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Tout est prêt, place aux Jeux

Les Bleues ont remporté leurs trois matchs de préparation aux JO. La victoire contre les Japonaises championnes du monde confirme que la France se place bien parmi les équipes prétendantes à la victoire.

Les victoires contre la Roumanie (6-0), la Russie (3-0) et le Japon (2-0) en préparation des Jeux Olympiques de Londres sont dans la droite ligne d’une saison époustouflante menée depuis la Coupe du monde : 17 matchs, 17 victoires, 64 buts marqués, 4 encaissés.

Une partie de cette série a été obtenue contre une adversité très faible, les matchs contre l’Uruguay (8-0), la Roumanie (6-0) ou Israël (5-0 deux fois) font figure d’aimables divertissements et ont largement alimenté les compteurs.

D’ailleurs, lors de la saison précédant la Coupe du monde allemande, les Bleues avaient infligé le même genre de raclées au même genre d’adversaires (7-0 contre la Serbie et la Belgique, 6-0 contre l’Estonie par exemple).

Les Bleues sortent du rang

La première indication qu’un cap a été franchi est la domination des Bleues sur des équipes comme l’Angleterre (3-0) ou le Canada (2-0 après le 4-0 de la Coupe du monde), soit des équipes capable de rivaliser physiquement et qui font partie des 10 meilleures mondiales. Sur ce plan, le bénéfice psychologique de la Coupe du monde est énorme, les joueuses françaises ne font désormais aucun complexe contre ces équipes.

Bruno Bini peut aborder sereinement les Jeux Olympiques.

Bruno Bini ne s’y trompe d’ailleurs pas, qui rappelle que le destin de cette équipe de France s’est joué sur un tir d’Élise Bussaglia à la 88e de France-Angleterre qui « a fait poteau rentrant comme [il] aurait pu faire poteau sortant ».

On peut aussi penser que la double victoire lyonnaise en Ligue des Championnes a également contribué à décomplexer les joueuses françaises.

Le plein de confiance contre les championnes du monde

Il restait cependant une incertitude sur le potentiel de cette équipe de France concernant sa capacité à battre les meilleures équipes mondiales, soit pour résumer celles qui la devancent au classement Fifa (États-Unis, Allemagne, Japon, Suède et Brésil). Comme le faisait remarquer Marie-Laure Delie avant le match contre le Japon, les Bleues avaient rencontré trois de ces équipes lors de la Coupe du monde et avaient concédé trois défaites. Et pour espérer une médaille à Londres, quel que soit son métal, il faudra en battre au moins une et sans doute plus.

Le match contre le Japon était donc un test important. Il s’agissait d’ailleurs du premier match amical contre une équipe de très haut niveau depuis l’Algarve Cup 2007 (ceux en phases finales ayant tous été perdus entre temps).

Charléty fête les Bleues

Certes les Bleues ont joué (et perdu 4-0) contre les Japonaises en août 2009 mais depuis trois ans le Japon a changé de statut, plus encore depuis son titre de championne du monde.

À l’époque il s’agissait d’un match entre outsiders et l’équipe de France débutait sa préparation à l’Euro finlandais avec une équipe A’1.

La victoire 2-0 contre le Japon est donc une indication que les Bleues sont maintenant prêtes à assumer un rôle de favorites dans une grand compétition. On ne tirera toutefois pas de conclusion hâtive en gardant en mémoire que la force mentale qui a permis à l’équipe japonaise de l’emporter l’an dernier contre les États-Unis s’accommode mieux d’une compétition officielle que d’un match amical et que cette équipe sera sans doute plus difficile à battre lors d’un éventuel quart de finale de Jeux Olympiques.

Quel rôle pour la capitaine ?

Bruno Bini a employé des équipes très proches lors des trois matchs de préparation, tant dans le système de jeu que dans la composition. Seuls trois postes sont peut-être encore en balance, en défense centrale entre Ophélie Meilleroux et Laura Georges, et devant où l’axe et l’aile droite sont partagés entre Marie-Laure Delie, Eugénie Le Sommer et Élodie Thomis.

L’équipe qui a joué ces trois matchs est également celle qui s’est brillamment imposée en mars au tournoi de Chypre, avec une rotation assez proche.

Sarah Bouhaddi - Sonia Bompastor, Ophélie Meilleroux (Laura Georges), Wendie Renard, Corine Franco - Élise Bussaglia, Camille Abily, Louisa Necib - Gaëtane Thiney, Marie-Laure Delie (Eugénie Le Sommer), Eugénie Le Sommer (Élodie Thomis).

L'équipe type lors de la préparation.

