On ne compte plus équipes qui « penchent à gauche » – comprenez, les équipes dont le barycentre se déporte inévitablement vers le couloir occidental. Ces dernières années, chaque compétition majeure a ainsi été marquée par l’explosion de ceux que nous baptiserons gauchistas. De Fábio Coentrão à Frank Ribéry en passant par Cristiano Ronaldo ou Jordi Alba : tous auront propulsé à eux-seuls leurs équipes respectives, au point qu’on oublie presque aujourd’hui leurs homologues du couloir droit. Comment l’expliquer ? Et plus précisément : le football moderne est-il naturellement déséquilibré ?

IL Y SURPOPULATION CAR C’EST RARE

Analysons le problème de manière méthodique. Quels sont donc les facteurs endogènes qui pourraient expliquer l’importance du couloir gauche dans le football ? Traditionnellement, le côté gauche a longtemps été occupé par des gauchers… des gauchers naturellement plus rares dans la population. Or, comme dans de nombreux autres sports (les tennismens confirmeront), il est souvent moins intuitif de défendre contre un gaucher. Un gardien, par exemple, sera empiriquement plus familier des tirs du pied droit. Cette composante physiologique ne dit donc pas que les gauchers sont plus talentueux ; simplement qu’ils ressortent plus facilement du lot.

Crédit : cc Football.ua

Mais cela ne suffit pas à expliquer que le côté gauche soit aujourd’hui si important. En effet, si l’immense majorité des latéraux gauches sont encore gauchers, l’affirmation se vérifie moins du côté des ailiers. La tendance est même inversée dans les plus grands clubs : un grand nombre d’ailiers gauche sont aujourd’hui des ailiers inversés, c’est-à-dire des droitiers, leur permettant de repiquer dans l’axe pour déclencher une frappe. C’est le cas de Ribéry et Ronaldo dans leurs couloirs gauches, pour ne citer que les plus évidents.

AMBIDEXTROSE ÉQUIVALENT

Or, à quelques exceptions près (Messi avant son glissement dans l’axe, mais aussi Robben ou Silva), il existe finalement assez peu de gauchers jouant ailiers droits, et donc de couloirs droits ambidextres. Là encore, la rareté des gauchers explique qu’on préfère les former en priorité sur la gauche, et si possible latéraux. Résultat, les coachs n’ont qu’un intérêt très relatif à les faire jouer poste opposé.

Émerge alors une hypothèse : les couloirs gauches seraient potentiellement plus performants que les couloirs droits, parce qu’ils combinent plus souvent les deux types de pieds au sein d’un même espace, multipliant donc le nombre de combinaisons possibles : centres, passes, repiquages dans l’axe, une-deux avec les milieux de terrains… le coachs disposent plus d’une ample palette de choix à bâbord, et préféreront logiquement y développer leurs combinaisons les plus performantes.

Restent à analyser l’impact de cette situation physiologique sur le football contemporain. Pour mieux comprendre la situation, prenons deux cas emblématiques qui, chacun à leur manière, témoignent des conséquences qu’entraîne cette pesanteur du flanc gauche. D’un côté, l’Equipe de France, chez qui ce mauvais penchant ne date pas d’hier ; de l’autre, le Barcelone de Guardiola, qui en aura au contraire démontré toutes les potentialités.

LA FORCE CENTRIPÈTE-COUILLES

Commençons par les Bleus. Les années passent, les noms changent, mais les joueurs continuent à se marcher sur les pieds sur l’aile gauche. Il aura fallu attendre que Ribéry flirte avec le Ballon d’Or pour que les joueurs arrêtent de se battre pour ce poste… ce qui n’empêche toujours pas l’ensemble de l’escouade offensive de venir s’agglutiner autour de lui. Qu’il s’agisse de Giroud et/ou Benzema lors des derniers matchs éliminatoires (Géorgie et Biélorussie), ou de Nasri, Gignac, Malouda et Valbuena lors du dernier Euro, tous ont eu tendance à s’approcher inexorablement du côté gauche.

