Ni buts ni soumises » Une pincée de Celtes

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Une pincée de Celtes

Victorieuses de l’Écosse et du Pays de Galles, les Bleues ont fait le nécessaire pour être (presque) qualifiées pour l’Euro 2013 et peuvent désormais se tourner vers les JO. La sélection comptera finalement 22 joueuses, soit 18 plus 4 susceptibles d’intégrer la liste en cas de blessure.

Bruno Bini a beaucoup insisté sur l’importance et la difficulté des matchs éliminatoires pour l’Euro suédois, et sur le fait qu’il ne fallait pas les oublier en ayant les yeux fixés sur Londres. Il a raison, il est dans son rôle. Cependant, la densité est nettement moins forte que chez les garçons et le risque de faire un faux pas est moins grand. Bref, si le sélectionneur arrive a faire intégrer à ses joueuses que ça ne va pas être facile, le suiveur peut paradoxalement en déduire que ça ne va pas être difficile.

Comme depuis le début des éliminatoires (et contrairement à Chypre), les Bleues ont semblé légèrement en dedans sans vraiment se mettre en danger. Côté pile, on peut penser que l’équipe ne parvient pas à exprimer son potentiel, côté face qu’il s’agit de gérer au mieux une saison longue où le principal est de se qualifier et d’être au point en juillet. La prestation chypriote permet de pencher pour la seconde option : dans un effectif à majorité lyonnaise qui n’a pratiquement pas arrêté depuis la saison dernière, enchaînant une finale de Coupe d’Europe, une Coupe du Monde et très vite la présente saison, la lassitude physique et mentale se fait sentir.

La victoire au métier

Au Havre, contre une équipe écossaise très accrocheuse, les Bleues ont eu besoin d’une heure pour trouver la faille, deux fois par le duo Wendie Renard-Gaëtane Thiney qui se sont partagé les rôles de passeuse et de buteuse (bien que le but de la seconde a finalement été accordé à Ifeoma Dieke contre son camp).

Le remplacement à la mi-temps d’Élise Bussaglia par Sandrine Soubeyrand a semblé remettre de l’ordre au milieu.

Le Moustic Production

Photo : Le Moustic Production

Quatre jours plus tard à Caen, la prestation a été plus poussive sauf pour Élodie Thomis qui a fêté sa première titularisation de l’année par un triplé, dont deux premiers buts de vraie avant-centre. Pour le reste, les absentes n’ont pas vraiment eu tort alors que Bruno Bini avait fait tourner son effectif en mettant au repos Sarah Bouhaddi, Eugénie Le Sommer, Ophélie Meilleroux et Camille Abily. Les deux dernières entrent dans des rotations à trois respectivement avec Wendie Renard et Laura Georges d’une part et avec Élise Bussaglia et Sandrine Soubeyrand d’autre part mais leur place semble plutôt avoir été confortée par ce match. En particulier, l’entrée de la milieu de terrain lyonnaise à la place d’Élise Bussaglia a relancé l’équipe de France. Contrairement à Chypre, c’est donc la Parisienne qui a semblé en retrait au milieu malgré ses deux titularisations.

Le plateau de l’Euro

Dans le même temps, l’Écosse a connu les plus grandes difficultés pour battre l’Irlande : après un but encaissé d’entrée et un pénalty manqué par Kim Little, les Écossaises ont dû attendre les 5 dernières minutes pour renverser le score par Rhonda Jones et Christie Murray, ce qui leur permet de reprendre la deuxième place à leurs adversaires du jour. Cela fait finalement les affaires de la France qui possède désormais 11 et 12 points d’avance sur des équipes d’Écosse et d’Irlande à qui il ne reste que 12 points à prendre (et une confrontation directe). Bref, la deuxième place qualificative pour les barrages est déjà acquise et il faudrait un sans faute de l’une ou l’autre des équipes associé à deux défaites françaises pour perdre la première place.

Italie et Danemark, le sans faute

Dans les autres groupes, la recomposition du paysage est en cours : l’Italie a battu la Russie de Farid Benstiti sur un doublé de l’éternelle Patrizia Panico et caracole en tête du groupe 1 avec 7 victoires en 7 matchs, 25 buts marqués et aucun encaissé. Le renouveau italien aperçu avant la Coupe du monde malgré l’élimination concédée en barrage contre la France et les États-Unis, se confirme.

Le Danemark complète le tableau des équipes qui ont remporté tous leurs matchs, mais la situation est légèrement moins décantée puisque les Danoises ont joué un match de moins que les Autrichiennes qui les suivent à deux points. La rencontre entre les deux équipes en septembre pourrait être décisive même le Danemark semble au dessus (et si la République Tchèque n’est pas complètement hors course).

