Le football évolue et se réinvente constamment, et la complexification du sport cause de nombreux vides dans sa nomenclature. Lier signifié et signifiant, pour plaire à Saussure, devient de plus en plus ardu à mesure que l’éventail des composantes du foot, non pas s’élargit, mais se divise en d’innombrables catégories aux différences parfois infimes. On emprunte des termes aux langues étrangères ici et là (« enganche« , « regista« ), on les adapte souvent à notre langue, sans pour autant réussir à embarquer avec nous tout le sens contenu dans l’idiome original.

Le néologisme le plus populaire du ballon rond ces dernières années se nomme sans conteste le « false 9« . Non pas qu’il surpeuple les effectifs. Ses représentants, en revanche, amassent les triomphes et l’admiration. Pep Guardiola et Lionel Messi ont pris le chemin tracé par Luciano Spalletti et Francesco Totti, alors que la France semble à peine prendre conscience de la réalité d’Ibrahimovic : un faux numéro 9 depuis bien longtemps. Et qu’elle demande à Benzema d’être plus souvent dans la surface. Contresens !

L’IMPORTANCE DU MOT

Résumer l’emploi du terme « false » à « c’est un 9 sans être un 9 » ferait s’évaporer les profondes significations du mot, et sa polysémie. La tromperie, le mensonge, l’aspect fallacieux qu’il renferme, disparues ? Au contraire, c’est bien là que réside l’intérêt du « false player« . Un imposteur, rarement placé là où on l’imagine, pénible à démasquer tant il se fond dans la foule, entre les lignes, et à d’autres moments s’échappe, loin des regards suspicieux.

Mardi soir, lors du match de Ligue des Champions Olympiakos – PSG diffusé sur beINsport, Éric Di Meco, consultant pour la chaîne, se plaignit au cours de la deuxième période du positionnement de Thiago Motta, qu’il jugeait trop bas. Le club parisien se trouvait alors en souffrance, tenu en échec par les Grecs après une première mi-temps vécue comme un calvaire. Victimes du pressing, dépassés dans quasiment tous les duels, les joueurs de Laurent Blanc offraient la vision d’une équipe désarticulée, aux lignes distantes les unes des autres. Une équipe incapable de relancer. Thiago Motta, au centre du système parisien, réalisa 33 passes lors des 45 premières minutes.

Voir Thiago Motta reculer par moments en deuxième période fut dans la continuité du match à Bordeaux, où ce déplacement s’était fait beaucoup plus rapidement. Après sept minutes de pressing haut imposé par les Girondins, on vit – en gros plan – Laurent Blanc discuter avec son milieu de terrain. Dès la phase de jeu suivante, Thiago Motta partit se placer entre Alex et Thiago Silva. Désormais, le porteur de la première balle d’une phase de jeu avait toujours deux solutions. Les deux Bordelais placés les plus hauts et chargés du premier pressing, Diabaté et Obraniak, étaient ainsi en sous-nombre. Avec la participation de Verratti, Paris profitait même d’un losange à la première relance. Le 4-3-3 devint un 4-1-2-3, et Thiago Motta un « false 6« .

Une position extrême ici pour Thiago Motta, placé plus bas que ses deux coéquipiers en défense centrale.

Ce positionnement permet de débuter la construction de manière soignée, et libère les latéraux de leurs positions habituellement figées sur les ailes, où ils abusent d’échanges inoffensifs avec leur défenseur central. Digne put de cette façon effectuer des appels loin dans le camp bordelais, ouvrant de la sorte des espaces à Matuidi et Ongenda.

RECULER POUR MIEUX AVANCER

Thiago Motta fit donc de même en terre hellène. Au retour de la pause, il recula de quelques mètres, reprit le contrôle du jeu. Entre le coup de sifflet de la deuxième période et le deuxième but parisien, 23 minutes, et 23 passes données par Motta. Sur l’ensemble de la deuxième période, 45 passes pour le milieu brésilo-italien. 291 pour le PSG (63 de plus qu’en première période), 120 pour l’Olympiakos (34 de moins qu’en première période). Les six corners parisiens, dont trois se conclurent par un but, furent tous obtenus en deuxième période.

