Le football de demain se jouera-t-il en 0-10-0, comme le prophétisait Scolari ? (SoFoot #63). Ou, pour le dire plus réalistement, les différences entre les lignes vont-t-elle finalement s’estomper, fusionnant dans un tout homogène ? (Slaven Bilic) De nombreux signes convergent pour répondre par l’affirmative. Pourquoi ? Comment ? Et surtout, avec quelles conséquences ?

RÉFÉRENTIEL

Des ailiers qui jouent meneurs-buteurs (Messi), des renards déportés sur l’aile (Ronaldo), des meneurs relocalisés devant la défense (Pirlo, on en reparle bientôt) ou dans un couloir (Iniesta), et des buteurs qui prétendent carrément pouvoir jouer aux « onze positions »… C’est l’une des évolutions les plus symptomatiques du football contemporain : la différenciation des postes s’érode progressivement, au point de ne plus faire sens pour décrypter un match. Cette hybridation croissante des fonctions sur le terrain se manifeste dans les limites de notre vocabulaire analytique. Faute de mieux, on bricole des mots-valises pour tenter de définir certains rôles émergents. « Faux n°9 », « renard des couloirs », « ailier axial » ou encore « Makelele » et « Busquets role » : autant de néologismes qui démontrent combien le référentiel d’hier est obsolète pour exprimer les mutations d’aujourd’hui.

HÉRITAGES

Les origines de cette mutation sont en réalité plus anciennes, prenant racine au sein des deux principales évolutions tactiques de ces cinquante dernières années. En premier lieu dans le football total, qui faisait de l’hybridation le cœur de son projet (« Le principe du football total est basé sur la participation de tous les joueurs à toutes les phases de jeu, offensives ou défensives »), et qui aura influencé de manière implicite le football contemporain. En second lieu dans le pressing, dont la démocratisation aura considérablement transformé le visage du football à partir des années 90 (Le football, c’était mieux avant ?)

Logique : pour pouvoir effectuer un pressing, un joueur offensif devra nécessairement intégrer des notions défensives, qu’elles soient tactiques (placement, coordination) ou techniques (interceptions, tacles). Dans le même temps, un joueur défensif devra acquérir et/ou optimiser quelques fondamentaux techniques jusqu’alors relativement absents de sa formation (dribbles et passes en situation de pression), contribuant là encore à élargir sa palette technique.

HOMOGÉNÉISATION

Ce faisant, les frontières entre les postes tendent à s’harmoniser autour d’une relative polyvalence. Lorsqu’elle est exacerbée, comme c’est aujourd’hui le cas avec Barcelone, cette polyvalence devient un dogme tout-puissant s’incarnant dans l’une des innovations tactiques les plus fascinantes qui soient : le football sans attaquant – en réalité un football de milieux de terrain, comme nous l’expliquions ici sous un titre trompeur (Guardiola, le football sans attaquant, paragraphe « L’ether du milieu »). Prenons pour témoin la raréfaction du renard des surfaces, autrement dit de l’attaquant « à l’ancienne ». Son éviction des terrains est des plus naturelles. On reproche au renard son manque de contribution au jeu collectif (parfois injustement). Autrement dit, on l’accuse  de ne pas être assez compétent dans des domaines autres que ceux qui le définissaient hier, lui préférant donc des joueurs à la gamme plus étendue. Conséquence indirecte, la polyvalence des joueurs contribue à la complexification des stratégies envisagées. C’est le fameux « casse-tête » du sélectionneur, qui doit organiser sur le pré des profils par trop similaires (exemple à Liverpool : How to solve midfield puzzle ?). Barcelone a pourtant montré qu’il était possible d’aligner un nombre incongru de milieux de terrain sur la feuille de match… à condition de respecter quelques principes structurels.