La première saison de Deschamps en est d’ailleurs le parfait résultat : la moitié des 11 buts de l’Equipe de France est arrivée côté gauche, contre un seul côté droit (un centre-tir de Jallet passé à la postérité). Mais la situation était déjà la même en 2009/2010. On se rappelle évidemment des décrochages d’Anelka, et du côté droit qu’il laissait orphelin derrière lui (exemple contre les Féroé, et bien entendu en Afrique du Sud, en particulier contre le Mexique…) Mais n’était-il pas lui-même victime de la pesanteur exercée par la moitié gauche du terrain, et dans l’incapacité de résister à cette force centripète ?

LOST IN TRANSLATION VECTORIELLE

Penchons-nous maintenant, une fois n’est pas coutume, sur le cas Guardiola. D’aucuns rétorqueront de suite : Barcelone est l’une des équipes les plus équilibrés qui soient. C’est totalement vrai, mais c’est précisément parce que Guardiola a tout compris au côté gauche que son équipe a pu atteindre ces zéniths. Le Catalan disposait pourtant d’un couloir droit de premier choix : Messi en ailier inversé, soutenu par un Daniel Alves en folie. Il aurait pu en profiter… mais non.

Plutôt que de choisir la facilité, quitte à se contenter d’ailiers gauche de classe moyenne ou de buteurs tristement reconvertis à ce poste (les fantômes de Henry et Villa), Guardiola a préféré décaler légèrement Iniesta vers la gauche, entraînant avec lui l’ensemble de l’équipe… jusqu’à permettre à Messi de glisser dans l’axe. Autrement dit, et c’est tout le génie paradoxal de ce choix : Guardiola a trouvé dans ce couloir gauche un moyen de sacrifier l’une des plus belles promesses du football moderne (un gaucher tel que Messi en sniffeur de ligne sur le couloir droit, beaucoup de coachs en rêveraient), au profit d’une rééquilibrage de son équipe et le succès qu’on lui connaît.

Ce faisant, Guardiola a prouvé une nouvelle fois qu’il avait tout compris au football du futur : le couloir gauche est, par la force des choses, plus performant que le couloir droit, y compris si les joueurs qui l’intègrent n’y ont pas été formés. Qu’ils soient en plus gauchers renforce leur distinction, mais ce n’est finalement qu’un détail de l’histoire. Chaque équipe souhaitant faire un pas vers des lendemains qui chantent devrait donc avoir deux choses à coeur : former des gauchistas… sans oublier de leurs apprendre à défendre contre ceux que formera l’adversaire.

Philippe Gargov

25 commentaires

  1. Charlot dit :

    J’aurais tendance à penser que la cause de ce basculement à gauche est plus à chercher dans le fait que tout droitier est plus à l’aise en ayant la ligne de touche sur sa gauche (côté faible dès lors sécurisé et tout le terrain ouvert pour son pied droit) et donc que toute équipe composée d’une majorité de droitiers aura tendance à pencher vers cette ligne gauche.
    Ce qui ne remet pas en cause la pertinence de Guardiola; ce type réfléchit et doit bouffer de la data!

  2. Jude dit :

    Le bayern de Guardiola penche aussi du côté gauche(ou plutôt riberyesque). D’ailleurs, lors de la supercoupe contre Chelsea, on n’a quasiment pas vu Robben ou Muller.
    Globalement, c’est un problème séculaire puisqu’à l’euro 2004 déjà Zidane et Pirès penchaient eux aussi à gauche.
    Pour mettre son meilleur joueur (souvent un droitier) dans les meilleurs conditions, un entraîneur préfèrera le mettre à gauche.

  3. Tranquillo Barnetta dit :

    Plutôt d’accord avec le commentaire précédent. Le football moderne a tendance à décaler le 10, le joueur dominant, sur un côté. Et dans le foot actuel, ce joueur veut marquer, donc jouer à gauche lui permet de repiquer pour se mettre en position de frappe. A mon avis c’est pas plus compliqué que ça, le 10 d’une équipe joue maintenant à gauche, en tout cas son leader offensif, joue à gauche.

  4. johan dit :

    je crois que le vrai problème n’est pas celui du nombre restreint de gaucher mais de la propension de gaucher jouant inversé a toujours rentrer dans l’axe cars il non pas de pied droit. le problème ne ce pose pas pour les droitier qui a ce poste font travailler leur pied gauche pour s’offir une plus large palette. certains aurons un pied gauche tout juste honnorable ( ribery) d’autre excéptionnel (arshavin a ça grande époque en est l’exemple parfait), alors que pour les gaucher rien les robben messi mata(à valence) di maria, hulk, bastos,.. rien pas de pied droit.c’est la formation des joueur gaucher qui est a remettre en question, en leur fesant travailler les deux pied et paas juste le gauche

  5. Silkman dit :

    Désolé de pinailler, mais ce serait bien d’arrêter d’utiliser « occidental » ou « oriental » pour parler de positions sur un terrain. À Wembley, le couloir occidental, il est occupé par un gardien de but.

