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Galles-France : une troisième levée tranquille

L’équipe de France poursuit sa campagne de qualification pour l’Euro 2013 et continue à gagner largement ses matchs en entretenant le doute sur la qualité de son jeu.

Pays de Galles-France 1-4

Il est toujours illusoire de tirer des conclusions définitives en football. Ça l’est d’autant plus dans un parcours comme celui des Bleues, jonché de larges victoires contre des adversaires de niveau très inférieur. Mais si l’on ne discutait plus à l’infini après chaque match, on n’aurait plus qu’à fermer les blogs de football, et celui là, on vient de l’ouvrir, merci.

Le match

Donc, ce samedi, l’équipe de France jouait son troisième match sur la route qui la mènera en Suède en 2013. Après des visites en Israël et en Irlande, le parcours les menait cette fois-ci au Pays de Galles, à Llanelli, fief de l’équipe de rugby des Scarlets. Mais contrairement à la demi-finale de Coupe du monde de la semaine dernière, le match ne s’annonçait pas vraiment disputé : les Galloises sont actuellement 47e au classement Fifa (27e en Europe) et même si l’arrivée de l’entraîneur finlandais Jarmo Matikainen s’est accompagnée d’un vrai projet de jeu, cette équipe n’a rien de plus que l’Irlande ou Israël.

Il s’agissait d’un rendez-vous périlleux puisque aucun autre résultat qu’une victoire n’était envisageable et que la manière allait bien sûr être observée de près. Et les Bleues ont particulièrement mal débuté en encaissant un but de Jayne Ludlow dès la 2e minute sur le premier corner. Sans jamais vraiment inquiéter ni s’inquiéter, elles ont ensuite livré une copie assez laborieuse avec une circulation de balle suspecte et pas mal de mauvais choix. Mais les Françaises disposaient de deux arguments que n’avaient pas les Galloises : une capacité à user l’équipe adverse en la faisant courir derrière le ballon, et du talent individuel. Le premier finira comme prévu par faire tomber des Galloises déjà touchées par le talent de Gaëtane Thiney.

Un bon bilan contre une opposition peu relevée

Troisième victoire en trois matches avec 12 buts marqués et 2 encaissés – aujourd’hui un poteau, une transversale, un penalty manqué plus quelques situations nettes –, le bilan indique que la France reste largement supérieure aux équipes qu’elle va rencontrer en éliminatoires, et qu’elle fait ce qu’il faut pour passer sans encombres. Elle ne devrait pas avoir plus de problèmes pour se qualifier, mais la qualité de son jeu est scrutée pour chercher des raisons d’espérer des résultats contre des oppositions plus relevées lors des JO puis de l’Euro.

L’exercice est difficile et un peu vain: ce n’est pas contre le Pays de Galles qu’il faut user des qualités nécessaires pour battre les Etats-Unis. Toutefois, on notera au rayon des satisfactions que les attaquantes Gaëtane Thiney et Marie-Laure Delie confirment alternativement qu’elles ont les qualités pour débloquer des situations difficiles. Et a contrario la fébrilité défensive vue lors de la Coupe du monde est toujours patente.

Les filles

Remplaçante de Sarah Bouhaddi à l’OL, intérimaire de Bérangère Sapowicz en bleu, Céline Deville vit une situation paradoxale puisqu’elle joue plus en sélection qu’en club. Cueillie à froid sur le but de Jayne Ludlow, elle n’a trouvé à s’employer que sur un coup franc d’Helen Bleazard (35e).

Laura Georges et Ophélie Meilleroux ont globalement bien contrôlé Helen Lander malgré quelques inattentions. À gauche, Sonia Bompastor a comme d’habitude tenu son poste double d’arrière-ailière avec comme d’habitude deux passes décisives, pour les deux buts de Gaëtane Thiney (certes la première sur une touche). Sa commère de droite Corine Franco a été au même niveau, en étant la première à sonner la charge sur deux frappes de loin et en donnant le ballon du deuxième but à Eugénie Le Sommer. En l’absence de vraie spécialiste du poste, elle reprend naturellement la place après sa grave blessure, même si son avenir est sans doute de succéder à Sandrine Soubeyrand au milieu, comme elle l’a fait pour le dernier quart d’heure. La capitaine a fait un match sans relief, contrôlant le milieu de terrain mais avec une influence amoindrie dans la relance par la présence à ses côtés de Camille Abily.

Gaëtane Thiney, une joueuse dans le match

Abondance de biens ne nuit pas, mais il faut arriver à gérer les stocks. Camille Abily est sans doute actuellement la meilleure joueuse française, et peut-être la plus décisive. Il serait donc logique de la mettre dans la position où elle pourra le mieux exprimer ses qualités. Mais voilà, à ce poste de numéro 10, il y a aussi Louisa Necib, difficile à placer ailleurs1. Sans compter que Gaëtane Thiney lui dispute les deux titres (meilleure joueuse et plus décisive) et lorgne aussi sur la place. Du coup, Bruno Bini a profité de l’absence d’Élise Bussaglia2 pour l’installer à la récupération où elle a assuré la première relance et proposé quelques surnombres en attaque.

