Ni buts ni soumises » Le point sur les forces en présence

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Le point sur les forces en présence

Profitons de la neige qui a provoqué le report de l’ensemble des matchs de la 17e journée (et d’une bonne partie de ceux de la 16e) pour faire un point sur les effectifs après une demi-saison et un mercato hivernal particulièrement actif.

Pendant que Juvisy a laissé la tête à Lyon en concédant le nul à Montpellier, puis l’a reprise suite au report du match de l’OL à Muret, le premier mois de l’année a été marqué par la fin de la période de recrutement.

Le championnat féminin étant régi par les règlements de la FFF concernant le football amateur, il n’y a pas réellement de « mercato d’hiver » mais les transferts sont autorisés du 1er juin au 31 janvier et les clubs ont profité des enseignements de la première moitié de saison pour ajuster leurs effectifs en janvier.

Cette forte activité et le grand nombre de contrats fédéraux signés devrait d’ailleurs marquer la fin de ce règlement sur les transferts qui n’est pas conforme à celui de la Fifa concernant les championnats professionnels. Ce point avait déjà fait l’objet de divergence d’interprétation entre la commission de discipline de l’UEFA et sa commission d’appel au sujet du transfert de Christine Nielsen et Isabell Herlovsehn à l’OL en 2010. Finalement le TAS avait tranché en faveur de l’OL jugeant le championnat de France était bien un championnat amateur qui pouvait appliquer les règles Fifa sur les championnats amateurs. Maintenant que les contrats fédéraux se multiplient dans les autres clubs, cette qualification ne pourra sans doute pas durer.

La suspension du WPS pour la saison 2012 est intervenue trop tardivement pour permettre aux clubs français d’aller puiser dans le vivier américain (même s’il semble que c’est ce qui permettra au PSG de conserver Alexandra Long), mais Rodez a profité de la faillite de Santos pour recruter une joueuse brésilienne.

[en gras dans les équipes types, les joueuses titulaires lors des 12 premières journées.]

La profondeur de banc pourrait être décisive pour le titre

Juvisy

21 joueuses utilisées

Audrey MaletAnaig Butel, Gwenaëlle Butel, Nelly Guilbert, Émilie Trimoreau, – Sandrine Soubeyrand, Amélie Coquet, Inès Dhaou – Gaëtane Thiney, Laetitia Tonazzi, Julie Machart

Malgré les 21 joueuses utilisées, l’ossature est particulièrement stable avec 7 joueuses qui ont été titulaires à tous les matchs, Laetitia Tonazzi n’a manqué qu’un match et demi suite à son transfert manqué et la gardienne Audrey Malet a été systématiquement titulaire jusqu’à sa blessure au genou qui lui a fait manquer les trois dernières journées. Si l’on ajoute à la liste Inès Dhaou qui a participé à tous les matchs mais avec trois entrées en jeu, on a une équipe type de 10 joueuses indéboulonnables, qui permettent de penser que la bonne première partie de saison de Juvisy tient aussi au fait d’avoir pu échapper aux blessures. Encore que si la 11e joueuse de l’équipe type est si difficile à déterminer (aucune autre à plus de 6 titularisations), c’est peut-être aussi parce que Julie Machart s’est blessée en octobre et qu’elle commence seulement à revenir.

C’est sans doute pour compenser la relative étroitesse de l’effectif que Juvisy est allé chercher l’internationale belge Janice Cayman, vue lors des matchs amicaux du mois d’août et qui arrive du championnat universitaire américain. Avec le retour de Julie Machart, cette arrivée devrait donner un peu de variété à l’attaque juvisienne qui semble un peu en peine après un début de saison tonitruant.

Lyon

20 joueuses utilisées

Sarah Bouhaddi – Sonia Bompastor, Wendie Renard, Laura Georges (Sabrina Viguier), Corine Franco (Aurélie Kaci) – Amandine Henry (Rosana), Shirley Cruz (Louisa Necib), Camille Abily – Eugénie Le Sommer, Lotta Schelin, Lara Dickenmann (Élodie Thomis)

Dans un effectif bardé d’internationales, pas facile de dégager une équipe type. Toutefois, on peut dégager un axe Sarah Bouhaddi-Sonia Bompastor-Wendie Renard-Amandine Henry-Camille Abily-Lotta Schelin (un match manqué au maximum plus une seule entrée en cours de jeu), particulièrement compétitif. En ajoutant devant Louisa Necib, Eugénie Le Sommer et Élodie Thomis, présentes à tous les matchs ou presque et alternant titularisation et entrées en jeu, on le voit, l’OL est armé et son banc aussi.