  6. Philippe Gargov dit :

    @Silkman : je te remercie de pinailler, car cela prouve que tu as pris le temps de lire ce texte. Et donc de remarquer que le terme incriminé n’est utilisé qu’une seule et unique fois, par pure commodité stylistique.

    Je me permettrai d’ajouter que ta remarque, parfaitement pertinente, souligne néanmoins une certaine intransigeance à différencier deux référentiels : celui du terrain en lui-même, et celui du territoire dans lequel il s’inscrit. Le terrain étant ici considéré comme un espace à part entière, il semble naturel qu’il ait donc son propre référentiel.

    Autrement dit, l’Occident de Wembley correspond bien à la largeur du terrain, mais l’Occident *de la pelouse* de Wembley correspond à ce que l’on appellera couloir gauche… dans le référentiel d’une des deux équipes impliquées. Par pure commodité stylistique, encore une fois.

  7. hamada jambay dit :

    Cher Gargov,

    Je ne rate aucun de vos articles, même si je les aimerais plus long, plus argumentés, et peut-être, parfois, moins centrés sur les meilleures équipes et vedettes et un peu plus sur la L1 (trop ennuyeuse pour vous?) En fait, sincèrement, j’adorerais lire une analyse du jeu marseillais -une fois qu’il sera plus abouti? Car malgré tout j’aime beaucoup votre manière d’analyser.

    J’ai cependant envie de pinailler avec Silkman: occidental et oriental s’utilisent dans des cas précis (régions ou cultures du Monde, Lorient, à l’occident de la France port vers l’Orient) mais dans un référentiel, il faut un repère de Frenet, où orient donnerait un vecteur tangent au cercle et occident son contraire, définissant chacun un sens de rotation. Orient, désigne le sens dans lequel s’effectue la rotation de la Terre puisque le soleil s’y lève, occident est donc le sens contraire de la rotation. Le terrain de football étant plat, cela devient inepte. Ce dernier n’est pas en rotation, si ce n’est celle de la terre.

    Quant à parler du référentiel des équipes, le couloir gauche pour l’une devenant le droit pour l’autre je n’ai guère compris votre remarque si ce n’est comme une tentative d’enfumer votre interlocuteur pour avoir le dernier mot.
    Étant coutumier du fait, je me suis permis d’intervenir.

    Merci pour votre travail.

    Respectueusement.

  8. Philippe Gargov dit :

    Cher hamada jambay

    Je comprends tout à fait ta première remarque, et j’y pense d’ailleurs à chaque fois que j’écris un article. Malheureusement, plusieurs biais m’empêchent de répondre par la favorable : d’abord, parce que je regarde assez peu de Ligue 1, à part Marseille et quelques gros matchs ; mais aussi et surtout parce que je ne suis tout simplement pas bon dans l’analyse d’une équipe, préférant me focaliser sur des questions de tendances plus abstraites, plus « méta ». Mes compères Raphaël et Christophe sont bien plus pertinents que moi sur ce type d’articles (cf. le dernier en date sur Thauvin, par exemple)

    Le problème de pinailler sur ce type de termes, ce n’est pas tant le pinaillage lui-même (pertinent, comme je l’ai dit) que la frustration que cela provoque. Comprendre : on se casse les doigts à écrire des textes de 7 000 caractères sur des questions que personne ne se pose vraiment, pour ne recevoir au final qu’un commentaire dénonçant la présence d’un mot de 10 caractères, utilisé une seule fois, et par pure effet de style.

    Etant géographe de formation, tu te doutes que j’en ai soupé, des débats sur la différence entre « gauche » et « occidental ». J’ai juste souhaité étayer mon texte d’un soupçon de synonyme, car il faut bien admettre qu’il n’y a pas tant de synonyme de « gauche » que ça. Alors se taper un commentaire comme ça, après le temps d’écriture et de recherche mobilisées, c’est frustrant.

