Le meilleur moyen de ne pas encaisser de buts reste de ne jamais ouvrir de fenêtre d’opportunité pour l’adversaire. En pratique donc, d’avoir la possession du ballon suffisamment loin de son but pour ne pas risquer de danger direct, même en cas de mauvais choix. C’est ce que l’Espagne championne du Monde en 2010 a illustré à la perfection : une fois l’avantage pris, il suffit, si l’on peut dire, de faire une passe à dix dans le camp adverse sans bouger le dispositif tactique pour être tranquille. Derrière ce cas particulier se trouve une nouvelle constante : la défense échappe de plus en plus aux défenseurs.

LA RIGUEUR, C’EST SE DÉPENSER SANS COMPTER

Bien évidemment, l’idée collective de l’effort n’est pas nouvelle. Cela fait bien longtemps que les équipes ont compris qu’elles ne pouvaient pas uniquement se reposer sur leur arrière-garde pour protéger la maison… et inversement. Il y a 45 ans, le football total et sa sublimation des postes ringardisait déjà l’énonciation des systèmes de jeu sous forme de chiffres. Malgré tout, le phénomène s’est accéléré, et l’évolution de certains postes — notamment celui de latéral, lequel a désormais une obligation de rendement offensif —, oblige à compenser par le collectif.

Par exemple, si le 4-3-3 avec ses trois milieux axiaux est en supériorité numérique dans l’entrejeu par rapport au 4-4-2 à plat, ce dernier permet à ses joueurs de couloir d’avoir de l’espace dans la zone entre les latéraux et les ailiers adverses. Ainsi, une équipe qui attaque à trois mais ne force pas ses ailiers à être les premiers défenseurs sera vulnérable. Et le raisonnement, exposé ici face à un 4-4-2, l’est également face aux autres systèmes. Peu importe le talent défensif d’une formation, elle ne peut pas faire l’économie d’efforts collectifs.

Dans le livre Soccer Modern Tactics, Marcello Lippi explique ainsi ce qu’il demandait à sa Juventus quand elle perdait le ballon : “Del Piero revenait sur l’aile gauche, sauf s’il occupait une autre position au moment de l’attaque. Même si notre phase offensive n’était pas organisée, les attaquants marquaient leur adversaire direct jusqu’au milieu de terrain. Cela offrait quelques secondes de plus à l’équipe pour lui permettre de prendre une bonne position défensive. Les choses n’ont pas changé avec Zidane (et le passage d’un 4-3-3 avec deux ailiers à un 4-3-3 avec deux numéro 9 et un 10 avancé, qu’on pourrait qualifier de 4-3-1-2) car c’est un meneur de jeu moderne. Quand il perd la possession, il poursuit son adversaire.” Si quelques buteurs racés étaient et sont toujours exonérés de tâches défensives, ce n’était pas le cas de Zidane, dont le poste nécessite pourtant fraîcheur physique et mentale pour être efficace.

AUTORÉGULATION DU SYSTÈME

Plutôt que de vouloir à tout prix récupérer le ballon rapidement et assez haut, Lippi voulait avant tout éviter d’être pris hors de position. La qualité des joueurs défensifs dont il disposait (Deschamps, Davids, Conte, Tacchinardi pour ne citer que les récupérateurs) lui permettait d’avoir confiance dans son premier rideau défensif. C’est là qu’est la vraie différence avec la grande philosophie de ces dernières années, le tiki-taka hispano-barcelonais. Ne possédant pas ces milieux défensifs à l’ancienne, hormis Marcos Senna en 2008, mais plutôt des relayeurs modernes — on parlera d’ailleurs de Busquets Role —, et voulant profiter des qualités offensives des latéraux, Barcelone et la sélection ont repris la règle des six secondes de Johan Cruijff. Une récupération agressive ultra-rapide où les cinq joueurs les plus avancés forment à eux seuls un rideau défensif, qui protège milieu défensif et défenseurs, ces fameux éléments dont le poste comporte le mot clé : “défense”.

