Ni buts ni soumises » Demi-finales des JO de Londres 2012

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Demi-finales des JO de Londres 2012

Pas de finale pour l’équipe de France à l’issue d’un match qui s’est joué à quelques détails. Les Bleues peuvent avoir des regrets mais elles doivent se remobiliser pour tenter de revenir au moins avec une médaille. Elle joueront contre le Canada qui a poussé les États-Unis au bout des prolongations.

La finale olympique sera la revanche de la finale de la Coupe du monde entre le Japon et les États-Unis.

Japon-France 2-1

À quoi se joue une finale olympique ? à un pénalty quelques centimètres trop à droite, à une balle qui s’échappe des gants de la gardienne. Les Bleues qui avaient battu la Suède (et le Japon à Charléty) en étant très réalistes pour transformer leurs premières occasions en buts ont cette fois été vaincues de la même manière : le Japon a marqué sur deux coups francs relativement anodins qui étaient deux de ses trois premiers tirs. Mais une faute de main de Sarah Bouhaddi et une tête habile de Mizuho Sakaguchi lui ont donné une avance confortable.

Eric Baledent/Lemousticproduction

Photo : Eric Baledent/Lemousticproduction

Les Bleues ont poussé toute la dernière demi-heure, marqué par Eugénie Le Sommer sur l’une des rares actions d’Élodie Thomis conclue dans la surface, puis obtenu dans la foulée un pénalty toujours par l’attaquante bretonne. Mais Élise Bussaglia a placé la balle à quelques centimètres à l’extérieur du but.

Les Bleues ont tiré 26 fois contre 4 pour leurs adversaires mais cela n’a pas voulu sourire contrairement au match contre la Suède.

Toujours le même plan de jeu

Comme on ne change pas une équipe qui gagne, Bruno Bini avait reconduit à l’identique l’équipe titulaire contre la Suède malgré les difficultés à produire du jeu et malgré les incertitudes sur l’état de forme de Gaëtane Thiney, légèrement blessée lors du match précédent et ménagée à l’entraînement depuis.

L’équipe de France a joué pendant une heure sa partition habituelle lors de cette compétition basée sur un bloc solide et une bonne maîtrise du ballon. Contrairement à d’autres matchs, le réalisme n’a pas été de son côté et elle s’est retrouvée menée 2-0 juste après la mi-temps. C’est alors que le manque de créativité s’est fait sentir. Comme contre la Corée, l’entrée de Camille Abily à la place de Sandrine Soubeyrand a nettement amélioré la situation, lançant la bonne demi-heure française. Et comme contre la Suède, celle d’Eugénie Le Sommer, qui a remplacé une Gaëtane Thiney hors du coup, a donné beaucoup de punch à l’attaque. On peu juger comme Marinette Pichon, véritable porte parole du sélectionneur, que le coaching a failli faire la différence. On peut aussi penser que laisser ses deux meilleures joueuses offensives sur le banc offre effectivement des possibilités intéressantes pour les remplacements…

Eric Baledent/Lemousticproduction

Photo : Eric Baledent/Lemousticproduction

Outre la prestation de Gaëtane Thiney, pas entièrement remise sans doute, l’attaque française a été rendue inoffensive par la manière de défendre sur Élodie Thomis : les Japonaises n’ont jamais laissé d’espace dans leur dos où aurait pu s’engouffrer l’ailière française, qui s’est donc retrouvé obligée de repiquer régulièrement dans l’axe et de partir en dribble, ce qui n’est pas exactement la partition qu’elle maîtrise le mieux, même si elle eu l’occasion de faire quelques rushs dans la dernière demi-heure quand le jeu français a eu l’occasion de créer des décalages dans la défense.

Marie-Laure Delie est finalement la seule attaquante française à avoir tiré son épingle du jeu (en dehors d’Eugénie Le Sommer bien sûr), pesant de tout son poids sur la défense et se procurant plusieurs occasions.

Cependant, si les Bleues ont largement dominé au nombre de tirs, la plupart ont été déclenchés de l’extérieur de la surface et bien peu ont réellement inquiété Miho Fukumoto. Louisa Necib s’est souvent essayé à cet exercice qui symbolise assez bien son match : beaucoup de bonne volonté, en particulier dans l’engagement défensif, quelques gestes de classes mais finalement peu d’efficacité.

