Ni buts ni soumises » Trois buts qui font un triplé

« 

 »

Trois buts qui font un triplé

Lyon bat Juvisy sur un score de 3-0 qui ne reflète pas vraiment l’acharnement des Essonniennes, et remporte le titre de Championne de France après la Coupe de France et la Coupe d’Europe.

Sandrine Mathivet l’avait annoncé, son objectif était de presser en permanence la porteuse du ballon pour l’empêcher de s’organiser. La stratégie était payante dès le début de match où les Lyonnaises peinaient à mettre leur jeu en place et où les récupération hautes des coéquipières de Sandrine Soubeyrand permettaient de se mettre en position, la capitaine de l’équipe de France trouvant même la barre transversale sur une frappe lobée des 20m.

Mais peu après le quart d’heure de jeu, Élodie Thomis perçait la défense, s’appuyait sur Lotta Schelin avant de tromper Audrey Malet. Ce qui changeait assez peu le scénario du match où Juvisy devait toujours attaquer.

Dans un rôle d’outsider face à l’ogre lyonnais, Juvisy se débrouillait plutôt bien, avec une nouvelle frappe sur la barre de Julie Machart. Mais dans son rôle d’équipe devant marquer deux buts, la tâche semblait difficile puisque les occasions venaient seulement de frappes lointaines et de longs ballons directement sur Laetitia Tonazzi qui parvenait à tirer deux fois au but, mais Sarah Bouhaddi veillait.

Le coaching de Patrice Lair

À la mi-temps, Patrice Lair remplaçait Sabrina Viguier par Laura Georges pour muscler la garde rapprochée de Laetitia Tonazzi, puis faisait entrer Louisa Necib et Eugénie Le Sommer. Dans cette deuxième période, Lyon contrôlait plus le jeu et Juvisy semblait impuissant à marquer.

En plus de permettre aux lyonnaises de sembler moins émoussées en fin match que leurs adversaire, le banc faisait la différence à un quart d’heure de la fin : Louisa Necib trouvait Eugénie Le Sommer dans la surface, qui faisait le tour d’Émilie Trimoreau avant de tromper Audrey Malet d’une frappe croisée.

Le titre était joué et Juvisy se ruait à l’attaque pour au moins sauver l’honneur. Ce qui permettait à Lyon de marquer en contre, Lotta Schelin et Élodie Thomis montrant qu’elles allaient plus vite de la ligne médiane à la ligne de buts que Sandrine Soubeyrand, Anaig Butel et Gwenaëlle Butel.

3-0, le score était sévère pour Juvisy mais symbolisait le triplé de l’OL cette saison.

Les équipes et les joueuses

Juvisy

À l’aller sous la pluie de Gerland, Juvisy avait joué pour ne pas perdre, et avait fêté le nul comme une victoire. La situation était ici différente : Juvisy devait l’emporter pour remporter le titre, et disposait de deux atouts supplémentaires : Julie Machart était blessée pendant une grande partie de la phase aller et l’internationale belge Janice Cayman est arrivée à la trêve.

Ce qui donnait un peu d’air à un effectif de Juvisy où 10 joueuses avaient pratiquement disputé tous les matchs.

La composition de Juvisy était donc tout à fait classique : devant Audrey Malet, auteuse d’un très bon match, la défense était organisée autour de Nelly Guilbert, un temps incertaine (et finalement sortie en fin de match). Avec Anaig Butel, elles avaient fort à faire contre Lotta Schelin, bien maîtrisée mais créditée de deux passes décisives. Émilie Trimoreau passait une soirée nettement plus tranquille à droite que Gwenaëlle Butel mais cela avait sans doute surtout à voir avec leurs adversaires respectives.

Au milieu, Sandrine Soubeyrand et Amélie Coquet empêchaient totalement le milieu lyonnais de jouer (ce qu’avaient été incapable de faire les joueuses de Potsdam et de Francfort au passage), bien aidées par le pressing des attaquantes.

Sur le plan offensif, le bilan était par contre contrasté : Janice Cayman n’est jamais sorti des griffes de Sonia Bompastor alors que Julie Machart a nettement pris le dessus sur Corine Franco. Gaëtane Thiney s’est baladé entre le milieu et l’attaque restant à l’affût d’une bonne position de frappe qui n’est jamais venue. Et Laetitia Tonazzi a comme d’habitude pesé sur la défense, récupérant tous les missiles envoyés de l’arrière, permettant à son équipe de remonter et se procurant même deux belles occasions dont un lob légèrement trop tendu pour tromper Sarah Bouhaddi. L’impact physique de Laura Georges entrée à la mi-temps semble l’avoir plus gêné, à moins que ça ne soit une baisse de régime due à la fatigue.