Toute la construction tactique est ainsi basée sur les aptitudes d’un individu à entrer dans le modèle. Derrière, pour toujours avoir une supériorité numérique à trois contre deux, le défensif Éric Abidal compense les montées de Daniel Alves pendant quelques années, puis c’est Sergio Busquets qui redescend auprès de ses centraux quand le Français est remplacé par l’offensif Jordi Alba. Devant, Pedro défend comme un mort de faim, tandis que Lionel Messi fait les efforts sur quelques pas. Plus besoin d’avoir de bons défenseurs, c’est le système qui règle les problèmes. À tel point qu’on perd toute référence pour juger de la qualité d’une arrière-garde qui ne compte que deux ou trois éléments travaillant à temps plein.

POSSESSION ET SOLIDARITÉ

Si on peut légitimement parler d’épiphénomène, le cas catalan relevant d’une philosophie de jeu poussée à l’extrême et pas vraiment reproduite ailleurs, le gain de la possession comme arme défensive est une constante. En Ligue 1, Lille a la balle 54% du temps, concède 9,2 tirs par match et 0,45 buts. En Serie A, l’AS Roma, meilleure défense d’Europe avec 0,41 buts concédés par match, est à 59% de possession et 10 tirs concédés. En Premier League, Arsenal, Chelsea, Everton, Southampton et City, les cinq meilleures défenses, sont toutes à 55% de possession minimum. Enfin, le Bayern et Barcelone, qui ont encaissé respectivement 8 et 11 buts, dominent largement cette catégorie statistique avec 71 et 66%. Il existe pourtant un intrus : l’Atlético Madrid.

L’équipe de Diego Simeone est dans le top 5 des équipes qui subissent le moins de tirs (9 pile, comme Barcelone mais légèrement plus que Dortmund, le Bayern et la Juventus) alors qu’elle possède moins le ballon que son adversaire (47,7%). Cela n’est évidemment pas le fruit du hasard mais la conséquence d’un énorme travail collectif. Aucun club ne possède en effet autant de joueurs capables de combiner basses œuvres et coups d’éclat. Les deux pointes du 4-4-2, David Villa et Diego Costa, n’hésitent pas à revenir très bas, le deuxième se mettant plus en valeur offensivement grâce à son exceptionnelle condition physique. Autour des deux récupérateurs, on trouve Arda Turan, ailier traditionnel qui fait le piston, et Koke, meneur de jeu excentré comme le furent Iniesta et Valbuena notamment, qui peut donc instinctivement renforcer l’axe à la perte du ballon.

Ne jugeant pas utile d’avoir la maîtrise du jeu pour marquer, et n’en ayant d’ailleurs pas nécessairement les qualités, l’Atlético est obligé de compenser en alignant dix travailleurs dans le champ. À l’image des latéraux Filipe Luis et Juanfran, la clé du décalage est dans la projection et non dans le positionnement. La méthode diffère mais le résultat est le même : extrêmement bien protégés, les défenseurs centraux sont rarement à l’ouvrage.

LA FIN DU DROIT À L’ERREUR

Dans ce contexte, l’absence de stoppeurs de très haut niveau est-elle cause ou conséquence ? Un peu des deux évidemment, mais il semble que ce soit la tactique qui s’est adaptée au déclin du poste plutôt que l’inverse. Il existe encore des bons défenseurs mais aucun, hormis Thiago Silva, ne fait l’unanimité. Très peu sollicités, pour les raisons exprimées plus haut, ils n’ont généralement l’occasion de se mettre en évidence que lors de phases très spécifiques : jeu aérien, gestion de contre-attaque et première relance. Comme toute l’équipe défend et qu’aucun entraîneur en poste (ce qui exclut Bielsa et Zeman de la discussion) ne laisse sciemment des situations d’égalité numérique derrière, les sauvetages défensifs tels que les tacles de la dernière chance n’existent presque plus. Ces phases de jeu, qui permettaient aux défenseurs de briller, sont remplacées par d’autres où ils partent avec un avantage et n’ont donc pas le droit à l’erreur. Plutôt que de compter positivement les buts qu’ils ont permis d’éviter, on recense négativement ceux où leur responsabilité est engagée.

