Qualifiés au prochain tour de coupe d’Europe, victorieux en toute sérénité ce week-end, ils continuent leur très belle saison et ont même leur destin en main: s’ils gagnent tous leurs matches de Liga, ils seront champions. Eux, ce ne sont pas les Madrilènes ou Barcelonais, mais bien les Sévillans, quatrièmes du championnat avec un match en retard, et qui pourraient revenir à trois points du Real en cas de victoire. Bien entendu, on n’y est pas encore. Mais la première partie de saison des hommes d’Unai Emerey est déjà la plus belle de l’histoire du club en termes de points et tout est là pour que ça continue.

Avec ses trois victoires en C3 en huit ans – auxquelles on peut rajouter deux coupes nationales et des succès dans les deux Supercoupes –, le FC Séville s’est affirmé comme l’un des clubs majeurs de ce début de siècle. Malgré les difficultés à suivre les deux monstres en championnat, il est néanmoins régulier en second rideau, représentant émérite de ce haut de tableau espagnol qui allie jeu de qualité et résultats en coupe d’Europe. Cette saison n’apportera peut-être pas de nouveau trophée, mais la qualité a rarement été aussi présente.

Avec neuf victoires sur les dix dernières rencontres (la dixième est un malchanceux nul sans buts contre Eibar), Beto et ses potes sont à bloc. Hormis la défense, où Trémoulinas et Kolozdiejczak font le boulot quand il faut épauler les tauliers Pareja, Coke ou Carriço, tous les autres postes sont occupés par des vrais joueurs de foot, des garçons qui aiment avoir le ballon dans les pieds et faire des passes. Ce qui s’est encore vu cette semaine. Sans M’Bia, c’est Iborra qui formait le double pivot avec Krychowiak à la récupération, dimanche, face à Malaga. On notera au passage que le recrutement du Polonais était sans doute l’une des bonnes affaires les plus simples à repérer du mercato.

Un peu plus haut sur le terrain, le talent est partout. Chez Banega, ce génie beaucoup trop intermittent dont le placement au coeur du jeu est néanmoins essentiel. Chez Deulofeu évidemment, lui qui n’a pas encore convaincu Barcelone et se console en faisant des passes décisives avec des balles piquées de l’extérieur, mais aussi Reyes, pour qui les difficultés n’ont jamais été au niveau des pieds. Et bien sûr devant, où Bacca enchaîne les buts et fait les bons choix quand il s’agit de participer au jeu. Avec de tels joueurs, on n’est jamais vraiment seul en pointe.

Pour aller loin, il faut pouvoir faire face aux coups durs. Et Séville est justement très bien armé puisque son banc est parmi les plus homogènes: Vitolo, Gameiro, Aleix Vidal, Iago Aspas n’étaient pas alignés d’entrée dimanche, pas plus que Denis Suarez, l’un des nombreux « futur Xavi/Iniesta » d’Espagne, mais sans doute pas le moins crédible. Tant qu’il sera capable de faire des slaloms pour traverser tranquillement les défenses, tout devrait bien se passer. Et la Liga, qu’on peut trouver complètement déséquilibrée, continuera à fournir plein de candidats aussi sexy que crédibles à la victoire en Ligue Europa.

Publié dans le 45ème numéro des Cartons des Dé-Managers.

Christophe Kuchly

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