Entre novembre 2014 et janvier 2015, Antoine Griezmann n’a pas changé. Il y a deux mois, le Français était le même joueur. Mais l’Atlético Madrid ne s’en était pas forcément rendu compte. L’ancien de la Real Sociedad, confiné sur le banc, entrait en cours de match, brillait, puis retrouvait la position assise, assistant aux combats des Colchoneros sans y participer. Depuis le 21 décembre, deux ans pile après la supposée fin du monde, Griezmann a inscrit cinq buts et donné deux passes décisives en six rencontres.

En milieu de semaine, les Matelassiers se sont rendus à Bernabéu, pour se défaire une énième fois du Real Madrid de Carlo Ancelotti (4-2 sur les deux matchs de coupe du Roi). Si Fernando Torres a signé son retour d’un doublé chez l’ennemi, c’est surtout la prestation de Griezmann qui a marqué les esprits. Placé juste derrière l’ancien attaquant de Liverpool, le Français a tout fait. Du jeu dos au but, de l’orientation, de la création (deux offrandes pour Torres). De l’intelligence, en fait, dans tous les secteurs de jeu. Maître du déplacement, Griezmann exploite parfaitement les espaces. Jeudi soir, il est allé toucher les zones abandonnées par Gareth Bale, problème chronique chez les champions d’Europe.

Griezmann n’a pas changé, mais l’Atlético change avec lui. Avec Koke d’un côté et Arda Turan de l’autre, Diego Simeone manquait parfois d’un animateur dans l’axe. Pas grave avec Diego Costa, qui terrorisait les défenses adverses et mangeait les longs ballons. Sans lui, l’Atléti a besoin de plus de variété. Griezmann crée celle-ci. Quand il va sur l’aile gauche, Koke prend l’axe. Et quelle facilité technique, encore attestée par son centre pour Torres lors de l’ouverture du score chez les Merengues. Un ballon déposé dans le dos de Sergio Ramos, surpris et battu. Par sa compréhension aïgue du timing (lors de la Supercoupe d’Espagne, il avait déjà exhibé son art de la “pausa”), Griezmann bonifie les contres rouge et blanc, offre quelque chose de nouveau aux champions d’Espagne. Et profite d’un statut nouveau, celui de titulaire.

Publié dans le 45ème numéro des Cartons des Dé-Managers.

Raphaël Cosmidis

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