C’est ainsi que des collectifs forts comme celui du Bayern permettent à Dante ou Jérôme Boateng, objectivement loin de leurs aînés d’il y a dix ou quinze ans en talent pur, de former une charnière infranchissable. De même, le trident Chiellini-Bonucci-Barzagli bénéficie de la supériorité numérique du 3-5-2. Selon le contexte, de tels joueurs seront tantôt sous-côtés, tantôt mésestimés, mais jamais leur qualité individuelle générale ne pourra être évaluée, sauf à dominer comme le fait Thiago Silva. C’est la qualité du système mis en place par l’entraîneur qui devra les faire briller, ce qui nivelle les valeurs mais inscrit plus que jamais le football dans une dimension collective.

Christophe Kuchly

22 commentaires

  1. Jipé dit :

    Excellent article qui montre que dans les années à venir, les défenseurs auront encore moins de chance de gagner le Ballon d’Or qu’avant (pour peu qu’on accorde de l’intérêt ce trophée).
    Pour Thiago Silva, n’est-ce pas sa qualité technique et sa capacité à créer le jeu de l’arrière qui lui permettent de sortir du lot comme ça ? Le PSG n’est pas dépendant du défenseur brésilien, mais il a énormément d’importance dans la construction, surtout quand le pressing adverse bloque Thiago Motta. C’est, à mon sens, le seul défenseur capable de ça (même si d’autres ont de très bonnes qualités techniques, ils n’ont pas son niveau) et ce qui donne cette impression qu’il est le meilleur défenseur du monde, c’est peut-être qu’il est le plus offensif ? (je parle là des défenseurs centraux, les latéraux étant obligés aujourd’hui d’avoir un apport offensif comme dit dans l’article)

  2. Christophe Kuchly dit :

    Je pense effectivement que Thiago Silva a plus de qualités que les autres défenseurs. C’était aussi le cas de Piqué, qui sortait du lot il y a quelques années, mais a depuis perdu les fondamentaux du poste. Thiago Silva ne fait quasiment pas d’erreurs dans une saison, ce qui le rapproche de joueurs comme Miranda ou Subotic, qui sont également très fiables. Mais lui dépasse sa fonction en se comportant en leader technique et tactique et se voit donc impliqué sur plus de phases de jeu.

    Je vois en lui un stoppeur intemporel, en cela qu’il aurait également brillé à l’époque des grands défenseurs italiens qui rendaient par définition la Serie A beaucoup moins prolifique en buts. Les autres très bons joueurs du poste actuels, c’est moins sûr. Mais comme on leur en demande moins, leurs éventuelles lacunes restent cachées.

  3. Ben dit :

    Encore un article passionnant sur l’analyse tactique.
    Malgré tout, le manque de grands (par le talent) centraux semblent être un problème pour pas mal d’équipes. Il suffit de voir à quel point sont sollicités les quelques bons, comme David Luiz ou Thiago Silva (d’ailleurs c’est marrant d’avoir 2 tops players à ce poste au Brésil alors que pendant longtemps ça a été un soucis pour eux), pour se rendre compte que même des équipes comme le Barça cherchent malgré tout à se renforcer à ce poste. Mais là où je vous rejoints, c’est que des joueurs comme Bartra qui ne sont pas franchement des tops players, arrivent tout de même à briller dans un système où finalement ils sont très peu mis en danger.
    Pour autant, malgré cela, le poste de gardien reste quand même prépondérant du fait de son rôle de dernier rempart avec 0 droit à l’erreur.

  4. Guillaume G dit :

    Super intéressant, comme d’hab.

    Jouant moi-même arrière central en club (à un bien modeste niveau), je trouve effectivement que la fonction a pas mal évolué ces dernières années, surtout au vu de l’exigence généralisée (un peu imposée par le mode de pensée unique du barcelonisme) de relancer proprement de derrière et de l’expansion quasi totale de la zone. Mais aussi avec la tendance au décrochage du 9 adverse, qui amène les centraux à ne pas devoir sortir de leur position, et donc à jouer sans opposition directe.

    En gros, les deux centraux d’une défense à quatre sont plus des libéros que des stoppeurs, ils doivent gérer les mouvements du bloc, récupérer les ballons qui trainent, et surtout être propre à la relance. C’est quasiment devenu l’exigence principale, et c’est d’ailleurs sur ce point que l’on juge maintenant la qualité d’un arrière central, vu la raréfication des duels qui servaient autrefois de baromètre.

