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Marseille vu du ciel » Boulgakov

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Avec ce premier bonus, en deux parties, je vous explique en quoi les succès de la saison 2009-2010 étaient prémédités : c’était écrit !

Comme vous le savez, le roman préféré de Margarita est Le Maître et Marguerite, de Boulgakov. Rien de plus normal : c’est l’histoire de l’OM.

Oui : le Maître, c’est moi.

(Tournez cette page si, par Ponce Pilate !, vous avez manqué la diabolique première partie.)

– Seconde partie –

Le Maître s’était trompé : Margarita ne l’avait pas oublié ! Elle s’était évidemment replongée dans le quotidien, mais jamais elle ne l’avait oublié.
Un soir, elle fit un rêve étrange : transportée dans une forêt inconnue, elle apercevait un tremble solitaire, et plus loin, entre les arbres, dans une sorte d’enclos, une petite construction en rondins. Il y avait dans tout cela quelque chose de mort, et de si désolant qu’on avait envie de se pendre à ce tremble. Pas un souffle de brise, pas un mouvement de vie dans les nuages, pas une âme. Contrée infernale pour un vivant ! S’ouvrit alors toute grande la porte de cette construction de bois, et le Maître apparut.
L’espoir de retrouver celui qu’elle aimait renaquit, et Margarita sortit de chez elle. Dans la rue, elle rencontra un certain Didier Deschamps, et sa surprise fut grande lorsque ce dernier se mit à lui parler de l’OM et de victoires. Elle lui demanda comme il pouvait envisager une telle histoire, ce à quoi il répondit qu’il savait qu’il s’agissait là du rêve d’un homme, et qu’il pouvait aider Margarita à le poursuivre.
Incrédule mais convaincue, elle accepta de suivre les consignes diaboliques dictées par Didier Deschamps : le soir même, il lui faudra s’oindre le corps tout entier d’un mélange spécialement préparé par Antonio Pintus, et dont elle se fit remettre une ampoule.

De retour chez elle, à l’heure dite, le cœur de Margarita battit à se rompre. Elle se dénuda face au miroir de sa console, et appliqua l’onguent sur tout son corps. Aussitôt, celui-ci devint rose et chaud. Sous la crème, ses rides s’effacèrent, ses lèvres se gonflèrent, ses pommettes se relevèrent, ses seins enflèrent, ses fesses s’affermirent et ses ongles s’allongèrent. Margarita sentit en elle une force et une jeunesse incroyables.
Alors que Vincent Labrune entrait dans la chambre, confus d’y trouver sa chère maîtresse dans le plus simple appareil, mais émerveillé par sa beauté resplendissante, Margarita prit tout juste le temps de le saluer, avant de se saisir d’un balai, de l’enfourcher, et de s’envoler par la fenêtre ouverte au mistral.

Suivant la consigne de Didier Deschamps, elle s’écria « Invisible ! » et constata, en effet, qu’elle n’était pas remarquée par les passants qu’elle survolait ou devant les fenêtres desquels elle passait. Elle profita de ce pouvoir pour rendre une visite à l’éditeur qui avait refusé de publier l’histoire du Maître. En l’absence de ce dernier, elle inonda sa maison par un sortilège diabolique.
Alors qu’elle repartait vers le lieu de rendez-vous, elle eut la surprise d’être rejointe par Vincent Labrune, transformé en pourceau volant. Ce dernier lui expliqua s’être à son tour enduit de la pommade, mais qu’il n’en restait guère assez que pour s’en recouvrir les cheveux : il en résulta cette mutation porcine, dont il assurait s’accommoder maintenant qu’il avait retrouvé sa maîtresse, qu’il peinait à regarder dans les yeux. C’est donc ensemble qu’ils volèrent vers Didier Deschamps.