Dans les deux cas, le sélectionneur a mis en place une base de deux récupératrices, Camille Abily et Élise Bussaglia, derrière Louisa Necib en meneuse, Gaëtane Thiney étant excentrée sur l’aile gauche. Mais dans les deux cas, ce choix était en partie imposé par la blessure de la capitaine Sandrine Soubeyrand, qui (avec l’exil de Gaëtane Thiney) donnait à Bruno Bini une solution à son problème de riche : comment faire jouer ensemble tant de bonnes joueuses au milieu ? Il avait déjà fait une partie du chemin en plaçant Corine Franco arrière droite et en se privant d’Amandine Henry, mais il lui restait cinq joueuses pour trois places.

Camille Abily et Élise Bussaglia, la rampe de lancement.

La solution qui a fonctionné à Chypre et lors de la préparation pourrait être reconduite lors des Jeux Olympiques mais ce n’est pas tout à fait une certitude : Bruno Bini reste assez mystérieux sur le rôle qu’il veut faire jouer à sa capitaine, et lors des deux matchs de qualification pour l’Euro joués entre temps, elle avait commencé par entre à la mi-temps du match contre l’Écosse pour remettre de l’ordre dans un milieu chahuté avant de jouer tout le match contre le Pays de Galles, laissant Élise Bussaglia et Camille Abily se partager le reste du temps de jeu.

Une hiérarchie fluctuante en attaque

Seule Gaëtane Thiney semble vraiment assurée d’une place de titulaire en attaque. Eugénie Le Sommer semblait avoir conquis sa place en profitant d’une grande saison et d’une capacité à jouer aux deux postes restant, dans l’axe et à droite. Mais elle semble tirer un peu la langue après une année très longue où elle a été meilleure buteuse en D1 et en Coupe d’Europe.

À l’inverse, Marie-Laure Delie semblait en perte de vitesse mais son temps de jeu semble avoir été géré avec soin à Montpellier pour la voir arriver en pleine forme aux Jeux. Ses prestations contre la Russie et le Japon, assorties de trois buts, ont rappelé qu’elle était la buteuse qui avait longtemps manqué à l’équipe de France.

Et pour empêcher Bruno Bini de faire sereinement jouer les deux ensemble, Élodie Thomis finit la saison en boulet de canon et offre un profil tout à fait différent dans le couloir droit où sa vitesse est une arme presque absolue même si ses choix de jeu ne sont pas toujours justes.

Au final, quatre « titulaires » pour trois postes, ce n’est sans doute pas trop dans un secteur qui est en général amené à tourner au cours des matchs.

Une défense de fer

En défense, l’incertitude est moins grande : quatre postes sur cinq (en comptant la gardienne) sont attribués de façon ferme. Il s’agira sans doute du secteur qui aura le plus progressé depuis la Coupe du monde et il est sans doute maintenant un point fort de l’équipe, ce qui n’était pas vraiment le cas il y a un an.

Sarah Bouhaddi et Wendie Renard, les nouvelles taulières de la défense bleue.

Tout d’abord, le poste d’arrière droite devrait cette fois être occupé à temps plein par Corine Franco au lieu de multiplier les intérimaires, en général venues de l’axe. Ensuite trois joueuses peuvent prétendre faire parties des meilleures mondiales à leur poste : Sarah Bouhaddi qui a écœuré Yuki Nagasato à Charléty, Sonia Bompastor et surtout Wendie Renard dont on ne tardera pas à se rendre compte qu’elle est la meilleure joueuse française actuellement. Ce qui devrait stabiliser la défense puisqu’on n’aura plus à chercher à chaque match la paire d’axiales comme lors de la Coupe du monde, mais uniquement la partenaire de Wendie Renard. Ophélie Meilleroux part avec une certaine avance en tant que première vice-capitaine, mais Laura Georges a réalisé de bonnes prestations et offre un autre type de profil s’il y a besoin d’augmenter l’impact physique. Sans compter que Sabrina Viguier peut toujours dépanner même si elle ne semble pas dans le plan de départ du sélectionneur.

  1. Pour ce premier match de préparation à l’Euro, les Bleues étaient privées des deux « Américaines » Camille Abily et Sonia Bompastor en pleins play-offs de WPS et des joueuses de Montpellier qui jouaient en même temps le tour préliminaire de la Coupe d’Europe.