DIFFUSION

Le cas catalan nous renseigne en effet sur un facteur élémentaire de cette hybridation : le rôle de la formation dans la redéfinition du football à venir. Toute innovation à succès tend à être imitée, avec un certain temps de latence, suivant un schéma d’appropriation bien rodé. Concernant le football de milieux de terrain, il y a les inventeurs (Spalletti puis Guardiola), les early adopters (le Japon lors de la Coupe du Monde 2010), les équipes dont le succès contribue à cimenter la nouvelle norme (l’Espagne lors de l’Euro 2012), et enfin le corps de garde des équipes suiveuses (du PSG avec Ménez en pointe, en passant par QPR tout récemment, les exemples sont légion cette saison ; et pourquoi pas le Brésil en 2014…)

Aussi commentée soit-elle, cette évolution n’est que la partie émergée de l’iceberg. La véritable mutation devrait véritablement se faire sentir lorsque les jeunes footballeurs, actuellement en formation, pénétreront sur le marché professionnel d’ici trois à six ans. Ces jeunes auront en effet ingéré, et les préceptes évoqués plus haut, et les enseignements du succès catalan : une meilleure qualité de passe pour l’ensemble des postes, les fondamentaux du pressing haut, le rôle du gardien-libéro, etc. Le brave Pablo Correa s’en était d’ailleurs indirectement – et maladroitement – fait l’écho, pointant le mal que ferait le Barça « aux générations à venir, car toutes les équipes ne peuvent pas jouer comme ça » (Guardiola VS Correa). L’erreur de Correa est justement de penser l’évolution du football dans les carcans de ses référents contemporains : si le Barça est à l’heure actuelle la seule équipe à pouvoir jouer comme cela, rien ne dit que ce sera le cas chez les générations futures, dont la formation aura donc administré les compétences requises.

ÉQUILIBRAGES

Faut-il pour autant craindre l’hégémonie du « match de handball », comme on en fait régulièrement le procès au système catalan ? A priori, le bon sens voudrait que oui : si davantage de jeunes apprennent à mieux conserver la balle, le football du futur ne pourrait qu’être attentiste à l’extrême… Mais c’est oublier qu’un match se joue précisément à deux. En face, les joueurs maîtriseront eux aussi les fondamentaux pour contrer cette possession de balle. Cela passera d’ailleurs par une seconde variation du modèle catalan, et sa fameuse règle des « six secondes » (vidéo) : un pressing total, voire totalitaire, qui implique une coordination extrême des joueurs… et donc, in fine, une acuité dans le placement qui fait encore défaut chez une majorité de footballeurs. S’il est pratiqué des deux côtés, ce pressing mutuel permettra d’équiliber les possessions de balle, voire de favoriser les attaques rapides en profitant des espaces laissés vacants.

RÉAPPROPRIATION

Attention : il ne s’agit pas ici de copier-coller le modèle catalan, mais de considérer que ses principes fondateurs seront inévitablement intégrés dans l’ADN des prochaines générations. Si ce type de stratégie semble effectivement s’inscrire dans le Zeitgeist ici décrit, il est évident qu’une réappropriation sur-mesure soit nécessaire, plutôt qu’une vulgaire contre-façon des préceptes guardiolistes. Dès lors, rien n’implique que cela doive passer par un contrôle excessif du ballon, qui est n’est qu’une philosophie jusqu’au-boutiste tirant justement parti de ces qualités. On notera d’ailleurs que la possession de balle du Barça est aussi liée à la manière dont les équipes adverses défendent : sur le reculoir, par peur de libérer un espace en partant au pressing. A l’inverse, le cas de Bilbao – Barcelone, en 2011, a démontré les vertus d’un pressing agressif pour limiter l’aisance catalane (« We’ve never played against a team who were so intense, so aggressive, and has denied us so much space », dixit Guardiola).