Celui-ci la présenta à José Anigo, qui lui expliqua que chaque année, le Diable organise un grand bal. Célibataire, il lui manque toujours une maîtresse de maison, et la tradition veut qu’elle se nomme « Margarita ». Parmi les cent vingt-et-une Margarita vivant à Marseille, c’est elle qui fut choisie par le Diable.
José Anigo introduisit ensuite la belle auprès du Diable. Celui-ci jouait aux échecs avec Didier Deschamps : alors que le Diable jetait la tentation sur son adversaire avec une Immortelle polonaise, Didier Deschamps maintenait une ligne compacte et inamovible de quatre pions devant son roi. Tout cela sous le regard attentif de Jean-Claude Dassier, lequel portait pour l’occasion une cravate, ce qui était peu commun pour un chat : à quoi diable pouvait bien lui servir une cravate, lui qui n’avait pas de pantalon ?
José Anigo lui ayant promis que « la reine du bal en sera récompensée au centuple » si elle respectait les consignes, Margarita accepta d’accompagner le Diable pour cette soirée.

Margarita fut rapidement préparée : un liquide chaud et rouge, qu’elle comprit être du sang, fut versé sur elle, jusqu’à ce qu’elle en fut recouverte, et que le tout se transforma en une robe et des souliers faits de pétales de roses. Son rôle était simple : rencontrer tous les invités avec charme, et ne marquer de préférence ni de dédain pour aucun.
À minuit, Margarita poussa un léger cri, et ferma les yeux pendant quelques secondes. Le bal – lumières, bruits et parfums – était tombé sur elle d’un seul coup.
Les invités qui défilaient devant elle s’agenouillaient pour lui baiser le genou droit, et attendaient son sourire en retour. Alors que José Anigo et Jean-Claude Dassier faisaient la conversation à sa place, Margarita cessa rapidement de s’intéresser à ce défilé de rois, ducs, chevaliers, suicidés, empoisonneuses, pendus, entremetteuses, geôliers, tricheurs, bourreaux, délateurs, traitres, déments, mouchards, satyres. En effet, les pires souffrances lui venaient de son genou droit, qui était désormais gonflé et bleu.

Ce ne fut que très tard que le Diable sonna la fin du bal, en donnant à boire à sa maîtresse de maison une coupe de sang. Il était encore minuit. Seuls Vincent Labrune, José Anigo, Didier Deschamps et Jean-Claude Dassier restaient. Éreintée, Margarita but une coupe d’alcool pur tendue par le chat cravaté, et se sentit immédiatement revigorée, au point de se mettre à manger goulûment du caviar.
Pour la remercier de sa présence et de son office, le Diable proposa à son hôtesse d’un soir d’exaucer son vœu le plus cher. Il ne fallut pas bien longtemps à Margarita pour lui dire qu’elle ne désirait rien plus que de revoir le Maître.
Le Diable fit alors apparaître le Maître aux côtés de Margarita. Curieux, il demanda au nouvel invité pourquoi sa belle l’appelait ainsi. Le Maître lui répondit que Margarita avait une bien trop haute opinion du texte qu’il avait écrit en vue de compléter le Grand livre de l’Histoire de l’OM. De plus en plus intrigué, le Diable fit réapparaître le récit que les amants croyaient perdu en cendres, et le parcouru rapidement. Il dit au Maître : « votre œuvre vous apportera encore des surprises… ».
Puis le Diable tendit à Margarita une malle qu’il lui pria de prendre en souvenir de lui, avant de disparaître dans un grand feu de joie.

Magarita ouvrit alors la malle avec Vincent Labrune, José Anigo, Didier Deschamps et Jean-Claude Dassier : elle contenait une Coupe de la Ligue, un Hexagoal et un Trophée des Champions.


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Les passages en italique sont repris ou inspirés de la traduction de Claude Ligny, pour : Mikhaïl Boulgakov, Le Maître et Marguerite, Paris, Pocket n°4229, 2008, 581 pages.