4 commentaires pour “Tout est prêt, place aux Jeux”

  1. Voila, CHR$ est de retour ! On s’inquiétait presque ;
    Merci pour cette analyse. Je vous avais devancé dans les commentaires de votre dernier post en date. Je me permets donc de rebasculer ici ce que je disais sur Les Bleues. Je vois d’ailleurs que nous allons dans le mêm sens :
    Les trois rencontres ont été très réussies. Trois victoires, 11 buts marqués et aucun concédé. Le vrai test était évidemment hier soir contre les Nadeshiko, ces championnes du monde japonaises qui nous avaient émerveillés l’an passé en Allemagne.
    Si les Japonaises ont été en dessous du niveau auquel on les attendait, la faute n’en revient pas seulement à leurs conditions de vol déplorables (elles ont dû se contenter de la classe éco tandis que l’équipe olympique des garçons qui ne représente pas grand chose se pavanait en classe “affaires”), mais surtout sans doute à l’excellente prestation de la France.
    Les Bleues étaient non seulement très motivées mais aussi hyper-bien organisées et solidaires sur le terrain. Enorme travail du milieu avec le triangle Abily-Bussaglia-Necib. Cette dernière a illuminé le match par son aisance technique et son élégance. Derrière, Renard a été immense (sans jeu de mots, vu son 1,87 m) et ses trois partenaires, Franco, Bompastor et Meilleroux excellentes. Je trouve que Meilleroux s’impose de plus en plus à son poste, par rapport à Laura Georges. Quant à Sarah Bouaddhi dans les buts, elle a fait quelques arrêtes de grande classe. Sa présence dans les buts est clairement un plus pour les JO par rapport à l’an dernier (CM) où elle n’était pas là.
    Devant, Delie continue à montrer sa forme. Elle pèse énormément sur la défense adverse, joue très intelligemment et sait marquer de beaux buts. Elodie “Speedy” Thomis est toujours aussi rapide mais aussi toujours aussi brouillon à la finition. Dommage.
    Le contenu du match est très prometteur. Même quand les Nadeshiko se sont montrées dangereuses (et elles ont vraiment su l’être par instant !), les Bleues n’ont jamais paniqué et s’en sont toujours bien sorties.
    Dans moins d’un semaine, les JO commencent et ce ne sera pas du gâteau avec les USA en hors d’oeuvre !

    Si l’anglais ne vous rebute pas, venez sur l’excellent site international (les membres sont de tous les pays) womenssoccerunited.com

  2. Je regrette que Bini n’ ait jamais essayé de jouer avec Thiney en 10, voire 9,5. Celle-ci gâche un peu son talent en restant excentrée alors qu’ elle a besoin d’ espace pour exprimer tout son talent. D’ autre part elle a un formidable tir de loin.
    Elle pourrait, par exemple, jouer derrière une attaque Delie (à gauche) Thomis (à droite) et Le Sommer (en pointe)

  3. Ben pas moi. Parce que jouer avec Gaëtane Thiney dans cette position, ça oblige à sacrifier Louisa Necib, voire Camille Abily en plus d’Amandine Henry, deux joueuses qui ont au moins autant un formidable tir de loin.
    Les trois ont leur meilleur poste en 10, mais c’est clairement Louisa Necib qui perd le plus en étant déplacée (et Dieu sait qu’elle a été essayée un peu partout, même en 6 par Patrice Lair).
    Et je maintiens que l’enjeu technique pour Bruno Bini consiste à employer au mieux son sureffectif au milieu et que la solution de placer Gaëtane Thiney devant est jusque là la meilleure manière de faire.

  4. Oui, je suis d’accord avec CHR$. Et Thiney peut repiquer dans l’axe pour tirer de toutes les façons, ce dont elle ne se prive pas. C’est vrai qu’elle a une superbe frappe (comme sa couverture de balle, d’ailleurs). A la CM on voyait beaucoup Necib sur l’aile gauche et c’était frustrant, elle est vraiment meilleur en 10 qui va où elle veut. Abily est beaucoup plus à la récup’ avec Les Bleues qu’avec Lyon où elle joue plus avancé. Même Bussaglia pourrait jouer plus haut, elle en a les capacités. Mais elle et Camille en récupératrices, c’est quand même sacrément efficaces ! Amandine Henry, son absence est bien sûr un regret tellement elle est talentueuse. Bon, d’un autre côté, on ferait sortir qui ? Déjà qu’à mon avis Sandrine Soubeyrand n’a plus vraiment sa place comme titulaire (attention, je n’ai pas dit qu’elle était à jeter, loin de là !)… Devant, pour le côté droit, je trouve qu’aussi bien Thomis que Le Sommer sont un peu « gâcheuses » dans les gros matches comme dirait Guy Roux. C’est presque irritant pour Gomis, tellement sa vitesse peut déstabiliser les meilleures défenses. Le syndrome Govou ? 😉 Le Sommer semble posséder davantage de marge de progression (elle est plus jeune, donc c’est normal).

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