    En gros, maintenant, le central de grande classe est celui qui lit bien le jeu pour boucher, mais surtout le mec qui a une très bonne relance et sait à l’occasion sortir pour amener le surnombre. Plutôt ce qu’on attendrait initialement d’un 6, en somme.

    La dimension de duels a quasiment disparu, sauf en Premier League où les centraux sont encore souvent sollicités par les transitions très fréquentes dans le jeu britannique. Duels aériens la plupart du temps, ceci dit, et quelques face-à-face dont la maitrise fera la qualité du grand défenseur d’outre-Manche.

  5. Migou dit :

    J’ai beaucoup de mal avec la conclusion: il existe encore aujourd’hui d’excellents défenseurs centraux. Comme depuis toujours, ils attirent simplement moins les médias.

    Simplement aujourd’hui on ne juge plus un défenseur sur ses tacles. La maîtrise du hors-jeu, la qualité de la relance, la vitesse, les interceptions et les « duels » gagnés, sont toujours des qualités recherchées.

    Si Barcelone n’avait pas besoin de bons défenseurs centraux, pourquoi seraient-ils prêts à dépenser 35 millions d’Euros pour un David Luiz? Et on pourrait faire tout un topo sur la reconversion de Mascherano.

    Un peu sur le même sujet, ZonalMarking avait fait un article passionnant sur l’engagement de Gary Cahill par le Chelsea de Villas-Boas, il y a 2 ans. En soulignant à quel point ce joueur avait d’excellentes statistiques avec son ancien club de Bolton, ils donnaient quelques pistes sur ce qu’est un bon défenseur central aujourd’hui.

    http://www.zonalmarking.net/2012/01/20/gary-cahill-chelsea-high-line/

  6. Moun dit :

    Article intéressant sur un poste dont on parle assez peu, et en tout cas probablement moins qu’avant : raréfaction des talents ou starification à outrance des attaquants-qui-marquent-plein-de-buts, c’est un autre débat.

    En revanche, dans la catégorie des défenseurs qui font l’unanimité, aux côtés de Thiago Silva, j’ajouterais bien Sergio Ramos, dont il n’est même pas fait état dans l’article, malgré pas mal d’allusion à l’équipe d’Espagne.

    Son profil un peu plus « à l’ancienne » que son collègue Brésilien et sa propension à prendre encore plus de cartons rouges que son entraîneur adjoint ont certainement tendance à faire oublier sa technique, mais n’oublions l’apport offensif qu’il eût au poste de latéral du temps de la splendeur de Puyol en équipe d’Espagne.

  7. Christophe Kuchly dit :

    Migou, tu as tout à fait le droit d’être en désaccord mais la conclusion est l’élément clé de la réflexion. Il ne s’agit pas de faire du « moi je », mais j’essaie de regarder une quinzaine de matches par mois et cet aspect m’a toujours intéressé (donc l’aspect médiatisation n’impacte pas mon jugement). Et, honnêtement, je suis loin d’être impressionné par la génération actuelle. Ca peut paraître idiot mais je pense que l’impossibilité des journalistes et suiveurs à dégager un deuxième central dans l’équipe-type des 2 dernières saisons est révélatrice.

    La médiatisation ou plutôt son absence n’est pas scandaleuse puisque peu la méritent. Hummels l’a eu par exemple, et il n’en est pas spécialement digne, avec beaucoup plus d’erreurs que Subotic, Miranda et d’autres. Quand je vois l’axe de Milan, c’est consternant, on est dans un niveau L2. Beaucoup de défenseurs actuels sont très loin des standards de la Serie A des années 80. Même si on peut s’améliorer, je trouve l’exemple Dante assez révélateur : moi qui le voyais jouer chaque semaine en Belgique puis à Lille, je ne lui ai jamais décelé de potentiel incroyable. Miranda aussi n’était pas né pour être star. Sauf qu’en leur apprenant 2-3 trucs et en les mettant dans un collectif fort, leurs lacunes sont cachées. No comment sur David Luiz, qui a quand même vécu une délocalisation à la récupération à cause de ses erreurs en défense. Quant à Mascherano, ça va dans mon sens : le poste a tellement changé et compte tellement peu de stars qu’un milieu défensif peut devenir une référence en 6 mois.