    Par contre, tu lances un intéressant argument, qui démontre les biais sémantiques qui existent autour de ce mot. Ainsi, le terme « occidental » peut désigner une direction, mais aussi l’appartenance à une culture aussi floue qu’invalide sur le plan géographique. Si l’on pinaille pour l’utilisation « d’occidental » à propos d’un couloir de football, alors pinaillons pour toutes les occurrences rencontrées dans les médias à propos de l’Occident, et de la civilisation occidentale. On me rétorquera que le terme a évolué avec l’usage ; je répondrai que c’était précisément mon but ici : institutionnaliser un nouvel usage. Après tout, un peu d’étoffe lexicale ne serait pas de trop dans ce monde de foot.

    Quant à ta dernière remarque, je peux jurer sur la moustache de Domenech que ce n’était pas uniquement pour avoir le dernier mot. Juste pour rappeler qu’il aurait été tout aussi pertinent de pinailler sur l’usage abusif des expressions « couloir gauche » et « couloir droit » dans le foot, celles-ci faisant nécessairement référence à une seule des deux équipes impliquées. Le débat aurait pu faire émerger de vraies problématiques quant aux champs sémantiques utilisés dans le football, et à leur profonde injustice sociale. Bon, d’accord, c’était aussi pour avoir le dernier mot.

  9. AlbertChwompf dit :

    Le couloir de mauvais augure est-il supérieur parce que les défenseurs de tribord sont moins bons ?

  10. Bowthan dit :

    Je pense surtout que l’influence du Barça qui est le modèle de ces dernières années fait que. Mais lorsqu’une autre équipe qui n’aura pas les mêmes penchant se mettra à dominer la planete foot alors on passera à autre chose.

    Après tout à la fin des années 60 c’était le catenachio, puis dans les années 70 le football total d’Amsterdam (un peu l’opposé), à la fin des années 80 le coté tactique de Sacchi. Le football c’est aussi une affaire de mimétisme. On copie ce qui marche.

    Déja la, le Barça semble perdre un peu de sa superbe et le football allemand armé pour prendre le relais. Est ce qu’il penche à gauche ? Le coté droit du Bayern par exemple avec Lahm et Robben n’a rien à envier au coté gauche. Il faudrait voir pour Dortmund.

    Après pour être honnete un ailier ou milieu droit de qualité n’est pas si évident à trouver. Des clubs peuvent mettre des années avant de trouver un remplaçant valable. En attendant des joueurs peuvent « dépanner ».

    Bon ça peut être aussi le cas à gauche mais moins il me semble. Car c’est moins évident.

  11. Marcinho dit :

    Hello

    Vous aviez déjà écrit un article sur les faux ailiers gauche, je trouve celui la plus complet.
    Je pense juste qu’il y a 2 omissions/questions non posées :
    – pourquoi il n’y à plus de bons joueurs à droite ? Selon moi parce qu’il y a peu de gauchers et qu’un droitier doit être rapide, comme Walcott ou Lennon
    – prendre l’exemple de Barcelone est un peu trompeur, car combien d’équipes ne serait ce que parmi les 32 qui jouent la C1 peuvent faire cette mutation tactique et gagner ? Pas beaucoup, je,pense que Guardiola a senti,une évolution de son équipe mais qu elle ne sera pas généralisée avant 5 ans, et encore s’il n’y aura taps eu de nouvelles modes d’ici là
    P.s : ne te prends pas la tête sur « occidental » franchement l’article est vraiment sympa pour ne pas se faire suer a repondre à ce genre de commentaires.
    Biz

  12. Marcinho dit :

    2 précisions : je trouve le dernier article plus complet

    Je pense que c’est dur d’être ailier droit et droitier car il faut être rapide comme Lennon et Walcott

  13. Philippe Gargov dit :

    @Bowthan : Certes, mais la question n’est-elle pas justement de savoir pourquoi les bons latéraux droits sont si peu nombreux ?

  14. the 4th Monkey dit :

    Nostradamus Larque nous avait prevenu: « A Gauche, A Gauche, A Gauche!! »

  15. hamada jambay dit :

    Oui. En effet pourquoi ne pas étoffer un peu le champ lexical appauvri par une étendaison de l’incultance qui dépasse l’entendure dans les milieux footeux. Bon après, la profonde injustice sociale des champs ´semantiques, là je dis joker.