Derrière elle, la base défensive du milieu de terrain a bien fait son travail puisque les Japonaises ne se sont pas beaucoup approché de la surface française mais Sans parvenir à se projeter vers l’avant jusqu’à l’entrée de Camille Abily.

Eric Baledent/Lemousticproduction

Photo : Eric Baledent/Lemousticproduction

La ligne défensive a été sur la lancée de ses Jeux Olympiques, jouant sa puissance pour couper les velléités offensives adverses mais prise sur coups de pieds arrêtés. Corine Franco dont les performances ont été régulièrement discutées a fourni une prestation particulièrement solide, finissant même le match en position d’attaquante, tout comme Wendie Renard montée pour servir de pivot lors des dernières minutes. Avant cela, elle avait très bien rempli son rôle défensif, même si elle concède le coup franc qui amène le premier but.

Enfin, Sarah Bouhaddi devra être forte pour surmonter l’action du premier but. Elle ne pouvait pas grand chose sur le deuxième but et couvre plusieurs fois sa défense sur des contres japonais en fin de match, mais la nature du poste fait que l’on ne retiendra que son erreur. Le seul point positif est que cela réhabilite un peu Bérangère Sapowicz et surtout qu’on ne devrait plus entendre qu’avec une autre gardienne, les Bleues auraient certainement été championnes du monde l’an dernier.

États-Unis-Canada 4-3

On ne donnait pas cher des chances des Canadiennes face à leurs voisines du sud. D’ailleurs elles ont perdu cette demi-finale. Mais le scénario a déjoué tous les pronostics. Après une dizaine de minute difficile, les joueuses canadiennes ont résolument pris les choses en main, et ont mené au score par trois fois, grâce à Christine Sinclair. Mais les États-Unis sont revenues à chaque fois avant de s’imposer à la dernière seconde du temps additionnel de la prolongation.

Les Américaines rejoignent donc le Japon pour le remake de la finale de la Coupe du monde mais le Canada a prouvé que sa présence à ce stade de la compétition n’était pas usurpé et il jouera contre la France pour conquérir la médaille de bronze olympique.



10 commentaires pour “Demi-finales des JO de Londres 2012”

  1. Comme d’ habitude. Du gachis.
    Rien ne change dans le jeu demandé et effectué.
    On voit le même état d’ esprit que dans le foot masculin des années 70. Les joueuses, comme Bini, étaient spectateurs du match. Aucun marquage, aucune attaque de balle, une meneuse de jeu qui n’ effectue aucune action positive du match, ni en attaque ni en défense. Heureusement la paire Renard-Georges a montré à un milieu totalement défaillant ce qu’ était l’ engagement dans les matchs de haut niveau.
    La sortie de Thiney, l’ une des meilleures joueuses françaises est incompréhensible hors blessure.
    Bini est manifestement dépassé par le niveau. Il l’a d’ ailleurs avoué implicitement.
    Il faut plus d’ envie de gagner et pas de peur de perdre(voyez les canadiennes ou les américaines!).
    Espérons pour elles qu’ elles remportent le match pour la 3ème place pour ne pas trop gamberger dans le futur.
    En tous cas il faut que la FFF se remette en question. Ceux qui gagnent sont rarement les gentils.

  2. Le billet est plutôt gentil et je suis plutôt d’accord avec le commentaire de Patrique.
    Ce qu’il manque à cette équipe de France c’est un mental de championne. D’ailleurs on peut faire la même remarque pour l’OL féminin qui dans les grands matchs ne fait que défendre et ne s’en sort que par une efficacité incroyable. Ce qui peut suffire au niveau des clubs européens lorsqu’on a sous contrat l’équipe de France, ne passe pas au niveau mondial.

    C’est le cap qui leur manque pour prétendre à gagner des grandes compétitions. C’est un cap que devrait leur faire passer leur meneuse de jeu normalement. C’est le rôle dévolu à Louisa Necib dont je suis un fan. Mais je me dois de constater qu’elle n’a pas passé le cap encore…:
    http://forum.lephoceen.fr/entries/1644-Louisa-Necib-n-a-pas-%28encore%29-pass%C3%A9e-le-cap