Le replacement d’un milieu entre les deux défenseurs centraux durant les phases de construction se propage depuis quelques années en Europe. Ce fut d’abord Sergio Busquets au Barça. Abidal indisponible, les Barcelonais ne pouvaient plus former cette ligne de trois défenseurs qui exauçait le vœu de Dani Alves, s’aventurer dans le camp adverse. Le recrutement de Jordi Alba ne fit qu’accélérer le virage vers un Busquets multitâches. Pep Guardiola emploie à nouveau ce mécanisme dans le 4-1-4-1 de son Bayern, où Schweinsteiger et Thiago Alcantara ont officié dans la même position, avec plus ou moins de succès. Kroos, lors de la Supercoupe d’Europe, n’est pas parvenu à occuper ce rôle. Il laissa cette mission à Lahm puis ce fut au tour de Javi Martinez de s’y atteler, de manière bien plus naturelle.

Ce procédé ne concerne pas que les mastodontes. Rio Mavuba a par intermittence rempli cette fonction à Lille sous Rudi Garcia, et Daniele De Rossi a reçu les mêmes consignes à la Roma depuis l’arrivée du coach français.

Ce concept d’un false 6, qui comme un false 9, n’avance pas vers le but mais s’en éloigne pour au final faciliter son accès, nécessite une intelligence de placement, un « positional play » que peu de joueurs maîtrisent. Dans une équipe désirant la possession, il paraît pourtant de plus en plus indispensable comme contre-mesure au pressing haut, en vogue chez les formations qui décident de se concentrer sur une mission sans ballon, de repousser l’adversaire loin dans son camp ; en somme, privilégier la domination territoriale et la récupération haute pour s’épargner le besoin de construire.

CONTRÔLE DE L’ESPACE

Un false 6 permet d’éviter des situations telles que celles vécues par Arsenal à Sunderland la semaine dernière. Disposé en 4-2-3-1, Arsenal joua avec un duo composé d’Aaron Ramsey et de Mathieu Flamini au centre du terrain. En l’absence d’Arteta, les Gunners vivent des problèmes de construction initiale. Le milieu français propose plus d’agressivité que l’Espagnol. En revanche, il ne contrôle pas avec le même brio le premier tiers du terrain.

Ici, un simple pressing à deux suffit à désarçonner la défense centrale d'Arsenal. La présence d'un milieu dans la zone rouge aurait permis à Koscielny de relancer une phase de jeu sans danger. Mathieu Flamini - ou Aaron Ramsey - n'offrent aucune solution ici en étant positionnés trop haut.

Le false 6 est rarement sans effet. Il causera soit le relâchement du premier pressing adverse (comme Bordeaux l’a fait), soit l’arrivée d’un adversaire supplémentaire pour empêcher le sous-nombre qu’ont vécu Obraniak et Diabaté. Ce qui, automatiquement, engendrera l’apparition d’espaces plus haut sur le terrain.

Encore un épiphénomène, limité à quelques équipes, le false 6 demeure pour le moment une expérience. Les rares cobayes prouvent pourtant sa raison d’être. Et démontrent que le jeu en triangle existe aussi et d’abord dans les recoins prétendument les moins séduisants de la pelouse.

Raphaël Cosmidis

34 commentaires

  1. Ouam dit :

    Bonjour ;
    tout d’abord, vous faites un boulot mortel sur ce blog. C’est un peu l’équivalent français de zonalmarking, et ça manquait. Donc merci !