Finlande et Espagne, les pays émergents

Dans le groupe le plus serré (d’aucuns diront le plus faible), la Finlande mène la danse mais suivie à trois points par la Slovaquie, la Biélorussie et l’Ukraine. Seule l’Estonie est hors course avec cinq défaites pour autant de matchs. Cependant, malgré un accroc contre la Biélorussie, la Finlande semble supérieure.

Le groupe 2 verra bien entendu la qualification de l’Allemagne, mais a été l’occasion d’un événement : après 12 ans de victoires dans tous leurs matchs éliminatoires (depuis un nul 4-4 contre l’Italie alors vice championne d’Europe, avec un triplé de Patrizia Panico, déjà), les Allemandes ont été tenues en échec 2-2 en Espagne dans un match où elles menaient pourtant 2-0 au bout d’une demi-heure.

Après leur échec lors de leur Coupe du monde doublé de l’élimination des JO, cela aurait pu être la marque du début d’un déclin allemand, mais les Allemandes ont remis les pendules à l’heure en remportant le match retour 5-0. Et finalement, ce résultat marquait sans doute plutôt l’éclosion de l’équipe d’Espagne qui a remporté tous ses autres matchs, dont des victoires 10-1 contre la Turquie et 13-0 contre le Kazakhstan et qui postule à la place de meilleure seconde qui permet d’éviter les barrages. Il faudra pour cela battre la Suisse et la Roumanie. On notera que l’Espagne est par ailleurs double tenante du titre de championne d’Europe M-17.

Angleterre et Norvège en difficulté

Pays-Bas-Angleterre était l’affiche d’une demi-finale du dernier Euro. Les deux équipes sont à la lutte dans le groupe 6. Les Néerlandaises ont l’avantage grâce au nul concédé par les Anglaises en Serbie en ouverture (avec une égalisation de Vesna Smiljković au bout des arrêts de jeu) mais elles comptent aussi un match de plus. Un nul en Angleterre en juin pourrait les envoyer en Suède mais il sera difficile à aller chercher.

C’est dans le groupe 3 que la modification des rapports de force se fait le plus sentir : la Belgique est en tête devant l’Islande et la Norvège, sans compter que l’Irlande du Nord compte un match en moins.

La Norvège est bien loin de l’équipe qui dominait le monde il y a dix ans. Seule équipe du quatuor à compter deux défaites (3-1 contre l’Islande et contre l’Irlande du Nord), elle est toujours favorite pour la qualification grâce à la victoire des Belges sur l’Islande cette semaine.

La liste pour les JO

La nouveauté à quatre mois des Jeux Olympiques, c’est que les sélections comporteront 4 joueuses en plus des 18 de la liste principales. Ces joueuses pourront remplacer à tout moment définitivement l’une des 18, en particulier pour pallier une éventuelle blessure.

Cela permettra en particulier de dissiper la crainte liée à la présence de deux gardiennes seulement.

Reste à trouver les joueuses en question, sachant qu’il n’y a eu que 21 joueuses cette année en sélection. Étant donnée la concurrence entre les milieux offensives et les attaquantes, une répartition entre milieux défensives d’un côté et milieux offensives et attaquante de l’autre côté semble plus pertinente, et encore en considérant que Camille Abily et Élise Bussaglia sont stabilisées comme milieu défensives.

On devrait alors avoir une répartition 2+7+3+6, avec un suppléante par ligne (au deux en attaque et pas au milieu).

On considérera qu’on ne devrait pas avoir de retour d’Amandine Henry, de Laetitia Tonazzi ou de Hoda Lattaf.

Le Moustic Production

Photo : Le Moustic Production

Gardiennes

Sarah Bouhaddi est revenue pour être titulaire, Céline Deville est sa remplaçante en sélection comme à l’OL et Laetitia Philippe sera dans la liste supplémentaire. La blessure puis l’arrêt de Bérangère Sapowicz ôtent tout suspens sur ce poste.

Défenseuses

Sonia Bompastor est indiscutable à gauche, Corine Franco l’est désormais à droite, et la charnière centrale devrait être composée de Wendie Renard et d’Ophélie Meilleroux ou de Laura Georges avec une légère avance pour la première.

Laure Boulleau devrait être la remplaçante attitrée à gauche. Il reste sans doute une place plus un strapontin, qui devraient se jouer entre Kelly Gadea, Laure Lepailleur et Sabrina Viguier. La Montpelliéraine semblait avoir une longueur d’avance mais elle n’a pas été convoquée pour les deux derniers matchs, même après la blessure de Laure Boulleau. À la place, c’est Sabrina Viguier qui a été appelée. La Lyonnaise a connu ses premières sélections sur le côté droit de la défense mais elle est maintenant tout à fait spécialisée dans l’axe. Finalement, c’est Laure Lepailleur qui reste la favorite pour son habitude du couloir droit en sélection.

