nul initial concédé par les Anglaises en Serbie, menant 2-0 au bout de vingt minutes et finalement rejointes au bout du temps additionnel.

L’Angleterre n’a ensuite concédé qu’un nul 0-0 au Pays-Bas, avant de remporter le retour grâce à Rachel Yankey. Ces points sont également les seuls laissés en route par les Néerlandaises qui sont donc en tête après avoir bouclé leur parcours sur une victoire 4-0 en Serbie. Elles devancent l’Angleterre de deux points, dont elles attendent un éventuel faux pas contre la Croatie. La position des Bataves reste assez confortable puisque même deuxième, elles semblent les mieux placées pour se qualifier directement, seule l’Écosse pouvant dans ce cas les dépasser en battant la France de plus de quatre buts.

L’Angleterre aura intérêt à battre la Croatie pour éviter de s’embarquer dans un barrage toujours aléatoire, la qualification directe en tant que meilleure deuxième étant impossible pour elle.

Groupe 7, la surprise autrichienne

Le groupe semblait largement promis au Danemark face à des seconds ou troisièmes couteaux habituels : Autriche, République tchèque, Portugal et Arménie.

Mais l’Autriche est venu changer la donne. D’abord en remportant tous ses matchs sauf l’aller au Danemark (défaite 3-0) et un nul contre la République tchèque. Ensuite en battant le Danemark 3-1 samedi pour son dernier match.

Le but marqué par Nadia Nadim alors que les Autrichiennes cherchaient le 4-0 donne un joker supplémentaire aux Danoises qui vont accueillir le Portugal avec un point à rattraper sur l’Autriche : grâce à ce but (et surtout au fait de ne pas avoir encaissé le quatrième), un nul suffit aux Danemark pour finir en tête.

L’Autriche est assurée de jouer au moins les barrages, et en cas de deuxième place, peut se qualifier directement si l’Écosse ne bat pas la France et que l’Angleterre ne bat pas la Croatie, ce qui reste donc assez peu probable.

En résumé

Pour l’heure, la Suède, l’Italie, l’Allemagne, la Finlande et la France sont qualifiées. La Norvège, l’Angleterre et le Danemark, ainsi que les Pays-Bas comme meilleur deuxième, devraient les rejoindre.

L’Espagne et l’Ukraine sont assurées de jouer les barrages, sans doute avec (ou plutôt contre) la Russie, l’Islande, l’Écosse et l’Autriche.



Un commentaire pour “Välkommen till Sverige”

  1. excellent comme d’hab. mais quelle deception de voir que je ne suis pas le seul d’avoir compris le comment et pourquoi du trio d’attaque mise en place par BB, que tout le monde prends pour une signe de folie.

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