    Sur l’article du jour, est-ce que le false 6 ne serait-ce pas à l’inverse celui qui monte vers le but ? Le vrai 6 étant pour moi celui qui compense le bloc équipe, particulièrement en descendant solidifier et fluidifier la charnière, et qui permet ainsi aux latéraux de monter d’un cran. Quelqu’un comme Toulalan est pour moi un false 6, toujours volontaire pour apporter le surnombre lorsque l’équipe a la possession, quitte à déserter l’axe ; et Arsenal est un modèle d’équipe à false 6, avec ses trois relayeurs qui se partagent le poste tour à tour (quand Flamini est là, il a tendance à jouer le destroyeur pur jus et conserver sa zone, ceci dit).
    Mais Busquets, par exemple, qui correspond bien à ce que vous décrivez dans l’article, me semble être un 6 dans la tradition, donc un « real 6″… Différence lexicale, bon.

  2. Lisieux daus les bleus dit :

    Bonjour,
    les articles de ce site sont effectivement toujours très intéressant (mode flatteur ON, mais pas que…). Mais je dois faire un contre sens sur la définition du « false 6 » à travers l’exemple notamment du psg. N’est-ce pas justement le rôle d’un vrai 6 de se positionner devant sa défense centrale ? qu’il soit d’ailleurs de type « sentinelle » (libéro devant la défense) ou de type « coureur de fonds » (comme makélélé), c’est un poste résolument défensif nécessitant de grosses qualités physiques : pressing, colmatage de brèches, couper les trajectoires…
    Après, il me semble que c’est aussi ce que l’on demande à un pur 6 de participer à 1ère relance, souvent de façon très simple, sans porter le ballon, en offrant simplement une solution supplémentaire à ses défenseurs.
    Du coup, j’ai tendance à assimiler plutôt le « vrai » faux 6 comme lorsque l’on positionne un pirlo devant la défense, voire un beckham en milieu défensif… un meneur de jeu reculé qui n’aura aucune des qualités traditionnelles des 6 et dont le rôle est avant tout offensif…
    Bref, j’ai pas forcément tout compris, mais j’ai du mal à ne pas considérer T.Motta, Mavuba ou De Rossi à de « purs 6″…?

  3. Charlot dit :

    Créer des décalages dans tous les coins du terrain, c’est bien le boulot de tous ces faux x ou y. Le dézonage permanent, en somme.
    Anelka était un génie incompris!

  4. Lisieux daus les bleus dit :

    Benzema likes this !

  5. Sésame dit :

    Confier la première relance à un milieu pour éviter le risque de sous-nombre, mais aussi pour que cette relance soit plus « propre ». N’est-ce pas comme cette espèce disparue depuis la fin des 80’s, le défenseur qui fait le coup de pied de but à la place de son gardien?
    Sinon, en « false 6 », je vois bien Axel Witsel, lorsqu’il joue en équipe nationale belge. Il permet une reconversion offensive très rapide.

  6. Arnaud B dit :

    Ce que tu appelles le « false 6 », n’est-ce pas ce qu’en Italie on appelle le trequartista dont le digne représentant actuel est Mister Andrea Pirlo ?
    D’ailleurs, je suis étonné que tu n’est pas parlé de lui dans ton très bon article 🙂
    Si non, si le trequartista est différent du false 6, je veux bien savoir pourquoi 🙂

  7. Raphaël Cosmidis dit :

    S’il y a un site similaire à Zonal Marking, c’est chroniquestactiques de Florent Toniutti. Qui d’ailleurs a débuté avant son homologue anglais.

    Réponse à l’incompréhension du terme « false 6 » : je suis parti de l’idée que le false 9 est un joueur placé avant-centre, mais dont les déplacements le transforment en un facilitateur de jeu plus bas sur le terrain, où il va multiplier les passes, former des triangles, des carrés. Un rôle moins haut sur le pré mais plus fonctionnel.

    C’est ce raisonnement qui m’a poussé à choisir « false 6 ». Parce que ces joueurs-là reculent aussi, attirent des joueurs. Les profils à la Pirlo ne sont pas vraiment du même genre. Ce ne sont pas des joueurs remarquables par leurs déplacements mais par leur distribution.