    Moun, effectivement Ramos mérite au moins une mention. Je ne nie pas que, peut-être, mon rejet de ce joueur a joué dans le fait que je ne pense pas une seule seconde à lui. J’ai envie de le mettre dans la même catégorie que Piqué, ces joueurs qui jouent dans l’axe avec une formation bien plus offensive. Il manque quand même un peu de sobriété à mon goût, et si on considère un rouge comme une erreur pénalisant l’équipe (à peu près autant qu’une relance axiale interceptée qui fait but pour moi), son rythme de 3-4 par an est trop élevé.

  8. Migou dit :

    A nouveau, si le poste de défenseur central n’avait aucune importance, Thiago Silva n’aurait pas une telle « cote ».

    Comment ne pas voir derrière la crise de Man U la fin de l’ère « Ferdinand-Vidic »? Entre autres éléments, bien sûr.

    Ferdinand (35 ans) n’a joué que 7 rencontres de championnat, Vidic que 13 matchs sur les 21 déjà disputés.

    De manière plus positive, il existe encore aujourd’hui des défenseurs centraux vraiment impressionants. Thiago Silva ou Piqué sont des joueurs excellents!

    Ou alors faudra qu’on m’explique comment « quantifier » l’excellence d’un défenseur central. Car pour un blog tactique, cette question reste traitée de manière très subjective.

  9. Christophe Kuchly dit :

    Tu es passé à côté de l’article, dommage. Et pas qu’un peu. Je ne sais pas comment on peut croire que je dis qu’un défenseur central n’a aucune importance. Je ne l’ai absolument pas écrit ni pensé. Si c’était le cas, le commentateur au-dessus de toi, qui joue à ce poste, aurait été choqué au lieu d’aller dans mon sens. Et comme je prends très à coeur le fait qu’on comprenne là où je veux en venir, je suis assez touché (on peut dire que je raconte n’importe quoi et me défoncer, pas de souci, mais trahir le fond c’est embêtant…).

    Comment quantifier ? J’ai bien spécifié les secteurs de jeu où ils sont désormais attendus. J’aurais pu développer mais ce n’était qu’un élément de la démonstration. Et, c’est ma conclusion, les attentes diffèrent selon les philosophies de jeu. Thiago Silva est un joueur excellent ? Je l’ai écrit deux fois dans le texte et au moins autant en commentaires. La subjectivité ? Ca dépend comment est sous-entendu ce terme mais je n’ai aucun a priori. J’adore Piqué par exemple. Tu le trouves excellent, j’affirme qu’il est tout juste médiocre. Et c’est justement parce que j’aime beaucoup le joueur et que je regarde en détail tous ses matches que je le dis.

  10. hamada jambay dit :

    Il est Piqué au vif Radek Bjeibl.

  11. Yokolo dit :

    Bonsoir et félicitations pour ce très bel article, qui me semble dans ses grandes lignes très juste. Néanmoins, quelques points sont peut être discutables.
    D’abord, il apparaît de manière plus ou moins voilée dans ce papier que la mort du grand défenseur central comme on le connaissait est structurelle. Comme preuve de cela vous prenez l’exemple de la rareté aujourd’hui de très bons centraux, Thiago Silva étant à vos yeux le seul « grand ».
    Je conçois tout à fait cette position : les lignes convergents vers le centre, vers ce 0-10-0 qui vous est cher, et les monstres défensifs comme Nesta n’ont plus leur place dans un système qui se substitue aux purs talents des tacleurs et autres derniers remparts.
    Néanmoins on peut opposer deux choses à cet argumentaire – certes très grossièrement repris ici -. D’abord le problème n’est peut être pas structurel mais ponctuel : il me semble qu’une nouvelle génération de stoppeurs émerge actuellement après un creux gène rationnel. Le nom qui me vient spontanément à l’esprit pour regarder pas mal la ligue 1 est celui d’Abdennour. C’est un golgoth, mais relativement technique et capable de sauter aisément plusieurs lignes de passe. Il est même à mon sens supérieur au Monstruo dans son impact physique impressionnant et sa progression constante. On ne remarque pas ces joueurs car ils sont encore dans des clubs sous médiatises mais bientôt viendra leur tour.
    On ne peut dans un avenir proche complètement détruire la notion de défenseur, et cette génération me semble s’adapter a l’évolution plutôt que d’être dépassée par elle. Elle arrive à allier des qualités défensives toujours nécessaires à des compétences techniques de plus en plus primordiales dans ces 0 10 0 en devenir.
    Mais il semble alors paradoxal d’affirmer qu’on peut difficilement évaluer intrinsèquement la valeur d’un central. Cela n’est vrai que si l’on se réfère à une conception du défenseur déjà dépassée pour les latéraux, comme vous le soulignez, mais aussi dans un autre registre pour les centraux.