OUVERTURE

On peut raisonnablement supposer que cette confrontation de joueurs polyvalents contribuera à accélérer un peu plus le tempo des touchers de balle (Le football devient-il plus rapide ?), à défaut de stimuler plus globalement celui du jeu. La construction des attaques devra en effet tenir compte de ce pressing intensif, notamment en termes de placement : avec une fraction de seconde en moins pour passer la balle, un joueur aura tendance à viser le partenaire disponible le plus proche (possiblement un joueur en retrait), obligeant celui-ci à davantage de mobilité pour s’extraire du marquage et se projeter vers l’avant. Loin du pessimisme ambiant, l’hybridation des postes pourrait donc favoriser la participation des joueurs dits défensifs à la construction de l’attaque, et surtout l’essor des combinaisons de petits espaces (une-deux, triangulations de courtes distances, etc). Vieille arlésienne du football, ce dernier élément pourrait d’ailleurs profiter aux joueurs de futsal, dont la pratique étaye justement ce panel technico-tactique (The football greatest forged by futsal) Cela implique surtout, pour les entraîneurs concernés, d’apprendre à dépasser les référentiels actuels afin de transmettre aux jeunes joueurs cette grille de lecture inédite, hors des définitions obsolètes qui veulent qu’un joueur de tel profil ne puisse jouer qu’à tel poste. C’est précisément le virage qu’a ratée la France avec son mono-recrutement douteux (Pas de blacks, pas de problèmes ?). Ce changement de mentalité, nécessaire et salvateur, pourrait alors ouvrir la porte des centres de formation à des joueurs au profil nouveau, entraînant un renouvellement rafraîchissant du football moderne. Philippe Gargov

35 commentaires

  1. Man U dit :

    Barcelone et le système ‘sans-attaquant’ constitue une faiblesse dans leur jeu. Face à un pressing adverse haut et intense, les catalans ne peuvent pas opérer et profiter de la position haute de leurs adversaires, s’ils récupèrent la balle, en contre à cause de leur défaut de profondeur qu’offrirai un attaquant.

  2. daflalo dit :

    si on se dirige vers une génération qui sait faire des contrôles et des passes propres, alors je dis oui !
    je suis toujours étonné de la faible qualité technique globale quand je regarde un match… pour moi la vraie force du Barça, que j’abhorre par ailleurs, est d’avoir des joueurs hyper propres techniquement, Messi, Busquets et Iniesta en particulier.

    pour moi c’est moins une question tactique, car on réinvente l’eau chaude à chaque génération : le hors jeu en ligne, le football total, le kick & rush, le 433 tout puissant,…. les systèmes se suivent, iconoclastes ou revendiquant un héritage bien précis, mais les qualités intrinsèques des joueurs semblent perdurer, et l’article le souligne justement. on ne va plus demander à un défenseur de bouger physiquement son adversaire, mais aussi de relancer proprement par exemple. à mon avis l’évolution du football passe surtout par cela : l’amélioration générale du niveau technique à chaque poste. et c’est ce dont nous avons le plus besoin, a fortiori dans notre formation à la française totalement basée sur l’aspect physique et la prise de risque offensive très timide et désorganisée

  3. Redondo dit :

    @man u : ce sont les formidables matchs de manchester en finale de CL qui te font dire ça ? Blague à part, tu confonds deux choses. Oui, le Barça a du mal face à un pressing très haut – ce que le Réal est capable de faire pied au plancher pendant les 30 premières minutes de chaque classico, ce qu’avait fait Bielsa, ce que Pellegrini ou Ossasuna ont proposé très récemment. (Petit aparté, l’article a raison de souligné que, contrairement aux idées reçues, ce sont contre des équipes plus agressives, plus joueuses que le Barça a du mal, et non pas contre des bus qui ne réussissent que par miracle type Chelsea 2012).

    Pour en revenir, à ce que tu disais MU, est-ce vraiment la faute du faux 9 ? Ou est-ce plutôt la culture attentiste barcelonaise ? Parce qu’il est inexact de dire que la profondeur n’existe pas au Barça. Il suffit de regarder les appels de Pedro (ou ceux de Sanchez / Villa lorsqu’ils sont alignés à gauche) : Xavi, Fabregas ou Messi y répondent rarement. Il s’agit plutôt de faux appels permettant de libérer de l’espace pour le faux 9 – ie. Messi ou Fabregas / Sanchez lorsqu’ils permutent.