    @Arnaud : Pirlo est un trequartista transformé en regista. Le trequartista est le 10 italien, comme l’enganche le 10 argentin.

    @Lisieux : les joueurs que tu cites sont des 6 en effet, comme Messi était un ailier en pied inversé au début de sa carrière. Rien n’interdit de changer leur définition !

    Au final, le choix du signifiant est arbitraire (encore coucou Saussure), on aurait pu appeler ça un « libéro avancé » ou encore autre terme qui fait joli.

    Merci pour les doux mots au passage.

  8. Raphaël Cosmidis dit :

    J’oublais : la définition du 6 classique étant, pour moi, celui du costaud qui gagne ses duels. La « sentinelle ». À qui il manque cette compréhension des problèmes de relance, et qui n’offre pas de solutions constantes à ses défenseurs. Comme l’exemple de Flamini dans l’article.

  9. Bakou9 dit :

    Je vous félicite moi aussi pour votre travail qui effectivement se démarque de 99% de la littérature Française sur le football. Une approche « par le jeu » et acceptant par conséquent de se réaliser sur du moyen terme et non sur la contingence me semble en effet nécessaire pour contrer la tendance « commentateur » qui se base uniquement sur la contingence d’un match.

    Pour ce qui est de cet apparition du « false 6 », je pense qu’elle est en rapport direct avec la disparition progressive du poste de libéro et de la différence qui existait entre ce poste et celui de « stoppeur ».
    Mais contrairement à vous, j’ai l’impression que le « false 6 » commence à être très répandue. En théorie, chaque équipe (qui a pour projet de jouer en ayant la balle) doit désigner un joueur qui doit réaliser ce boulot. Ce joueur étant parfois un latéral mais plus régulièrement un des MD. Le nombre de plus en plus important de joueur pouvant jouer MD ou DC invariablement (en dehors d’une simple question d’âge et de vitesse) tendrait à le prouver.

    Le poste de milieu def est selon moi celui qui génère aujourd’hui la plus grande confusion tactique parmi les commentateurs et les fans. Les vocables « box to box »; « meneur de jeu devant la défense » ou « poste à la pirlo » ne recouvrent pas en réalité un poste bien défini et semble limités. Or, bien que dans une zone relativement basse parfois en dessous des autres milieux, pirlo n’est justement pas un « false 6 ».

  10. Bakou9 dit :

    Je peux moi aussi me tromper mais le false 6 doit quand même être relativement à l’aise avec le ballon. Ce joueur doit aussi avoir la finesse tactique de dépasser sa simple zone, ce qui exclut pas mal de 6 mode « destructeur ».

    Pour parler d’un cas concret :à l’OM, que je suis tout particulièrement, ce rôle serait ainsi plutôt confié à Imbula qu’à Romao. Et c’est quelque chose qu’Alou Diarra n’a jamais su provoqué.

    Mais le false 6 ultime semble effectivement être De Rossi. Quelqu’un qui offre des solutions bas sur le terrain mais n’est pas l’organisateur du jeu.

  11. Bakou9 dit :

    Je n’avais pas lu le dernier commentaire. Mais je suis effectivement tout à fait d’accord avec Raphael.
    Le « false 6 » doit avoir une certaine aisance balle au pied, ce qui élimine les 6 uniquement destructeurs, et posséder un réel sens tactique qui lui permet de dépasser sa simple zone.

    Pour parler d’un cas concret : à l’OM, que je suis particulièrement, ce rôle sera confié à Imbula plutôt qu’à Romao. Et Alou Diarra n’aura jamais réussi à remplir cette tâche.

    Sinon, je pense aussi que le « false 6 » ultime actuellement est De Rossi. Uu joueur qui offre des solutions assez bas, mais n’est pas à proprement parlé l’organisateur du jeu de la Roma.