    Si vous regardez Marseille, et que vous avez une fois encore le désir de gratter quelques milliers de caractères je prends. Ce soir, par exemple, on reçoit une petite équipe alsacienne. Je ne sais pas si c’est retransmis à la télé, mais on sait jamais.

  16. Bakou9 dit :

    Tout d’abord félicitations pour ces articles qui, comme cela est souligné répondent à des questions que peu de gens se posent.
    Cet article est pertinent dans l’ensemble mais une remarque me semble à faire en ce qui concerne les latéraux.

    En effet, par le passé le poste d’arrière gauche était clairement celui qui concentrait les meilleurs spécialistes des défenseurs de coté (Facchetti, Maldini, R.Carlos, Zambrotta ou encore Lizarazu pour n’en citer que quelques uns). Mais ce rapport semble s’être inversé ces dernières années et les meilleurs représentant des « latéraux modernes » semble jouer à droite : D.Alvès, Maicon (qui est/fut mon joueur préféré bien qu’étant plutôt supporter milanais), Ramos, Rafael, Azpilicueta (qui m’impressionnait beaucoup à l’OM), Zabaleta…

    Peut être que cela s’explique par le fait que nombre d’entre eux sont des milieux de formation qui « redescendent » au cours de leurs carrières (à l’inverse des arrières gauche qui pour certains « montent » tel Gareth Bale). Et que cela leur permet de mieux s’adapter aux exigences Ou juste parce que l’on assiste à une pénurie d’arrières gauche.

    Je n’ai pas de réponse mais je trouve que ce phénomène (les meilleurs AD aujourd’hui meilleurs que les AG) est notable. En tout cas pour quelqu’un comme moi étant venu au football au début des 90’s.

  17. hamada jambay dit :

    Oui, Azpi était au top mondial quand il jouait à l’OM.

  18. Mathias dit :

    @Bakou9: Tu l’as dit toi-même, la pénurie d’arrières gauche est en partie due à cette (fâcheuse) tendance qu’ont les coachs à replacer les AG talentueux en ailiers. Ainsi j’aurais personnellement préféré voir Bale et Bastos devenir de brillants arrières offensifs associés à des ailiers spécialistes. La frilosité ambiante semble pousser les technicien à aller dans le sens inverse avec des entraineurs qui n’hésitent plus à faire monter d’un cran leurs arrières dès le coup d’envoi pour « verrouiller » ou pour répondre à l’absence d’un ailier de métier (cf: les replacements occasionnels de Marcelo, Coentrao, Kolarov,voire Morel^^). La défense à 3 est peut-être la solution pour exploiter au mieux ce type de profils…

  19. Sancho dit :

    Il faudrait peut-être prendre le problème sous un autre angle. Si le jeu penche a gauche, c’est la conséquence de l’évolution du jeu vers des attaques qui passent plus par l’axe et moins par des centres depuis les ailes.
    Au temps du 442, c’était plus logique d’avoir deux joueurs gauchers sur la gauche pour pouvoir:
    – dribbler sur la ligne de touche
    – déborder
    – se protéger du défenseur et avoir le temps de s’appliquer au centre vers les deux attaquants axiaux

    Mais avec des systèmes à un seul attaquant de pointe et peu de milieux pour arriver à couper le centre, il vaut mieux un joueur capable de venir dribbler vers l’axe et trouver un décalage pour une passe entre les lignes vers un attaquant, voire frapper de loin. Et dans le jeu actuel, le joueur que l’on recherche systématiquement dans les phases offensives, c’est justement ce dribbleur capable de passer les lignes et créer un déséquilibre dans la défense adverse.

    Or, comme Philippe l’a signale dans son article, les gauchers sont plus rares, donc il y a forcement plus de chances que cet « ambianceur » soit droitier. Donc, on le trouvera à gauche et le jeu passera forcément plus souvent par ce côté, d’où une tendance à pencher à gauche.