  12. Christophe Kuchly dit :

    On se tutoie ? C’est un message intéressant et dont je partage les idées. Pour ce qui est de la profondeur du problème, j’ai envie de dire que je n’en sais rien. Ce n’est pas par peur de me mouiller, mais je ne suis pas capable de dire jusqu’où iront les Abdennour, Inigo Martinez, Varane, Marquinhos… Comme je l’écris, la tactique s’est partiellement adaptée au déclin du poste. Je pense donc que si on retrouve des stoppeurs de très haut niveau, cela pourrait changer. Si un Diego Godin avait la relance de Rafael Marquez, on le mettrait sans doute à contribution dans la construction du jeu.

    Quand Barcelone avait toute confiance en Piqué par exemple, il y avait beaucoup plus d’espaces laissés derrière. On considérait le ratio apport/risque suffisamment intéressant pour jouer de manière très offensive. Le poste de défenseur central, que je ne condamne évidemment pas, est en mutation progressive. Mais si certaines qualités requises vont rester car liées à l’évolution du jeu (attaquants fuyants etc), d’autres sont évidemment plus temporaires.

    Pour ce qui est d’évaluer intrinsèquement, il s’agit vraiment de mettre en rapport le joueur et son système. Je considère que le trident défensif de la Juventus est extraordinaire de complémentarité avec, pour schématiser, un dirty player-un relanceur-un joueur complet. Mais qui peut dire ce que vaut Bonucci ? Avec Chiellini à côté, c’est excellent. Dans l’absolu, je ne sais pas. On peut me rétorquer, à raison d’ailleurs, que tout joueur apporte selon les conditions dans lesquelles on le met. C’est vrai, mais le poste de défenseur central est le seul vraiment immuable (même les latéraux n’en sont pas vraiment dans un 3-5-2). Chaque autre poste aura une distinction, du faux 6 au faux 9 en passant par les relayeurs, ailiers de conservation, renards des couloirs… On peut à peu près toujours définir un rôle/une attitude spécifique qu’aura un joueur, même dans deux 4-4-2 à plat. Cela n’existe pas dans l’axe défensif alors qu’on demande des choses très différentes. Entre Mascherano et Vidic, on n’est clairement pas dans le même registre, et pourtant même les geeks de la tactique -dont je fais un peu partie- n’ont pas introduit de néologismes pour faire le distinguo.

    Un excellent défenseur le sera peu importe le contexte, c’est ma théorie. Les autres dépendront de leur entraîneur, même si ce sont eux qui sont sur le terrain. Pour conclure et donner un exemple que je pense parlant, je vais citer Lugano. Excellent en sélection, souvent navrant à Paris. C’est très facile de parler de mal du pays, motivation et autres facteurs psychologiques. La vérité est beaucoup plus simple : il est plus à l’aise dans une équipe qui joue bas et rugueuse, avec deux purs 6 devant lui ou comme 3e élément d’un 3-5-2 (pour faire court). Dans ce cas précis, c’est autant la faute du joueur d’être limité que celle du coach de ne pas le mettre en bonne condition.

    PS : J’ai supprimé tes doublons, c’est plus clair comme ça.
    PPS : Hamada, c’est vrai. C’est super frustrant de devoir justifier une position qui n’est pas la tienne, tu as beau prendre le problème dans tous les sens il n’y a aucun moyen de répondre autrement qu’en disant « mais non je ne pense pas ça ».

  13. Rhoth dit :

    Je remarque que beaucoup de bons centraux cités ici, ont quand meme eu un peu de pub en jouant au milieu pour exprimer autre chose, et montrer autre chose.