  12. Mèch Tuyot dit :

    Il apparaît normal qu’un joueur vienne faire ce travail, plus que l’épanouissement, je m’interroge sur le pourquoi maintenant ?

    Un profil comme Makelele ou Gattuso justifie qu’on les décharge de cette partie relance/solutions, ils font suffisamment bien ce qu’ils ont à faire, mais des gratteurs aussi efficaces il en reste ?

    L’utilisation du contre exemple Alou Diarra me parait parfait, c’est amusant d’ailleurs de voir que Laurent Blanc a tant aimé ce joueur alors qu’il semble capable de demander à Motta de reculer pour assurer ce rôle important, c’est qu’il a conscience des capacités et importance de ce poste en tant qu’entraîneur.

    Mais du coup, pourquoi Alou Diarra ?

    Après l’exemple Olympiakos ne me semble pas le plus flatteur pour ta démonstration, les Grecs auraient lâchés physiquement même sans cette variation tactique et les buts viennent de corner.

  13. Mèch Tuyot dit :

    Après je ne peux que valider le développement de ça, je joue DC et la relance longue n’étant pas mon atout majeur (c’est mon sourire, comme Michel Delpech) c’est pas forcément facile d’aller chercher des mecs qui tournent le dos au ballon et s’en vont en courant à l’assaut de la perte de balle rapide.

  14. Blingice dit :

    Nice utilisait une technique un peu similaire il y a 2-3 ans. La seule différence c’est que les joueurs étaient mauvais. C’était une bonne tactique utilisée à mauvais escient.

    Sinon concernant Arsenal on voit que les blessés handicapent toute l’equipe. Les absences de Chamberlain Podolski et Cazorla obligent Ozil à jouer côté gauche, donc Wilshere en 10 et Flamini à la recup. Quasiment sûr que Wilshere en milieu défensif aiderait à régler ce problème .

  15. lebowski dit :

    La 1e source de confusion autour de l’utilisation du mot « 6 », c’est que maintenant, dans les meilleurs clubs, on ne place plus le même type de joueur dans le rond central.

    Avant, les qualités exigées étaient d’être endurant, puissant, bon tacleur: les Deschamps, Makélélé. Et évidemment, ils n’ont pas complètement disparus de la circulation (Lucas à Liverpool, Mascherano avant sa reconversion, Gargano).

    Aujourd’hui, c’est plutôt qualité technique, jeu de passes, interceptions et les exemples sont Busquets, Carrick, Pirlo, Alonso, Motta, Martinez. Mais bien sur, la dimension physique n’a pas disparue parce que le poste est exigeant et Alonso et Motta sont des joueurs rugueux.

    Maintenant, y’a la nouveauté que l’article décrit remarquablement: chez ces nouveaux 6, y’en a qui en phase de possession reculent pour former une ligne de 3 à la relance.

    Et on peut même rajouter une autre nouvelle tendance: dans certains matches, certains jouent carrément en défense centrale à temps plein, dans une défense à 4: Martinez et San Jose à Bilbao, De Rossi, et hier Bender avec Dortmund après le remplacement.

  16. Raspou dit :

    Très bon article, comme souvent. Ce qui serait intéressant, c’est de lier ce phénomène aux systèmes en 5-3-2 / 3-5-2 utilisés il y a une vingtaine d’années, notamment en Allemagne: il me semble que des gars comme Sammer, Mattheus ou Olaf Thon étaient des libéros ayant le même profil que les « faux 6 », avec des arrières latéraux montant aussi beaucoup… D’une certaine manière, on redécouvre ainsi les vertus du 3-5-2 en phase de possession, la différence étant que quand on n’a pas le ballon, on défend à 4 et le faux 6 repasse au milieu, ce que le libéro classique ne faisait pas.