  3. j’apprecie beaucoup le ton raisonnable et pensé de ce blog mais entre bien pensé et bien pensant la ligne est parfois mince. pointer du doigt sans accabler outre mesure bouhaddi ou bussaglia, j’applaudis. mais faire aucune remarque (sauf en très léger filigrane en mentionnant le mieux qu’a apporté abily) sur la prestation catastrophique (encore une!) de sandrine soubeyrand. en plus de sa culpabilité quasi-totale sur le deuxième but du japon elle a laissé bussaglia toute seule à régler l’entrejeu pendant une heure et a donné ni ballons ni percussion vers l’avant, pas plus que la moindre couverture à la defense. et pourtant, je mettrai une piece sur elle pour être titulaire contre le canada: encore une équipe qu’on a battu récemment sans appel sans elle, et contre qui on risque de perdre avec. merci pour le chocolat, mamie!

  4. Je suis plutôt d’accord avec l’article et trouve les commentaires de Patrique et du citoyen engagé très excessifs. Mais terriblement français, la descente en flamme de son équipe dès qu’elle ne gagne pas étant un sport national. Et puis on sent un peu le règlment de compte avec Bini (un peu pro-Lair peut-être ? ;o)
    Les Françaises ont piétiné en début de match, il y a eu des erreurs tactiques (Thiney dont je suis fan, aurait dû sortir avant, elle était complètement hors du coup, et Soubeyrand est effectivement très fautive sur le but de Sakasuki et n’a pas fait grand chose d’autre) mais ensuite elles ont vraiment fait le maximum de ce qui était possible. La dernière demi-heure était extraordinaire d’intensité et les Japonaises ont survécu grâce à cette incroyable solidarité et force mentale qui sont traditionnellement les leurs.
    Oui, Bouhaddi a fait une erreur fatale mais tout le reste elle a été impeccable. Franco a effectivement était à la hauteur, même si un peu maladroite. Delie a été énorme. Necib a débuté difficilement puis est montée en puissance et a fini très fort. Sans une super Fukumoto, elle aurait d’ailleurs marqué. Je suis très, très triste pour Buss qui est une joueuse exemplaire à tous points de vue. Que ce penalty raté tombe sur elle, elle ne le mérite vraiment pas. Je rêve de la voir marquer le but qui donnera le Bronze à la France.
    Quant à Canada-USA, le match a été extraordinaire mais les Canadiennes ont été carrément volées par un arbitrage scandaleux à la solde des USA. On a compris qui devait aller en finale et sans doute la gagner…
    Christine Sinclair (un modèle de fair-play), Tancredi et le coach ont dénoncé très, très violemment, le scandale. Et ils ont raison. J’espère que le Canada ne va pas laisser tomber l’affaire. Il en va de la crédibilité du foot féminin car il ne s’agit pas d’erreur d’arbitrage mais bien de pur favoritisme : coup-franc dans la surface injustifié suivi de pénalty scandaleux, carton rouge non donné à O’Hara (même pas de faute sifflée !), main de Rapinoe dans sa surface non sifflée, et 10 secondes de conservation de balle dans les mains par Hope Solo non sifflée alors que c’est justement pour ça que le coup franc dans la surface avait été sifflé pour les USA à la « demande » de Wambach. De quoi être écœuré. J’espère que les Nadeshiko vont humilier les Usa en finale. Et que Les Bleues n’auront pas de pitié pour les Canucks ;o)

  5. La cohésion du groupe tant vantée du système Bini n’aura été que mentale et pas dans le jeu:des individualités avec des réussites mitigées n’ayant pu imposer un jeu collectif, ou le physique est privilégié à la technique du ballon(tellement de passes et de controles ratés redonnant le ballon aux adversaires).Pour le bronze pas sur que cela suffise contre les Canadiennes et on aimerait voir un sursaut dans la manière pour nous prouver que le foot feminin est vraiment en progression en France et pas qu’en terme de nombre de licenciée.

  6. Loin d’être un grand connaisseur du foot féminin, j’ai surtout remarqué que, tactiquement, il reste à l’équipe de France pas mal de chemin à parcourir. Le jeu est plaisant, léché, technique, mais soit trop naïf (quand on mène 2-0 contre les USA, on doit baisser le rideau et attendre)soit parfaitement stéréotypé. Les Françaises, avec Soubeyrand et Bussaglia en tête, ont été incapables de s’adapter au style de jeu très particulier des Japonaises. Il fallait du rythme, de l’engagement, de l’impact physique. Autant d’éléments que Gaëtane Thiney et Louisa Necib étaient bien en peine de mettre en oeuvre, ce qui a d’autant plus sauté aux yeux quand Le Sommer et Abily sobnt entrées. C’est dommage de s’être arrêté là, mais il va falloir évoluer. En changeant de sélectionneur ? Possible et sans doute souhaitable. Souhaitons leur malgré tout de rentrer « bronzées » de Coventry.