    D’ailleurs, bien souvent le DC est échangeable avec le milieu devant la défense dans le 4-3-3 (Hello Thiago Silva, Mascherano, Motta, etc…).
    Je ne pense pas que ce soit très différent, pour ces joueurs.

    un cas pratique par contre. Alex. Beaucoup sont sceptiques (avec la concurrence des Sakho et Marquinhos en début de saison par ex) et le voyait tjrs 3eme ou 4eme. Je constate souvent qu’il est en tête (ou bien placé au niveau européen) des analyses stats qu’on lit par ci par la, pourtant, c’est pas le profil d’un TS, et le public a du mal a quantifier ses prestations par exemple… Car quand il intervient pas dans le match, dur d’en penser qqch 🙂

  14. the teacha dit :

    Superbe article,

    Je suis en phase avec cette reflexion sur les nouvelles qualités demandées aux défenseurs centraux. Moi même coach au niveau amateur, 80 % du travail fait avec mes défenseurs se portent sur les orientations à prendre en terme de relance et sur du travail technique analytique dans les enchainements, prise d’info -contrôle – passe. Au niveau pro, Laurent Blanc fait souvent redescendre Thiago Motta en stoppeur aux coté de Thiago Silva quand il veut ajouter une option offensive supplémentaire, leur possession est tellement importante qu’il peut se le permettre.
    Le poste évolue mais les clubs auront toujours besoin d’un défenseur rugueux avec les caractéristiques propres aux stoppeurs qui doivent faire peur aux attaquants genre Kompany, Sackho, Rami, David Luiz, Walter Samuel…ce type de joueurs rappellent à chacun les qualités qu’il faut avoir en 1er pour jouer à ce poste

  15. alex dit :

    le cas Alex est effectivement super intéressant : on est loin de la flamboyance technique de son alter ego de la charnière parisienne ; il n’est pas non plus très à l’aise dès qu’il n’a pas d’adversaire direct … et il est presque systématiquement titulaire. une survivance du passé ? le besoin d’avoir une charnière imprenable dans les airs ?

  16. magnus dit :

    Pour Sergio Ramos, j’ai du mal avec le joueur en raison de sa brutalité, mais je le trouve malgré tout excellent dans l’axe, justement parce qu’il me semble (qu’on me corrige si je me trompe) que pas mal de rouges qu’il a pris dans sa carrière étaient plus dus à des gestes brutaux inutiles qu’à des fautes désespérées après qu’il ait été pris à défaut. Il a été remarquable à côté du fébrile Piqué au dernier Euro (comme le presque oublié Marchena en 2008).

  17. Alexis dit :

    Très bon article.
    Mais je me permet d’apporter mon maigre point de vue. A mon avis, je pense que le poste de défenseur central est « victime » de la vision du foot actuel, où les qualités techniques priment sur les autres qualités. Comme il a été écrit plus haut, aujourd’hui il faut bien relancer, éviter de tacler, intercepter et bien lire les trajectoires. C’est pour ca que je pense que qu’il y a de plus de plus de permutations entre les 6 et les défenseurs (Mascherano, Th Motta parfois, David Luiz, Jones, même Raf Marquez un certains temps bref). Et je pense aussi qu’il y a la dimension spectacle du foot qui fait que nos point de vue sont très subjectifs, même si j’adore les défenseurs « à l’ancienne » (Nesta, Maldini, Vidic-Ferdinand d’il y à qq années), je reste quand même impressionné par les capacités techniques de Th Silva, et notamment pour construire le jeu de derrière, et même apporter parfois le surnombre au milieu. Et si l’on regarde de plus près uniquement les phases défensives (tacles, duels etc.) de Th Silva, je le trouve quand même parfois fragile. Pourtant si vous me demandez qui est le meilleur défenseur du monde, je vous dirais Th Silva.