    Il me semble que ce sont des systèmes où les milieux offensifs latéraux ont vocation à repiquer dans l’axe, les défenseurs latéraux ayant un rôle majeur dans la prise des couloirs. Il y a là une patte commune qu’on retrouve chez Guardiola, Ancelotti ou Blanc, ce me semble: des axes centraux très denses et des latéraux très offensifs.

  17. Buggy dit :

    Tout-à-fait Raspou, c’est exactement ça : une défense à quatre qui libère simultanément ses deux latéraux en transition offensive grâce au mouvement inverse d’un milieu central.
    Ce « false 6 » prend une importance cruciale quand on se souvient du travail inverse de Hleb contre les bleus : gripper la charnière pour gêner la relance et paralyser les pistons latéraux. Hleb comme Motta ont des rôles liés à la problématique transition offensive des défenses à quatre.

  18. David dit :

    Je ne comprends pas très bien l’utilisation du terme « false ». Pour le 9 c’est très clair, mais le 6? Personnellement je trouve au contraire que Motta est un « vrai » 6, une sentinelle devant la défense. Il allie une qualité de passe et de relance au dessus de la moyenne (dans le jeu court essentiellement), et il est quand même un peu destructeur (vice). Ce n’est pas un golgoth, mais les 6 n’ont pas tous été des golgoths, si?

    Quoi qu’il en soit, n’y a-t-il pas un retour du 6 (milieu en losange, milieu à 3, 3-5-2 en Italie), et cela ne marque-t-il pas la fin (en tout cas le début de la fin) du 4-4-2 avec deux milieux défensifs à plats.

  19. Gaël dit :

    Super article et super développement. Je « plussoie » totalement ce qui est dit. D’ailleurs Carrick aussi fait partie de ce genre de joueur intelligent même s’il descend beaucoup moins souvent que Busquets ou Schweinsteiger maintenant.

    Ma question à moi, c’est pourquoi en Ligue 1 on privilégie surtout un 6 classique du XXè siècle. Le mec costaud qui gagne des duels et fait des passes à 3M mais qui est peu doué techniquement et tactiquement. L’impression qu’on ne veut surtout pas évoluer car l’idée prédominante est que pour ne pas perdre un match il faut absolument gagner des duels. (cf stade rennais sauce antonetti et girondins de bordeaux sauce gillot).

    A croire qu’ils ne veulent absolument pas voir ou accepter l’évolution du foot moderne.

  20. hamada jambay dit :

    @Raspou: oui mais comme tu le dis, en phase défensive le faux six remonte, le libéro couvre, et on nomme le système en fonction des lignes en phase défensive.

    @David: Macherano est-il un golgoth? Deschamps? Bon alors… Personne n’a défini de poste en fonction des qualités physiques.

  21. David dit :

    @hamada

    Et bien d’où mon interrogation, pourquoi le nommer un faux 6 alors que c’est un vrai. Cette analogie ne colle pas avec celle du 9.

  22. Corben dit :

    Merci pour cet article. Et merci aussi aux intervenants pour les commentaires. C’est quand même appréciable de trouver des analyses sur le foot de cette qualité, et des mordus qui en débattent ensuite dans les comm.
    Très intéressant.

  23. Alcibiades dit :

    A mon sens vous vous trompez en partis.
    Non pas sur l’apport du joueurs mais sur la sois disante modernité du type de joueurs.

    En effet ce que vous appelez « vrai »6 le costaud travailleur, est une réalité avant tout Française , ou alors une réalité d’équipe médiocre. (type Wimbledon dans les années 80-90 ou d’autre équipe anglaise ne pouvant miser que sur l’intensité physique).