  7. De toutes les façons, s’il faut changer de sélectionneur, ce n’est pas maintenant qu’il faut le faire mais après la phase finale de l’Euro de 2013, l’été prochain. Il restera alors deux ans pour préparer la Coupe du Monde au Canada sans compétition majeure intermédiaire, avec juste un « petit » tournoi de Chypre (à moins que la France soit à nouveau inviter à l’Algarve Cup, ce qui est plus que souhaitable).

  8. Cela fait un petit bout de temps qu’on entend des paroles elogieuse sur foot feminin, j ai donc decide de decouvrir cette partie de mon sport prefere a l occasion des jo.
    Je ne reviendrais pas sur la lenteur du jeu, leur desorganisation et la grande dificulte a faire de bon choix. Ni non plus sur un niveau technique qui frole parfois le ridicule et l’amateurisme masculin. En effet il s agit d un niveau moyens dans le foot feminin (de ce que j ai pu en voir), inutil donc de decendre ces filles sous pretexte qu’elle ne joue pas « au meme jeu » que les mecs.
    Mais meme sans en attendre autant, est il pensable qu’une goal relachant tout ses ballons, avec un sens du placement aléatoire et ne sachant pas plonger a plus d un metre, sois la meilleur de france ? Si c est bel et bien le cas il serait temps de se poser des questions sur leurs formation. Aujourd’hui un manequin d entrainement realiserai plus d arret !

  9. Gromit pas besoin d’etre pro Lair pour constater certaines incohérences , si Thiney était blessée ou hors forme pourquoi la titulariser , Soubeyrand c’est plus un choix affectif que sportif pour l’icone du foot feminin

  10. Merci pour cet intéressant billet. C’est grâce à des commentateurs de qualité que je commence à m’intéresser au foot féminin pour lequel il est important d’avoir oublié ses standards de foot masculin pour l’apprécier. On est sur du niveau CFA2, mais avec une dimension physique qui n’est pas la même évidemment.

    Cela dit, dans ce match, j’ai été frappé par l’approche des Japonaises qui jouaient dans un bloc très compact, avec des circulations de balle fluides et assez peu de percussion, plus une recherche de profondeur venant après quelques temps de jeu (sauf en fin de match où elles jouaient en contre évidemment). Leur positionnement et leur approche m’ont fait penser aux hommes, là où les Françaises jouaient de manière très brouillonne (du début à la fin)

    Je manque de références (c’est sans doute seulement le 3e match de foot féminin que je regarde en entier… et encore j’ai suivi seulement d’un oeil ce qui se passait après l’heure de jeu) mais pour ma part je situais là l’origine de la défaite française : dans la cohérence tactique de leur adversaire qui m’est apparue très nettement supérieure.

    Le reste, c’étaient des faits de jeu, finalement.

    Après, je vois que le sélectionneur est l’objet de beaucoup de critiques. Cependant, il me semble que c’est le premier a conduire l’équipe de France à ce niveau là en terme de résultats (en jouant visiblement beaucoup sur l’affectif et l’esprit du groupe). Est-il à la limite de sa compétence et faut-il un autre technicien pour poursuivre son travail avec ce vivier de joueuses prometteuses ? Peut-être, mais attention à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain…

    Sinon dernier point, peut-être évoqué de longue date, mais j’observe que souvent en sports collectifs, des hommes coachent les femmes (à quelques exceptions près, scandinaves ou anglo-saxonnes généralement) alors que l’inverse semble juste inenvisageable (vous imaginez Ribéry ou Menez coaché par une femme ? La phallocratie a de beaux jours devant elle)
    Ne devrait-on pas acter que les sélections féminines seront coachées par des femmes ?

    C’est certes réducteur et dans un monde idéal, femmes et hommes pourraient coacher hommes et femmes… mais en attendant, cet emplâtre me semblerait symboliquement salutaire, à la manière de la parité politique, même si cela conduirait peut-être à des dommages collatéraux.

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