  18. Lisieux dans les bleus dit :

    Point de vue d’un gardien de district : piqué, je suis d’accord avec l’article, j’en voudrais pas devant moi pour composer ma défense. Certes il apporte offensivemement, mais sur les tâches de « base »… absolument pas rassurant.
    Or, ce qu’attend avant tout un gardien de ses deux stoppeurs (3?), c’est qu’ils coupent les trajectoires, qu’ils libèrent l’espace aérien notamment sur les CPA, les corners…
    Alors après il est vrai que s’ils peuvent relancer proprement et éviter de botter en touche, c’est mieux…
    Je pense que la difficulté à trouver des noms « incontournables » est autant lié à un problème de génération qu’à des changements tactiques. Si Mascherano est DC c’est avant tout parce qu’on trouve plus de L.Blanc ou de Baresi…

  19. Groover dit :

    Excellent article dont je partage totalement les conclusions. La tendance actuelle à isoler à tout prix des individualités fait trop souvent oublier que le collectif reste au coeur du football. Comme l’a très bien rappelé Christophe, le rôle du collectif dans les tâches défensives n’est pas nouveau, mais il se juge aujourd’hui à l’aune de la polyvalence. De même que les profils offensifs deviennent de plus en plus multitâches, les profils défensifs doivent élargir leur palette. Et forcément, au sein de cette palette, les valeurs défensives sont moins frappantes (ce qui ne signifie pas qu’elles disparaissent). Le défenseur moderne, protégé par son collectif, est, paradoxalement, moins souvent en première ligne, et donc moins souvent enclin à intervenir en dernier recours. Un peu comme un gardien de but qui ne verrait jamais la balle, mais devrait être impeccable sur une ou deux actions chaudes, le défenseur moderne peut passer un match tranquille mais avoir à intervenir dans un ou deux duels décisifs. Et il sera souvent jugé sur ces deux actions. Contre Monaco, Thiago Silva fait il un mauvais match parce qu’il marque contre son camp ? A l’opposé, ce joueur serait-il perçu de la même façon si le PSG ne disposait pas d’un Thiago Motta, au travail de sentinelle (quasi 3e défenseur central parfois)? En Angleterre, le travail collectif défensif d’un Chelsea permet souvent d’éviter de mettre en lumière les approximations d’un Cahill en matière de hors-jeu ou le caractère aléatoire d’un Terry dans les un-contre-un. De même, Arsenal parvient à atténuer les faiblesses d’un Mertesacker lent et particulièrement exposé dans les un-contre-un. A l’opposée, son binôme Koscielny est (avec l’excellent Kompany) l’un des tout meilleurs défenseurs centraux de Premier League. Loin des a priori négatifs, le français disposent justement de ces qualités de défenseurs modernes : vitesse, jeu de tête, qualité de relance, conduite de balle permettant d’apporter le surnombre balle au pied, il est aussi impitoyable en un-contre-un (le pourtant redoutable Suarez en a fait les frais cette saison). Pour autant, les récentes performances défensives des Gunners sont d’abord le fruit d’un travail collectif qui s’enclenche dés la perte de balle avec le travail de Giroud. On a d’ailleurs pu voir que les rares valises prisent par les Londoniens (celle reçu à Anfield ou contre City entre autres) ont toutes comme point commun un abandon totale du collectif et une défense laissée seule face à son sort.

  20. jphi dit :

    Bonjour,
    Je ne pense pas que les défenseurs sont moins bons qu’avant, leurs qualités sont différentes. Avec l’évolution du football, les défenseurs doivent être capable de jouer haut avec de l’espace dans leurs dos et de jouer très souvent face à des avant centres très mobiles. Dans les années 80 les avant centres était des joueurs très fort devant le but qui ne participait pas beaucoup au jeu et ne faisait pas de grande course, un bon défenseur était juger sur sa capacité à être efficace au marquage. Aujourd’hui il doit être plus rapide, plus endurant et meilleur techniquement pour assurer des relances courtes et longues. Les défenseurs centraux sont des joueurs plus complets, il est ainsi pas étonnant d’en voir capable de jouer latéral ou milieu défensifs des postes qui peuvent demander plus d’endurance, de vitesse ou de technique. Les footballeurs sont maintenant à chaque poste des joueurs complets même s’il reste des spécificités

  21. Brésil 2014 : secrets de défenseswww.msgqgsb.com dit :

    […] Objectif : s’assurer surnombre et densité dans l’axe. Les lacunes individuelles, dans une ère de rareté de stoppeurs de classe mondiale, sont compensées par une organisation collective efficace. C’est l’une des explications […]

  22. julien dit :

    Thiago Silva fait il un mauvais match parce qu’il marque contre son camp ? Bien évidement que non !

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