    Par ailleurs, le fameux 5-0 de 2010 prouve que le Barça peut tout à fait utiliser cette profondeur. C’est simplement une palette de leur jeu que les catalans utilisent moins. Sans doute aussi parce qu’ils n’ont finalement que très peu de possibilités de contre. Depuis le 5-0, qui s’est véritablement lancé à l’assaut du Barça ? Pas grand’monde. Même les équipes qui les pressent haut le font en limitant les espaces.

    A part ça, très bon article. Néanmoins, pour le pressing, on le doit beaucoup au Milan de Sacchi, non ?. Ou alors, je me fourvoie totalement dans l’histoire du sport.

    Dernier point, le faux 9 de Spalletti, il y a une différence majeure avec Guardiola : lorsque l’italien décide d’utiliser Totti dans ce registre, c’est parce qu’il s’adapte à son effectif puisque si je ne me trompe pas tous ses attaquants sont blessés. A l’inverse, Guardiola, c’est assumé et réfléchi : il choisit Messi en faux 9 plutôt qu’Ibrahimovic – qui malgré tout le mal qu’on peut penser de lui (invisible dans les grands rdv, égoïsme, etc) demeure l’un des meilleurs 9 de cette génération.

  4. daflalo dit :

    moi il y a quand même un contre-exemple ahurissant qui me frappe quand on parle tactique et systèmes « complexes » : Man Utd gagne en boucle depuis des années avec un bon vieux 442 à plat, avec des défenseurs centraux musclés et lents, et des ailiers naturels qui centrent sur chaque côté… je caricature un peu, mais en gros c’est ce qu’il se passe. Cole-Yorke c’est bien moins fort que Messi-Iniesta, mais ça a gagné aussi. du rôle tout à fait relatif de la tactique… parfois un team spirit très fort et une propreté technique suffisent

  5. Redondo dit :

    @peut-être est-ce dû à l’affligeante absence de culture tactique en PL ? MU gagne en proposant rien – surtout depuis 2008-2009 – mais… parce qu’on ne lui oppose rien.

    Et puis, il y a Rooney. Pour qui on pourrait aisément parler d’un « Rooney role ».

  6. raphaelcosmidis dit :

    Le 4-4-2 à plat de Man United n’est peut-être pas si plat que ça depuis quelques saisons. En tout cas, ce n’est pas le 4-4-2 des années 90 qui a créé des duos d’attaque cultes.

    Quand Cristiano Ronaldo était encore là, il arrivait à Ferguson d’utiliser un 4-4-2 asymétrique qui tendait vers le 4-3-3 : Park-Ji Sung se recentrait et la ligne d’attaque était formée de Cristiano, de Rooney et de Tevez.

    Depuis le départ de Ronaldo, Rooney a pris plus de responsabilités. Quand il joue derrière Van Persie, la compo relève du 4-2-3-1. Et l’arrivée de Kagawa a aussi favorisé le 4-2-3-1. Hormis Valencia, les « ailiers » de Utd sont maintenant moins écartés sur le terrain. Particulièrement Giggs qui compense sa perte d’accélération par une qualité de passe.

    C’est là que réside la longévité de Ferguson. Adapter légèrement son dispositif aux dernières tendances et aux changements d’effectif.

  7. Philippe Gargov dit :

    @daflalo N’oublions pas qu’il existe une grande différence entre la technique réelle des joueurs, et la technique perçue par le spectateur. Encore une question de pressing, et donc de référentiel :
    « Certains observateurs estiment que le niveau technique a baissé, mais ce n’est pas certain: la technique a littéralement de moins en moins d’espace pour s’exprimer quand il importe de se replacer, de presser, et quand les gestes les plus simples (contrôler, passer) doivent être accomplis avec une promptitude affolante, sous une pression constante. » (Le football, c’était mieux avant ?)