CORRESPONDANCES :

Personnages :

Berlioz : Bernard Tapie

Biezdomny : Jean-Claude Gaudin

Le Diable : le Diable

Koroviev : José Anigo

Azazello : Didier Deschamps

Béhémoth : Jean-Claude Dassier

Le Maître : Bob-Loulou

Marguerite : Margarita

Natacha : Vincent Labrune

Lieux :

Moscou : Marseille

L’étang du Patriarche : le Vieux Port

La Moskova : le port de Marseille

Le siège du Massolit, à Griboïedov : la Commanderie

Le théâtre des Variétés : le stade Vélodrome

Autre :

Le roman de Ponce Pilate : le Grand livre de l’Histoire de l’OM.

Avec ce premier bonus, en deux parties, je vous explique en quoi les succès de la saison 2009-2010 étaient prémédités : c’était écrit !

Comme vous le savez, le roman préféré de Margarita est Le Maître et Marguerite, de Boulgakov. Rien de plus normal : c’est l’histoire de l’OM.

Oui : le Maître, c’est moi.

– Première partie –

C’était à Marseille au déclin d’une journée printanière particulièrement chaude. Deux citoyens firent leur apparition à une terrasse sur le Vieux Port. L’OM connaissait alors quelques difficultés, malgré un palmarès récemment enrichi.
Un inconnu se joignit à eux, et leur conta une histoire diabolique : celle de nouvelles victoires de l’OM, écrite par un nouvel actionnaire du club. Oui, le Grand livre de l’Histoire de l’OM, ouvert à une page blanche, et complété par un successeur à Bernard Tapie.
L’inconnu avait beau insister sur la véracité de ces faits, sur l’avènement prochain d’un successeur qui remporterait de nouveaux titres avec l’OM, Bernard Tapie et Jean-Claude Gaudin n’en voulaient rien croire. Ils en riaient presque, mais un rire anxieux. Car l’étranger les inquiétait, et ce d’autant plus lorsqu’il leur annonça, comme preuve de ses talents de visionnaire, que la tête de Bernard Tapie n’allait pas tarder à tomber, avec tous les détails de sa chute.
Énervé par l’inquiétude qui montait en lui, Bernard Tapie décida de s’en aller précipitamment. C’est alors qu’un peu plus loin, subitement, la Justice recouvrit Bernard Tapie et, sur les pavés qui montaient vers la grille du quai d’embarquement du Phocéa, fut projeté un objet rond et de couleur sombre. L’objet heurta la grille, sauta sur le pavé puis roula jusqu’au milieu du quai, où il s’arrêta. C’était la tête coupée de Bernard Tapie.

L’inconnu s’enfuit, et Jean-Claude Gaudin ne réussit pas à le suivre, malgré l’aide du syndicat des taxis. Après un bain dans l’eau glacée du port pour s’éclaircir les idées, il décida de se rendre à la Commanderie, où s’étaient déjà massés les employés de l’OM.
Malheureusement pour lui, pendant son bain, ses vêtements laissés sur une bitte d’amarrage lui avaient été dérobés. Néanmoins, l’urgence de la nouvelle était telle que Jean-Claude Gaudin prit le diabolique parti de traverser Marseille. À pied, du fait d’une grève à la RTM en raison des mauvais résultats de l’OM.
À la Commanderie, l’extraordinaire chute de Bernard Tapie était évidemment sur toutes les lèvres. Mais cette histoire fut bientôt étouffée par le brouhaha de la foule : le spectacle de Jean-Claude Gaudin en slip était un scandale affreux, malpropre, dégoûtant, révoltant. Il ne prit fin que lorsqu’une camionnette eut emporté loin des portes de la Commanderie, dans un hôpital psychiatrique, le pauvre Jean-Claude Gaudin.