Du coup l’arrivée de la japonaise Ami Otaki peut susciter les interrogations, surtout qu’elle a été annoncée dans la même interview où Jean-Michel Aulas évoque également le transfert du défenseur émirati Hamdan Al Kamali (qui n’avait pas vraiment convaincu le staff lyonnais et qui viendrait pour « finir sa formation à Lyon ») et précise qu’il s’agit « d’ouvrir la porte de l’Olympique Lyonnais au Japon et aux Émirats »1.

Nonobstant, Ami Otaki est retenue en stage avec l’équipe japonaise championne du monde, ce qui indique qu’elle n’est sans doute pas seulement un coup marketing. Elle pourrait pallier l’échec de la venue de Laetitia Tonazzi et le départ probable de Sandrine Brétigny en fin de saison.

Montpellier

26 joueuses utilisées

Laetitia Philippe – Marion Torrent, Kelly Gadea, Ophélie Meilleroux, Aya Sameshima – Rumi Utsugi, Charlotte Bilbault, Marine Pervier, Ludivine Diguelman – Hodda Lattaf, Marie-Laure Delie (Viviane Asseyi)

Les 26 joueuses montpelliéraines utilisées se répartissent de façon assez équitable entre les joueuses de l’équipe type et un banc très dispersé avec 11 joueuses à moins de 270 minutes (soit moins de 3 matchs).

En dehors de Marie-Laure Delie un peu ménagée, l’ossature d’internationales a été fidèle au poste, entre l’ancienne Hoda Lattaf et la nouvelle Kelly Gadéa, en passant par Ophélie Meilleroux, Laetitia Philippe et les championnes du monde japonaises Aya Sameshima et Rumi Utsugi.

On peut imaginer que les retours de Melissa Plaza et d’Élodie Ramos ainsi que l’éclosion de Claire Lavogez devraient permettre à l’entraîneur Sarah M’Barek d’avoir un banc plus proche de ses titulaires.

PSG

20 joueuses utilisées

Véronique Pons – Laure Boulleau, Laure Lepailleur (Delphine Blanc), Sabrina Delannoy, Julie Soyer (Nonna Debonne) – Élise Bussaglia, Caroline Pizzala, Jessica Houara, Kenza Dali (Nora Coton-Pélagie) – Alexandra Long, Ella Masar

Entre les blessures de longue durée (Bérangère Sapowicz, Léa Rubio, Laure Lepailleur voire Élise Bussaglia) et les arrivées en cours de saison de deux joueuses américaines (Ella Masar et Alexandra Long), le PSG a presque connu deux équipes type en une demi-saison.

Avec 16 joueuses (dont 12 internationales) ayant un temps de jeu conséquent (plus Bérangère Sapowicz de retour), le PSG sans doute l’équipe avec l’effectif le plus riche derrière Lyon. Il peut sans doute se mordre les doigts d’avoir laissé partir le duo Juvisy-Lyon qui sera difficile à rattraper.

Recruter pour préparer la saison prochaine

Saint-Étienne

18 joueuses utilisées

Méline Gérard – Charlotte Gauvin (Charlotte Lorgeré), Ophélie Brevet, Astrid Chazal, Amandine Soulard – Caroline La Villa (Amélie Barbetta), Aude Moreau, Kheira Hamraoui (Laury Jesus), Camille CatalaRose Lavaud, Sarah Palacin

Saint-Étienne a connu un mercato particulier puisqu’il n’a été marqué que par le départ surprise de Caroline La Villa pourtant arrivée en début de saison et grand espoir du club, pour Monteux en D2.

Cela n’est pas une bonne nouvelle pour un effectif très limité en nombre : derrière le onze type, si le départ de Caroline La Villa et la blessure de Charlotte Gauvin ont permis respectivement à Amélie Barbetta et Charlotte Lorgeré de se faire une place, les possibilités de rotation ont été peu nombreuses même si Morgane Courteille et Ludivine Coulomb ont profité de la nouvelle année pour se faire une place en défense. Mais comme il s’agissait des matchs contre Lyon et Juvisy, l’équipe a semblé avoir une vocation nettement plus défensive et ces entrées dans l’équipe type demandent donc confirmation dans des matchs contres des adversaires moins huppés.

Guingamp

20 joueuses utilisées

Emmeline Mainguy – Griedge Mbock Bathy Nka (Charline Lemaire), Marion Boishardy, Audrey Février, Floriane Hellio (Saïda Akherraze) – Sophie Rissoan, Salma Amani, Ellie Hamon – Alexandra Banner, Julie Morel , Michèle Ngono Mani

Guingamp n’a connu qu’un mercato d’ajustement (départ de la gardienne remplaçante Violaine Grave et arrivée de l’attaquante Amandine Audureau en provenance de Tours en DH). Mais il faut dire que les nouveaux riches guingampais avaient déjà profité à fond de leur nouvelle attractivité.