    Quant à Manchester, Raphaël a tout dit : il y a bien longtemps que United ne joue plus en 4-4-2 (cf. Zonal Marking)
    Rooney a effectivement un rôle extrêmement intéressant, à mi-chemin entre faux n°9, animateur, pivot et même parfois milieu relayeur… Merci Redondo pour l’idée d’article.

    @Redondo : Oui, le pressing date évidemment du Milan de Sacchi, et aura profité des victoires européennes de 89 et 90 pour se diffuser à une plus large échelle dans les années 90. C’est ce qui est écrit, non ? Idem pour Spalletti, mais il aurait été fastidieux d’y revenir (on en parle plus en longueur dans l’article sur Guardiola). Spalletti est donc le « découvreur », Guardiola celui qui lui a donné ses lettres de noblesse – en le redéfinissant, d’ailleurs : Messi voire Fabregas ne jouent pas du tout le même rôle que Totti à la Roma. Au passage, on notera que Spalletti expérimente encore ce schéma de jeu au Zenit, de temps à autres, avec Kerzhakov dans le rôle de Totti.

  8. pitropia dit :

    @Redondo
    Tu as fini avec les clichés de comptoirs ?

  9. Radek Bejbl dit :

    Il faut avouer que la culture tactique en Premier League est moins prononcée qu’en Italie et en Espagne. C’est un championnat qui a d’autres qualités, mais l’innovation dans les schémas de jeu par exemple reste limitée.

  10. Philippe Gargov dit :

    Ça a quand même bien changé avec l’arrivée du Mou, de Wenger, des dealers espagnols… Même Ferguson expérimente, c’est dire.

  11. RuUB dit :

    L’article est excellent.

    Dites Philippe,

    En parlant de Wenger, outre la pétrification du capital qu’il subit (le stade est remboursé salaud de Board), c’est moi ou Arsène est passé à côté de son époque.

    Je m’explique: depuis la mise en place de sa politique de jeunes appliquée sitôt le départ de Titi, j’ai beaucoup de mal à analyser le pressing de l’équipe. Jeu offensif, triangulations, ok, mais le jeu d’Arsenal n’est-il pas plus voué aux contres rapides plutôt qu’un jeu de possession (qu’il défend toujours) ?

    Dépendance à Cesc, maintenant à Arteta pour faire le jeu (Arsenal perd 1 match sur 2 en son absence)et parallèlement l’idée du pressing semble pas très claire pour une équipe qui prétend (maintenant depuis une demi-douzaine d’années) être un sous-Barça (déjà que le niveau de jeu est moyen depuis une saison et demi..)?

    Sans revenir sur le pressing de Sacchi (mouvements au mètre près, élastiques…), on est loin du pressing catalan ou de celui de l’Athletic de Bielsa propre au « football total ».

    Fabregas expliquait dans un So Foot qui lui était consacré:
    1) que Wenger détestait l’enchainement de séquences de conservation,
    2) toute la liberté que Wenger lui accordait. Qu’on prêtait alors à Fabregas un style de jeu dit anarchique. Or, le souci du pressing (entendre le pressing « sacchien » ou les pressings pré-cités) est justement de limiter l’anarchie.

    Bref, la philosophie de Wenger n’est-elle pas incomplète (encore une fois du point de vue purement tactique/sportif) ?
    Merci de m’éclairer pour le cas gunner – et son idée du pressing.

  12. Vincent dit :

    Peut être importe-t-il de préciser que si on va vers une hybridation des postes, ce ne sera à mon avis pas le cas des joueurs. L’homogénéisation tactique n’empêchera pas que le joueur lent et bon en passes continue de distribuer le jeu sur les côtés ou en profondeur à celui qui va vite et prend bien les intervalles. Au barça tout le monde joue milieu de terrain, mais personne n’a le même style de jeu ; Busquets est d’abord impressionnant à la récupération. Et même s’il a bien d’autres qualités, il ne pourra jamais provoquer comme le fait Iniesta, dicter le jeu comme Xavi, accélérer comme Alves ou conclure comme Messi.

