L’autre jour, j’étais en train de relire le contrat de Marc-Vivien Foé quand Aragon, oui Aragon, frappa à ma porte :
– Salut Bob, dit-il en me tendant un papier. Tiens, c’est un truc que j’ai écrit en pensant à toi.
– À moi ?
– Oui, car tu ne le sais pas mais tu m’as toujours été très sympathique. Faut aussi dire que Margarita me rappelle Elsa… Russes toutes les deux et toujours à tout refaire… Certes, Elsa refaisait le monde et Margarita, c’est son corps qu’elle a refait… Mais, bon, la démarche est la même, c’est juste le contexte historique qui a changé.
– Ce n’est pas faux… D’ailleurs, je me rappelle qu’elle a un peu pris Les yeux d’Elsa au pied de la lettre quand elle a décidé d’aller chez le toubib.
– Ah bon… Pourtant, quand je disais vouloir construire un homme nouveau ou une femme nouvelle, ce n’est pas exactement à ça que je pensais… Mais, bon, il faut bien un début à tout… On en reparlera cependant plus tard car je dois te laisser maintenant : il y a Terek Grozny-Anzhi Makhachkala, le derby caucase, à la télé, et Joseph est chaud bouillant. Il parle même de déporter à nouveau ces enfoirés de Tchétchènes. Avec Maurice, il va encore falloir qu’on le calme. À bientôt, Bob.
Aragon reparti, je lus son papier dont, bon prince, je vous ai recopié le texte:
Rien n’est jamais acquis à l’OM Ni son Taiwo
Ni son Heinze ni son Lucho Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle de Drogba
Et quand il croit serrer son idole il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux mercato
Il n’y a pas de mercato heureux
Sa vie Elle ressemble à ces attaquants
Qu’on avait recrutés pour un autre destin
À quoi peut leur servir de s’entraîner matin
Eux qu’on retrouve au soir transférés certains
Dites ces mots Mes amis Et retenez vos chants
Il n’y a pas de mercato heureux
Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un Rodriguez blessé
Et celui-là sans savoir nous regarde passer
Répétant après moi les mots que j’ai tressés
Et qui pour toi, DD, tout aussitôt moururent
Il n’y a pas de mercato heureux
Le temps d’apprendre à gagner il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l’unisson
Ce qu’il faut de joueurs pour la moindre chanson
Ce qu’il faut d’avocats pour payer un frisson
Ce qu’il faut de cash pour une victoire
Il n’y a pas de mercato heureux
Il n’y a pas de mercato qui ne soit à douleur
Il n’y a pas de mercato dont on ne soit meurtri
Il n’y a pas de mercato dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l’amour du grisbi
Il n’y a pas de mercato qui ne vive de pleurs
Bob-Loulou.