Milieux défensives

La blessure de Sandrine Soubeyrand pour le tournoi de Chypre a montré tout l’intérêt d’une base défensive à deux joueuses. Mais les deux matchs éliminatoires joués depuis ont rappelé que la capitaine des Bleues pouvait être l’une des deux. Si elle avait par défaut perdu un peu de crédit à Chypre, c’est Élise Bussaglia qui a pâti des derniers matchs où sa sortie a coïncidé avec la reprise en main des Bleues au milieu.

Bref la vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain et on dira avec le sélectionneur qu’il y a trois joueuses pour deux postes et que c’est un vrai problème de riche. Il ne devrait pas y avoir de quatrième joueuse pour le poste dans la mesure où avec trois il y en a déjà une de trop étant donné leur statut et où Corine Franco peut également occuper le poste donc être une solution.

Attaquantes

Une meneuse, deux ailières et une avant-centre, il y aura sans doute quatre postes pour 7+2 joueuses.

La meneuse sera Louisa Necib, les ailières Gaëtane Thiney et Eugénie Le Sommer et l’avant-centre Marie-Laure Delie. Mais Gaëtane Thiney est aussi la suppléante du poste de meneuse et Eugénie Le Sommer celle d’avant-centre.

Élodie Thomis fera également partie de la rotation.

Le Moustic Production

Photo : Le Moustic Production

Reste donc 2 places à prendre, qui sont pour l’instant promises à Camille Catala et Marina Makanza, appelées systématiquement mais dont le temps de jeu reste très faible. Et il y aura sans doute deux place de suppléante pour des joueuses offensives mais il est difficile de savoir pour qui puisque aucune autre n’a été appelée cette année et qu’en remontant plus loin, on ne trouve que Léa Rubio qui ne devrait pas être remise, Caroline Pizzala disparue des listes voire en remontant à la Coupe du monde, Sandrine Brétigny qui joue surtout en DH avec Lyon. Bref il y a sans doute une ou deux places à prendre pour de nouvelles joueuses comme la parisienne Kenza Dali.

12 équipes pour 3 médailles

On connaît maintenant l’intégralité du plateau puisque la Nouvelle-Zélande a pris la dernière place, sans vraiment de surprise face à la Papouasie-Nouvelle-Guinée (8-0 et 7-0).

On retrouvera donc les quatre demi-finalistes de la Coupe du monde (Japon, États-Unis, Suède et France), la Grande-Bretagne, le Brésil, le Canada, la Corée du Nord, l’Afrique du Sud, le Cameroun et la Colombie.

Le tirage au sort aura lieu le 24 avril prochain et répartira les 12 équipes en 3 groupes de 4 avec des têtes de séries qui devraient être les États-Unis, le Japon et le Brésil suivant le classement Fifa. Sauf si la Grande-Bretagne est tête de série bien sûr.

Comme à l’Euro, les deux premières de chaque groupe et les deux meilleures troisièmes seront qualifiées pour les quarts de finales. Autant dire que la qualification pour les quarts est plus qu’envisageable. Après tout est possible, même si malgré l’atmosphère de confiance ambiante, il faudra sans doute battre des équipes d’un calibre supérieur au Canada ou à l’Angleterre pour décrocher une médaille.



3 commentaires pour “Une pincée de Celtes”

  1. Nouvel article extrêmement complet et précis, merci. J’ajoute en info que la Kirin Cup a été remportée par les Nadeshiko japonaises championnes du monde devant les Américaines (encore !), au nombre de buts inscris. Les deux équipes ont fait match nul pour commencer (1-1) puis chacune a battu nettement un Brésil sans Marta : 3-0 pour les Usa, 4-1 pour le Japon (avec encore des buts suite à de superbes combinaisons collectives). Je rêve d’une finale des JO France-Japon !

  2. Jusqu’ il y a peu je considérais Bussaglia comme une joueuse assez moyenne. Or j’ ai vu une Bussaglia survoler la 1ère mi-temps face au Pays de Galles tant en attaque qu’ en défense.
    Sa sortie à l’ heure de jeu correspond à la fois à une baisse de régime due à la fatigue pour elle mais aussi pour l’ équipe de Galles
    Je suis d’ accord avec vos 17 joueuses (et non 16). La 18ème devrait être choisie entre Catala, Makenza, Pizzala et Viguier. Voire Bretigny.
    Dommage pour l’ excellente Amandine Henry mise en quarantaine par (?)

  3. on veut du nu et des seins, et cette remarque n’a rien de sexiste, merci de prendre bonne note de cela.

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