    Mais Platini avec occupait déjà parfois ce poste ( il en occupait plus d’un) que ce soit avec la France ou la Juve ( sur internet vous trouverez des vidéos de ses matchs avec toute ses touches de balles, beaucoup le sont au niveau de la défense).
    Ensuite pour moi le fait de revenir bas ne définit pas le poste. N’importe qui peut le faire, que ce soit un 10 reculé, un Motta , ou un libéro.
    La véritable différence entre un Motta et un Pirlo(ou Verratti) est que le premier cherche à Nettoyer les ballons (le défenseur dégage en catastrophe ? Motta est là pour le contrôler et le redonnez rapidement en une Passe limpide)
    Pirlo lui est un joueurs résolument offensif, même s’il peut être placé entre deux défenseur, cherchant par la passe ou le dribble à attaquer.
    Quand au libéro il a, à mon sens, disparu du fait de l’augmentation de la capacité physique des joueurs et donc du pressing durant les années 90. Une équipe dont le jeu repose à la base sur un libéro étant en péril lorsque l’équipe à laquelle elle fait face met un place un pressing sévère sur celui ci. D’où l’obligation de donné ce rôle à un joueurs pouvant redescendre ou remonté en apportant le surnombre et donc en créant moins de danger.
    Quand à donné ce role à un joueurs plus laborieux techniquement comme toulalan, cela me semble hors de propos, la qualité demandé étant la justesse technique.
    Bref cette fonction a toujours existé simplement on l’a adapté en donnant ce rôle à d’autre du fait de l’évolution du jeu.

  24. dorcia dit :

    @Alcibiades : Platini n°6 ? Même si en son temps, Helmut Schön le traitait de général à jumelles – voir ses célèbres et longues ouvertures de 30-40 m – il ne redescendait que pour récupérer le ballon et relancer.

    Blanc a certainement depuis quelques matches demandé à ses centraux d’assurer la relance différemment, plus longue ( voir Alex avant sa blessure ) en évitant de passer par ses milieux défensifs ou les arrières latéraux.

    Après je ne suis pas sur que le jeu de Thiago Silva ne s’apparente pas à celui du libéro d’antan – ceci est un autre débat.

    En voyant hier soir rentrer Camara, j’ai eu une petite pensée à Kirikou….

  25. C. Moa dit :

    Merci pour cet article et pour les commentaires.

    « False 6 » ou pas, peu importe en fait le terme utilisé (c’est d’ailleurs l’objet des deux premiers paragraphes).
    Concernant Platini (ou Zidane, voire Rooney actuellement), il est normal de voir le meneur de jeu se balader partout sur le terrain, et donc de participer parfois à la relance. Ça n’en fait pas un « false 6 » pour autant, simplement un électron libre.

    Pour ce qui est de ce nouveau rôle, je pense qu’il serait intéressant de le lier aux autres postes du milieu pour expliquer comment les qualités de l’un profitent à l’autre. Mais on rentre dans de la tactique pure, à savoir comment mettre en place le 4-3-3 parfait !

    Je me trompe si je dis que vous préférez parler du rôle des joueurs plutôt que de la dynamique d’équipe ?

    Bonne continuation

  26. Parmenio dit :

    Article&commentaires très intéressants, c’est trop rare sur Internet.

    A propos des « faux » et « vrai » 6: selon moi, le vrai 6 est ce que l’on appelle une sentinelle devant la défense qui ne prend donc pas trop part à la construction du jeu mais dont le rôle est dévolu à la récupération et à la protection de la défense. Makélélé me semble un des meilleurs exemples de vrai 6. Les faux 6, pour moi, sont assimilés à des « box to box », ils récupèrent et se projettent vers l’avant, jouant un rôle de gratteur de ballons beaucoup plus haut sur le terrain, aujourd’hui Matuidi fait ça assez bien à Paris, Scholes étant surement la référence du genre.

    Dans cet article, il est question de « vrai 6 » prenant un positionnement en retrait, entre les deux CB lors de la construction du jeu. Et qui se repositionne en sentinelle devant la défense en phase défensive. Comme plusieurs coms l’ont fait remarqué, cela permet de passer dans un système en 3-X-Y en phase offensive et de s’appuyer sur un 4-A-B en phase défensive avec les deux latéraux qui se situe assez haut sur le terrain. De suite les options de constructions sont multipliés. Pour des équipes souhaitant construire au sol en partant de loin, c’est très bien vu. On peut s’étonner qu’Arsenal ne tente pas cette option au vu du déséquilibre que créait parfois la paire de récupérateur lorsqu’il évolue trop haut

  27. Professeur Magico dit :

    Ce que vous appelez « false 9 », n’est-ce pas ce qu’on appelle en France généralement 9 et demi ?