    Il y a des choses innées qui ne pourront jamais s’effacer. Le talent s’élèvera toujours plus haut que n’importe quelle uniformisation tactique.

  13. Groover dit :

    Bravo tout d’abord pour cet article ma foi fort intéressant
    Je vais essayer d’apporter mes (modestes) lumières, et notamment répondre à RuUB, dont le commentaire a particulièrement retenu mon attention de supporter d’Arsenal.
    Tout d’abord, je re rejoins totalement sur l’idée que le jeu d’Arsenal doit être voué aux contres rapides. Et contrairement aux idées reçus, c’est même ce qui a longtemps été une des forces de cette équipe. D’ailleurs, c’est de cette façon que les Gunners ont été la seule équipe à battre Barcelone en coupe d’Europe en 2011 (le fameux but d’Arshavin à l’Emirates)
    il convient de dire que l’objectif de Wenger n’a jamais été de faire du sous-Barça, tout simplement parce que « tel quel », ce n’est pas adapté au style anglais. Par contre, baser son jeu sur un système de passe rapide remontant immédiatement vers l’avant quelque soit l’endroit de la récupération (donc le contre, quoi) convient plus à la philosophie de Wenger. En gros, l’un des mantra de l’Alsacien est que 80 % des buts sont encaissés dans les 15s qui suivent une perte de balle.

    Pour te répondre (quand même) sur le pressing, je dirai que le concept se base sur l’utilisation du double pivot du milieu : pointe en haut en phase défensive, pointe en bas en phase offensive. les 3 joueurs sont à la fois au pressing et à la création. La première partie est bien connu des British, la seconde est nettement moins évidente (en gros, la vision de Pirlo à l’Euro a été l’équivalent pour eux de Colomb débarquant chez les amérindiens). Evidemment, on retrouve les triangulations que tu évoques avec les latéraux. L’idée finale est de récupérer la balle et de privilégier le jeu au sol rapide. D’où l’importance du duo Arteta – Cazorla, aujourd’hui complété par Wilshere
    Si je reprend l’exemple de la victoire contre le Barça, le match a basculé au moment où Wenger a fait sortir un milieu pour faire entrer Arshavin, et donc choisit d’accélérer encore la vitesse de transmissions, prenant le Barça à son propre jeu. A contrario, en finale, MU a choisit un pressing haut tout terrain et s’est fait avoir.

    J’en termine sur ton idée de philosophie incomplète, sur laquelle je te rejoins totalement, avec une nuance : Il a manqué à Wenger les joueurs pour lui permettre d’aller au bout de son concept. L’équipe qui s’en est le plus approché était celle de 2007-2008, avec le milieu Flamini – Gilberto – Fabregas (même si on était plus sur un 4-4-2, la génése du double pivot wengerien est là). Après, c’est l’éternel débat du club qui ne peut pas garder ses stars…

    Juste 2 rapides apartés :
    Tu cites l’article de Fabregas, mais tu es un peu réducteur : Wenger ne déteste pas les phases de conservation, mais à conditions qu’elles soient productives (Je sais, c’est un peu amusant de dire cela quand on voit jouer Arsenal aujourd’hui). Quand à l’anarchie, si je concède qu’on est loin du concept de Sacchi (qui, à mon sens, se retrouve plutôt du côté de Chelsea), il y a tout de même une nuance importante : pour Wenger, le système doit se nourrir des qualités des joueurs. Pour schématiser, on pourrait comparer Arsenal à un orchestre de jazz : la partition est connue, le résultat est à chier si un seul des musiciens se foire. Mais quand ça tourne, on est subjugué (j’exagère un peu, je suis pas objectif).
    Quand à la mise en place de la politique de jeune d’Arsenal, elle s’est faite dés le début des années 2000, et cette génération (en gros celle de Wilshere) arrive à maturité actuellement. Certes, plusieurs joueurs (Coquelin entre autres) sont arrivés en cours de route, mais la ligne directrice est là.