C’est bien, mais elles serait sans doute plus influente placée plus haut, surtout avec une Louisa Necib visiblement pas encore complètement remise de sa blessure, ni d’un ballon sur le nez généreusement offert par Jayne Ludlow. Le remplacement de la meneuse par Elodie Thomis à la mi-temps a permis à Gaëtane Thiney de prendre la place dans l’axe, plus comme deuxième attaquante que comme meneuse, mais le jeu a tout de suite été plus fluide. L’attaquante de Juvisy avait déjà égalisé en première mi-temps d’une frappe excentrée improbable et elle a sans conteste été la joueuse du match.

Eugénie Le Sommer a beaucoup provoqué avec un peu de déchet mais surtout un but et une passe décisive. Elle est sans doute en train de s’imposer comme titulaire face à Élodie Thomis dont l’entrée à la mi-temps a surtout été décisive par la réorganisation qu’elle a provoqué. Enfin, Marie-Laure Delie n’a pas beaucoup pesé sur le jeu, mais ce n’est pas ce qu’on lui demande, et elle a marqué comme d’habitude, sur un ballon mal contrôlé par la gardienne. Elle s’est même permis de manquer un face à face, ce qui est assez rare chez elle.

Mercredi, on remet ça en prenant troyes points contre Israël à Trois (ou le contraire).

  1. Même si à l’OL, Patrice Lair a tenté l’inverse : Louisa Necib en 6, Camille Abily en 10 voire 9½. Sans grand succès à vrai dire.
  2. Qui joue peu ou prou aux mêmes postes que les autres…


9 commentaires pour “Galles-France : une troisième levée tranquille”

  1. Ah enfin un vrai blog d’eau fraîche en espérant qu’il ne connaisse pas un destin à la Pierre Minus.

  2. Bienvenue, et bravo pour ton acharnement passionné à nous faire aimer le foot féminin !
    Thiney et Le Sommer, c’est Djorkaeff et…Djorkaeff : facilité pour éliminer, sentir les coupr et pour être décisif à presque tout moment (passes ou buts). J’adore.
    Celle qui me laisse le plus circonspect, niveau offensif, c’est Thomis. Des qualités athlétiques hors norme, mais pour le reste… Bof… Doit progresser, on va dire.

  3. Un grand bravo pour ce blog et surtout un immense bravo pour le titre qui est juste parfait.
    Cette équipe de France féminine, même si elle ne développe pas toujours un jeu fantastique en fluidité, m’a redonné l’envie de regarder joueur l’équipe nationale, d’y prendre du plaisir et de l’encourager. Rien que pour cela (j’avais abdiqué en tant que supporter attentif des Bleus depuis 2008 … merci Raymond et Laurent !), MERCI à vous les filles !
    Allez les BLEUES !

  4. Bienvenue en effet! Enfin un carré spécial foot féminin ici. Je regrette juste, comme dit sous l’article des CdF que la juxtaposition de plusieurs affiches (Israël-France en pleine soirée Ligue des Champions, Galles-France lors d’une soirée de Ligue 1) m’empêche de suivre d’avantage les matchs de nos bleues. Espérons que lors des matchs à domicile, la programmation sera mieux choisie pour que les amateurs de tous les foots ne puissent avoir à faire de choix…

  5. Ca doit faire la 3e fois depuis la coupe du monde que j’oublie ou que je ne peux pas regarder le match des Bleues à la télé.

  6. Ouais !
    Très bonne nouvelle ce blog, ça va probablement plomber un peu le fil Marinette et ses copines, mais ça apporte une visibilité plus grande,
    merci pour elles !

  7. Quand je vois Abily désigné comme la meilleure joueuse française du moment , j’ai mal aux yeux !

    La meilleure est Bussaglia et on a senti son absence au milieu de terrain en tant que régulatrice technique de l’équipe .

    Sinon continue à t’intéresser au foot féminin qui le mérite tant …

  8. Y a huit levées dans ce tournoi des cinq nations ? On peut annoncer le capot tu crois ?

  9. Merci pour ce blog dans l’esprit CDF, j’allais écrire sur l’utilisationdu mot commère en pensant qu’ il s’agissait d’une faute de frappe pour compères mais j’ai rattraper de justesse mon inculture en vérifiant le sens premier du mot commère qui a souffert du sexisme qu’ a pu subir nombre de mots féminin. Mercidon pour cet article donc, ainsi que pour cette petite leçon de vocabulaire.