Lyon

Patrice Lair avait parié sur le fait que Juvisy devrait attaquer et laisserait des espaces. Il avait donc fait le choix de la vitesse avec ses deux ailières. Le choix a été payant puisque son équipe l’a emporté avec un doublé d’Élodie Thomis, mais les espaces ont finalement été peu nombreux sauf en fin de match quand tout était joué.

Sarah Bouhaddi a comme d’habitude fait son travail en soulageant sa défense sur les ballons aériens et en réalisant quelques arrêts sur des frappes de Laetitia Tonazzi et Julie Machart. Et comme presque à chaque fois, elle s’est permis une sortie loin de sa surface, à bon escient cette fois puisqu’elle a devancé Laetitia Tonazzi et dégagé en touche un ballon qui pouvait devenir chaud.

Désormais la patronne de la défense de l’OL (et de l’équipe de France) est Wendie Renard, toujours impassable, impériale dans les airs, qui anticipe les actions adverses et qui relance aussi bien court que long. Si ça se faisait pour une défenseuse, elle aurait pu postuler au titre de joueuse de la saison.

À ses côtés, Sabrina Viguier a semblé nettement plus gênées par Laetitia Tonazzi qu’elle l’avait été par Genoveva Añonma ou Sandra Smisek en Coupe d’Europe. C’est pourquoi Patrice Lair l’a remplacée par Laura Georges dont le profil était peut-être plus adapté et qui a aussi profité d’une deuxième mi-temps plus facile pour l’OL.

Si à gauche, Sonia Bompastor a géré en mettant Janice Cayman dans sa poche mais en ne montant quasiment pas, à droite Corine Franco a été perturbée par la vivacité de Julie Machart.

Le triangle du milieu qui avait pulvérisé Potsdam et dominé Francfort a été clairement à la peine contre Juvisy. Amandine Henry a été touchée dès le début et a semblé à la peine toute la suite du match, sans que l’on sache si c’était réellement lié puisque depuis ses blessures au genou elle boite toujours plus ou moins. Shirley Cruz a fait plus que sa part du travail à la récupération mais sans trouver vraiment l’ouverture devant. Camille Abily a été particulièrement discrète dans le jeu mais s’est retrouvée plusieurs fois en position de frapper, sans inquiéter vraiment Audrey Malet. Louisa Necib, entrée à l’heure de jeu à la place de Shirley Cruz, a permis de conserver le ballon et a délivrer la passe décisive sur le deuxième but qui a définitivement clos les débats.

L’attaquante du jour a été Élodie Thomis, qui a débloqué la situation. Comme d’habitude elle a pris de vitesse ses opposantes directes et elle a ajouté cette fois une efficacité qu’elle n’a pas toujours.

Lotta Schelin a pesé et couru mais n’a pas eu vraiment d’occasion de frappe. Elle s’est rattrapée par deux passes décisives. À droite, Lara Dickenmann n’a presque jamais pris le dessus sur Émilie Trimoreau et l’entrée d’Eugénie Le Sommer a fait beaucoup de bien à l’attaque lyonnaise, et pas seulement pour son 22e but qui en fait la meilleure buteuse de la saison.



3 commentaires pour “Trois buts qui font un triplé”

  1. Un tout petit Lyon hier soir. Mettons ça sur la fatigue.
    Juvisy n’a pas à rougir de sa saison. On vient bien la limite de l’effectif, où quand Lair peut se permettre de faire rentrer George,Necib et LeSommer , Mathivet n’avait que peu de cartouches derrière ses titulaires.

    Sinon, les rumeurs allaient bon train hier soir en vue de la saison prochaine à l’OL. Eurosport annoncait le départ de Rosana, quand Twitter annoncait le non-renouvellement de Bretigny et Dusang… Dans la foulée, FranceFootball annonce la visite médicale de Bussaglia à Lyon pour aujourd’hui dimanche,ce qui donnerait encore plus de grain à moudre au départ de Necib pour prendre sa place au PSG (« possible » dixit JMA)…
    C’est bien, ça prouve qu’on parle de plus en plus du foot féminin.
    Allez, places aux JO!

  2. Encore un gros match d’ Anaïg Butel qui possède la grande classe déjà vue en équipe de France cadette.
    Son petit gabarit devrait sans doute lui faire faire une carrière en 6 ou en latérale droit en EDF.

  3. Quelle plaisir de suivre cette équipe qui continuent leur épopée au sommet de l’Europe et du football Français…
    Leur résultat sont probant et risque l’année prochaine de reviser le triplé… ou au moins d’enchainer une troisième Ligue des Champions consécutive historique

Répondre