    Les gauchers de ce profil dans les gros clubs sont plus rares: Messi, Özil, Robben, Mata, Silva, Di Maria. Si certains ont démarré à gauche, ils jouent tous maintenant à droite ou dans l’axe. Droitiers: Ribery, C Ronaldo, Iniesta, Oscar, Nasri, Cazorla, Nani, Hazard, Neymar… des mecs qui ont tendance a plus garder le ballon de leur côté.
    Quand à l’ailier droit droitier « classique », il joue généralement un rôle de:
    – faux 10 à la Müller
    – deuxième buteur à la Pedro
    – mec qui sert à rien à la Lacazette ou Briand
    Rares sont les Walcott ou Jesus Navas…

  20. Padls dit :

    Bonjour,

    Je ne rate moi non plus aucun de vos articles qui ne laissent pas de m’enthousiasmer à chaque fois. Grâce à vous (et à Zonal Marking pour ne pas les citer) je prends enfin du plaisir à regarder le foot.

    Pour rebondir sur votre réflexion concernant les importantes mutations que subissent certains postes, pensez-vous vous pencher sur l’apparition de « false keeper » – depuis quelques temps déjà en Angleterre et plus récemment en France avec Apoula Edel ?

    Merci

  21. Manuelito dit :

    « Mais la situation était déjà la même en 2009/2010. On se rappelle évidemment des décrochages d’Anelka, et du côté droit qu’il laissait orphelin derrière lui (exemple contre les Féroé, et bien entendu contre l’Afrique du Sud…) »

    L’auteur n’aurait-il pas voulu dire « bien entendu contre le Mexique… » ? Parce que contre l’Afrique du Sud, Anelka n’a pas tellement joué dans la mesure où il avait déjà pris l’avion et laissé ses camarades dans le bus.

  22. Philippe Gargov dit :

    Très bonne remarque… Il fallait bien sûr lire « en Afrique du Sud ». Corrigé !

  23. Professeur Magico dit :

    Je note que les joueurs septentrionaux coûtent généralement plus cher lors des transferts que leurs homologues austraux.
    Selon la nouvelle acception d’occidental et oriental définie ici, on aura compris que je veux dire que la valeur moyenne d’un attaquant est supérieure à celle d’un défenseur).

    Quant à moi je nomme le couloir droit d’une équipe son couloir libéral ou conservateur, Ribery occupant bien sûr le côté socialiste, ou hippie de l’équipe.

    Admettez, M.Gargov, que cela va un peu loin et qu’il eût été préférable de reconnaître à la première occasion que cet « occidental » (qui nous a tous fort surpris en le lisant) était simplement malvenu.

    La simplicité a du bon.

    La qualité (et surtout la profondeur) de vos articles reste meilleure, n’en doutez pas, que ce que l’on peut trouver sur Canal, Bein ou RMC, je venais juste jouer le mauvais bougre par frivolité.

    Amicalement

    Professeur Magico.

  24. Philippe Gargov dit :

    Vous avez gagné, et avec les félicitations du jury pour ce commentaire envolé.

    Frivolement vôtre,

    Philippe Gargov

  25. Chguy dit :

    Bonjour, et merci pour la possibilité offerte aux internautes que nous sommes de prendre un peu de hauteur entre deux brèves lues sur footmercato.

    Je me permets de soulever une autre hypothèse.
    N’est-ce pas au moins en partie dû à la plus grande facilité technique des gestes impliquant une relance côté gauche?
    Je m’explique. D’intuition,(n’ayant pas fait d’études statistiques en la matière) je pars du postulat que le premier relanceur aura tendance à se trouver, en position moyenne, dans l’axe et sera la plupart du temps droitier. Le geste technique le plus simple et le plus rapide (entendu au sens de n’impliquant pas de mouvement ou de touches de balles supplémentaires) pour faire une passe au sol reste, je pense, le plat du pied. Or, avec un tel geste effectué par un droitier (en position moyenne, buste vers le but adverse, parallèle à la ligne médiane), la balle aura tendance (de par la courbe de la trajectoire induite par la technique de passe), à moins de jouer sur la position du pied ou la surface de contact, à être orientée plutôt à gauche qu’à droite. Mécaniquement cela conduira, statistiquement, à débuter plus de phases de jeu à gauche, et, à moins de renverser le jeu (ce qui d’intuition, ne doit avoir lieu que dans un nombre de cas limités), c’est là qu’elles se finiront.

    Cela pourrait être moins vrai avec des équipes disposant de joueurs techniquement à l’aise au milieu (et surtout en 6), mais même les grands à ce poste doivent être au moins en partie conditionnés par des schémas de jeu répétés depuis 30 ans, et par leur coach qui leur hurle depuis tout petit de « jouer simple  » et de « lâcher la balle ».

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