Pendant ce temps, l’inconnu de la terrasse sur le Vieux Port persistait dans son imposture qui ne cessait de gagner en envergure : il organisa un grand spectacle dans l’enceinte du Stade Vélodrome. Alors que José Anigo, vêtu d’un costume à carreaux, d’une casquette de jockey et d’un pince-nez, était déjà dans l’arène, deux autres assistants de l’étranger demeuraient pour le moment encore dans les coulisses : Didier Deschamps, lequel portait un chapeau melon, et une canine saillait de sa bouche, rendant hideuse sa physionomie, par elle-même singulièrement abjecte ; et Jean-Claude Dassier, un immonde et gigantesque chat noir qui se tenait diaboliquement debout sur ses deux pattes arrières.
Alors que soixante mille personnes assistaient au spectacle, personne ne releva la supercherie, et tous furent abusés par les millions d’euros gambadant sur la pelouse. En sortant du stade, aucun ne remarqua qu’il n’avait pourtant pas vu de football, et que tous avaient été dépouillés par l’équipe de José Anigo.

Dans sa chambre d’hôpital, Jean-Claude Gaudin rencontra un autre patient. Celui-ci, qui se prétendait écrivain, lui rapporta une histoire invraisemblable, mais qui retint toute son attention : l’homme aurait déjà écrit certaines pages à venir du Grand livre de l’Histoire de l’OM. Saisi par la coïncidence, Jean-Claude Gaudin voulu en savoir plus.
L’écrivain lui raconta alors qu’il était interné pour avoir prétendu pouvoir faire gagner des titres à l’OM. Il lui fit par ailleurs deux révélations fracassantes.
La première eut stupéfait quiconque l’aurait entendue, Jean-Claude Gaudin en tête : l’étranger qu’il avait rencontré avec Bernard Tapie en terrasse sur le Vieux Port n’était autre ni moins que le Diable.

La seconde était plus nébuleuse : il lui conta l’histoire d’une femme, son amante, avec laquelle il avait longtemps vécu un amour passionné, à l’abri des regards. Impressionné par celle qu’il aime encore, l’écrivain avait toujours refusé de lui dire son nom. De fait, elle en avait été réduite à l’appeler « Maître », de son propre choix.
Il avoua une certaine jalousie à l’égard de celle-ci : il lui paraissait qu’elle était autant amoureuse de lui que du récit qu’il écrivait en vue de compléter les pages blanches du Grand livre de l’Histoire de l’OM. Si elle venait le voir chaque jour, elle ne manquait jamais de lire et de relire encore les lignes de cette fascinante épopée.
Un jour, il présenta son roman à une maison d’édition. Avec un rire diabolique, l’éditeur lui renvoya son manuscrit en pleine figure, prétendant n’avoir jamais rien lu d’aussi absurde : de nouveaux trophées remportés par l’OM ? La belle arnaque ! Quelle imposture ! Comment oser se moquer autant des lecteurs et des spectateurs ?
Ce refus atteignit profondément le Maître. Il sombra progressivement dans la déprime, avant de tomber terriblement malade. N’ayant rien d’autre pour se réchauffer que des tongs et du vin blanc, il décida un soir d’hallucination de brûler son manuscrit. Sa compagne arriva juste à temps pour en sauver quelques feuillets : avec un faible cri, elle arracha du poêle, de ses mains nues, le dernier paquet de feuilles que les flammes avaient commencé de ronger par en-dessous, et elle les jeta sur le plancher.
Honteux de son échec, et sali par la critique, le Maître légua toute sa fortune à celle qu’il aimera toujours, et lui dit de s’enfuir, avec l’espoir qu’elle l’avait oublié.

Dans les rues de Marseille, après la farce dont les supporteurs avaient été victimes au Stade Vélodrome, la grogne et le chaos se répandirent plus rapidement que les ordures.

(à suivre)

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Les passages en italique sont repris ou inspirés de la traduction de Claude Ligny, pour : Mikhaïl Boulgakov, Le Maître et Marguerite, Paris, Pocket n°4229, 2008, 581 pages.