  28. Raphael Cosmidis dit :

    @Professeur : pas vraiment parce qu’un false 9 joue sans autre attaquant dans l’axe alors qu’un 9 et demi peut jouer derrière un 9. Les qualités sont similaires mais la définition du false 9 est plus restrictive.

  29. David dit :

    Magnifique article encore!
    Si je peux me permettre de vous conseiller de regarder de l’autre côté des Alpes chez vos collègues suisses les prestations de Fabian Frei (FC Bâle) en tant que false 6, vous seriez ravis. Il est souvent très bas à la construction et sa qualité de passe permet une première relance toujours juste. À mon humble avis, c’est l’exemple parfait de ce que vous illustrez dans votre article. Je n’irais pas jusqu’à vous demander de regarder la Super League suisse, mais si vous pouvez jeter un oeil sur ses performances en LdC, je suis sûr que vous apprécierez.

  30. tchou-tchou dit :

    Bonsoir, et merci à la fois pour cet excellent article, ainsi que pour les commentaires.

    Comme dit plus haut, je crois que cette stratégie est avant toute chose la parade « ultime » pour se dégager d’un pressing intensif d’une ligne d’au moins deux joueurs.

    On voit généralement ces séquences de constructions lorsque l’équipe qui tient la balle mène au score et qu’elle est en difficulté face au pressing (comme sur les illustrations, et pour Motta comme lors de la seconde période contre Benfica, par exemple).

    En phase « normale », la construction s’opère par la défense puis par Motta, cependant celui ci demeure plus haut que la charnière.

    Vous avez sûrement également remarqué que Verratti et Thiago Motta effectuaient des rotations, et ce sur la même phase de relance, à ce poste de « false 6 », encore une fois sur la seconde période contre Benfica. Ce qui paraissait encore plus efficace, c’est à dire un losange avec à deux pointes en rotation. Le PSG peut tenir un résultat et paraît gérer un pressing aggressif, c’est un atout.

  31. Ander Herrera, assassin à tête d’enfant - beIN SPORTS Your Zone - Partagez votre passion et votre expertise du sport dit :

    […] l’équipe qui lui fait face, problèmes brillamment développés par Raphaël Cosmidis dans L’épanouissement du “False 6″ à travers le cas parisien. Cette tendance tactique qui été l’une des clefs du succès du FC Barcelone de Pep […]

  32. Ander Herrera, assassin à tête d’enfant | entre deux dit :

    […] à l’équipe qui lui fait face, problèmes brillamment développés par Raphaël Cosmidis dans L’épanouissement du “False 6″ à travers le cas parisien. Cette tendance tactique qui été l’une des clefs du succès du FC Barcelone de Pep Guardiola a […]

  33. Wesley Sneijder, au service du collectif | Le Footovore dit :

    […] plus propre. Xabi Alonso, Thiago Motta ou Andra Pirlo symbolisent parfaitement l’avènement du « faux numéro 6 » que décrivent parfaitement les Dé-Managers. Aujourd’hui, Sneijder a évolué à de nombreuses reprises entre ses défenseurs et son numéro […]

  34. Les Dé-Managers : pour parler tactique, pas pour meubler. » Blog Archive » DE QUOI LE “FALSE” EST-IL LE NOM ? dit :

    […] le “false 9″ (inventé par Francesco Totti, transfiguré par Lionel Messi), le “false 6″ (brillamment incarné par Sergio Busquets ou plus rarement par Thiago Motta), et même les […]

Répondre