Outre Emmeline Mainguy arrivée en début de saison, Guingamp a recruté en cours de saison Saïda Akherraze (sans club après avoir été laissée libre par Lyon), Michèle Ngono Mani (en provenance de Monteux en D2, mais ancienne pensionnaire de D1 avec Saint-Étienne et Soyaux et internationale camerounaise), Leslie Sychareunh (de retour de Rennes) et Jessica Remmes (joueuse américaine passée par Montpellier sans jouer).

Les deux premières sont titulaires depuis leur arrivée, et les autres n’en sont pas loin, ce qui remodèle sérieusement équipe type déjà difficile à établir en raison des permutations entre les joueuses.

Guingamp qui compte également dans ses rangs la prometteuse Griedge Mbock Bathy (16 ans) et Julie Morel, leader du grotesque challenge de la FFF (mais elle-même pas grotesque du tout) semble non seulement armé pour abandonner la lutte pour le maintien au souvenir de l’époque briochine et pour disputer à Saint-Étienne la 5e place, mais aussi pour se mêler l’an prochain à la lutte avec les quatre premiers.

Yzeure

17 joueuses utilisées

Thais Da Silva –Faustine Roux, Alexia Trévisan, Stéphanie Maître (Candice Pognat), Charlène Gorce – Coralie Belin, Sarah Chalabi, Tatiana Solanet, Julie Berger (Caroline Dolo) – Cynthia Gueheo-Djetou (Anne Sirot), Anaïs Ribeyra

Yzeure tourne depuis le début de saison avec un effectif limité mais 16 joueuses ont été sur presque toutes les feuilles de matchs, ce qui est le signe d’une grande stabilité.

Pour élargir un peu le groupe, les Auvergnates pourront compter sur le retour du Brésil d’Émilie Gonssolin et la reprise d’Aurélie Maître. S’il n’y a pas trop de blessures, ça devrait suffire surtout qu’Yzeure a un calendrier relativement léger d’ici la fin de saison avec un seul match en retard, plus de Coupe de France et peu d’internationales.

Vendenheim

19 joueuses utilisées

Delphine Soret – Laure Anstett, Kadidia Diawara (Noémie Freckhaus), Jennifer Meyer, Noémie Sturm–Sabrina Klugherz, Cynthia Duteil, Leila Meflah (Jeanne Haag) – Leila Boumrar, Aurélie Mula, Johanna Schwartz

Avec 13 joueuses ayant un temps de jeu conséquent durant la première moitié de la saison, l’équipe alsacienne a vraiment tourné avec une équipe type réduite. La talentueuse attaquante internationale algérienne Naima Bouhani Benziane est arrivé au mercato pour compenser le départ de Laura Ey, et l’éclosion d’Alexandra Atamaniuk (16 ans) devrait compenser celui de Leila Meflah (pour Rueil-Malmaison en PH).

La gardienne Loanne Schneider est arrivée en provenance de Bischheim (D2) pour servir de doublure à Delphine Soret qui n’en avait pas jusque là. Habile inspiration des dirigeants de fédinois puisque la titulaire est blessée depuis le premier match de l’année contre Juvsiy (alors qu’elle avait déjà manqué le match aller, remplacée à ce moment là par l’habituelle latérale Noémie Sturm).

Rodez

17 joueuses utilisées

Karima Benameur (Amélie Fabries) – Laura Agard (Alexia Pascal), Séverine Cabec, Anne-Sophie Ginestet, Manon Guitard – Zohra Ayachi, Agathe Calvié, Audrey Cugat, Marine Chavaroche (Sabbah Meftah Saoues) – Sabine Stoller, Flavie Lemaître (Marine Augis)

Rodez est sans doute l’équipe (hormis Lyon) où le temps de jeu a été le mieux partagé. Cela concerne même la gardienne et seule internationale A du club Karima Benameur.

L’effectif est expérimenté avec des joueuses habituées à la D1 avec Toulouse et Montpellier. L’allemande Sabine Stoller est retournée à Hoffenheim (D2 allemande) après six mois convaincants mais elle est remplacée par la Brésilienne Nathalia Correira Ribeiro en provenance de Santos.

Le mercato de la dernière chance

Hénin-Beaumont

22 joueuses utilisées

Claire Jacob (Céline Musin) – Charlotte Blanchard, Rigoberte M’Bah (Charlotte Landrieux), Gwendoline Rossi, Gwenaëlle Devleesschauwer (Marine Dafeur) – Aurélie Desmaretz, Marie Schepers, Léa Declercq (PaulineMartin), Rachel Saïdi,– Estelle Ancemot, Pauline Cousin

Le mauvais départ (6 défaites de la 2e à la 7e journée, 0 but marqué, 38 encaissés) a eu raison de l’idée d’une équipe type à Hénin-Beaumont. Les velléités de départ de Claire Lavogez (partie à Montpellier fin octobre) et de Pauline Crammer (restée et de retour aux affaires en 2012) voire « l’affaire » Rigoberte M’Bah2 expliquent sans doute en partie le début de saison chaotique du club nordiste.

Les départs d’Hélène Delebarre pour Zulte-Waregem et de Tiffany Monsauret pour Templemars-Vendeville sont anecdotiques puisqu’il ne s’agissait pas de joueuses très utilisées.

Contrairement aux autres équipes de la zone rouge, le renouveau est recherché en interne, sans doute parce qu’au moment de la trêve, Hénin-Beaumont avait déjà redressé la barre, même si le maintien est encore loin.

La gardienne Claire Jacob et l’attaquante Pauline Cousin (voire Rigoberte M’Bah revenue une journée plus tôt) symbolisent ce renouveau puisque leur entrée dans l’équipe a coïncidé avec la première victoire contre Guingamp, et plus généralement avec le redressement de l’équipe. Toutefois, Céline Musin a repris sa place dans le but héninois au début de l’année.

Soyaux

21 joueuses utilisées

Marine Lafon – Justine Deschamps (Coralie Jeanneteau), Siga Tandia, Jennifer Maier, Marie Aurelle Awona – Marina Pascaud, Jennifer Marchadié, Anaïs Dumont, Anaïs Bounouar (Gladys Boilard) – Eva Sumo, Candie Herbert

Soyaux est l’équipe qui a été le plus active lors du mercato, recrutant trois internationales anglo-saxonnes, au risque de mettre en péril le club en cas d’échec de l’opération maintien (voir l’épisode précédent). Les trois défaites concédées depuis le début de l’année sont à ce titre très préoccupantes, surtout celles à domicile contre Hénin-Beaumont et Vendenheim, des adversaires directs.

Malgré les mauvais résultats, les compositions ont été d’une remarquable régularité, ce qui confirme le discours tenu au moment de l’arrivée des trois recrues : l’effectif manque de profondeur pour offrir à Corinne Diacre des possibilité de changements.

Muret

20 joueuses utilisées

Marine Fromantin – Julie Simon, Laura Asensio, Aïvi Mitchai, Pauline Exposito – Céline Escoubeyron, Sarah Hamraoui (Céline Faure), Audrey Monicolle, Julia Dany – Fanny Tenret, Anne Trévisan

Dans la même situation que l’autre promu Soyaux, Muret cherche également l’étincelle à l’extérieur de son effectif. Mais les voies choisies ne sont pas les mêmes : entre les championnats étrangers et les divisions inférieures (étant donné que le recrutement de joueuses ayant joué cette saison en D1 est impossible), le club haut-garonnais choisi la deuxième solution. Aurore Gastal est arrivée de Sainte-Christie (DH) et Nisrine Daoudi de Toulouse (D2), et il y a eu un grand chambardement des gardiennes : la titulaire Marine Fromantin est partie à Leguevin (PH), remplacée par Violaine Grave, qui ne vient pas tout à fait de division inférieure puisqu’elle était la doublure d’Emmeline Mainguy à Guingamp (et qu’elle était titulaire à Saint-Brieuc les saisons précédentes). Un peu plus tôt dans la saison, Muret avait également engagé la gardienne d’Arpajon (D2) Hassay Benezati comme doublure. Mais lors la suspension qui allait coûter sa place à Marine Fromantin, c’est plutôt une joueuse de champ, Chloé Ys, qui a occupé la place dans les buts muretains.

Ces ajustements ne semble pas devoir changer radicalement la situation puisqu’en dehors de Violaine Grave, les autres n’ont pas pris la place des titulaires.

L’effectif muretain reste donc très limité en nombre puisqu’en dehors des gardiennes, 14 joueuses seulement ont été titularisées lors de la première partie de saison (dont 11 seulement plus de deux fois).

La solution pourrait bien venir du trio d’attaque malgré le faible total de 11 buts marqués jusque là : Julia Dany a été internationale quand elle jouait à Toulouse puis à Juvisy, Anne Trévisan a été convoquée par Bruno Bini qui cherchait l’avant centre des Bleues en 2009 lors d’un rassemblement A et A’, alors qu’elle venait de monter en D2 avec Muret, et Fanny Tenret flambait à la même époque à Saint-Étienne puis Toulouse après sa formation à Montpellier.

  1. Jean-Michel Aulas évoque des orientations stratégiques sur olweb.fr
  2. La joueuse camerounaise est menacée d’expulsion pour absence de titre de séjour. En conflit avec l’ancienne direction du club qui n’avait pas cherché à régulariser sa situation en lui proposant un contrat fédéral, elle a obtenu ce contrat avec la nouvelle direction, ce qui ne semble pas suffire à la préfecture très à cheval sur la protection de la civilisation.


Un commentaire pour “Le point sur les forces en présence”

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