    J’espère ne pas avoir été trop brouillon. Merci en tout cas pour ceux qui sont allé au bout de mon post 😉

  14. RuUB dit :

    Groover,

    Merci de me répondre.

    Tu soulèves sans doute la question qui explique cette philosophie incomplète : celle du championnat.

    C’est une réflexion que j’avais minorée dans mon interrogation. C’est vrai qu’Arsenal évolue sûrement dans le seul championnat qui ne lui est pas favorable eu égard à ses vertus et aux caractéristiques de la Premier League. C’est pourquoi l’optimisation du rendement se tournerait donc alors (irrémédiablement) pour un jeu en attaques rapides, chercher la verticalité plutôt qu’un jeu de possession…

    Reste qu’en observant l’équipe, la frustration n’est pas tant celle de ne pas observer un pressing sauce Bielsa, mais celle d’un manque global de rigueur tactique, de rigueur tout court (de la première ligne notamment, la ligne d’attaque. Hormis pour les grands matches, tu as cité l’exemple du 1/8è de C1 10/11 face au Barça).

    Ta métaphore de l’orchestre met le doigt dans le mille : pour moi, peu importe le milieu de terrain mis en place, il n’y a pas la même implication du point de vue défensif que pour le secteur offensif. On voit moins la coordination des mouvements, le travail effectué. Une sorte de philosophie « déséquilibré » où Wenger aurait privilégié un secteur à l’autre, où il n’aurait pas su insuffler le même esprit. Quand l’équipe s’y met, ça régale c’est certain. Mais en phase de repli, cela à tendance à déséquilibrer l’équipe et donc à la rendre plus en difficulté. S’ensuivent le manque de confiance, une fébrilité qui gagne l’équipe… Les cagades en pagaille n’en sont-ils pas les symptômes ?

    Je spécule, mais plus largement, peut-être que c’est une question d’inexpérience, de manque d’intelligence/de compréhension ou de profil des joueurs ?

    Dixit Fabregas : « Wenger n’aime pas passer ses entrainements à élaborer des stratégies défensives. » Tout est dit, quelque part. D’ailleurs c’est Pat Rice, son ancien adjoint qui s’occupait de la question défensive, non ? Je ne vois pas trop d’évolutions en termes d’esprit avec Steve Bould (pourtant 3 clean-sheets de suite en début de saison), c’est sûrement un peu tôt, peut-être que tu peux m’en dire plus…

    Après, comme tu le dis, il y a la question du double pivot. Elle reste moins importante que l’esprit tactique que Wenger doit inculquer à ses joueurs, mais tout de même. La force d’une équipe qui fait un tantinet le jeu, c’est de maitriser l’entrejeu. On l’a vu par le passé (tu le soulignes à raison le summum lors de la saison 2007/2008, Gilberto-Flamini-Fabregas). Perdre Fabregas et Song en l’espace d’une saison sans une solution à long terme, fut une erreur monumentale selon moi. On le voit, il n’y a toujours pas d’équilibre. J’ai même vu que Ramsey jouait 6 avec l’absence d’Arteta. Et puis quand Arteta joue, il est voué à jouer plus bas, cantonné à la relance, et à manquer offensivement (cf. Norwich, Aston Villa, Swansea à l’Emirates)…. C’est à relativiser parce qu’à court terme le club ne peut rivaliser (et là l’aspect éco rentre en ligne de compte…)

    Désolé si, exprès, je vois le verre à moitié vide. Ne prend pas mes observations et mes interrogations comme de vives critiques. C’est juste l’envie d’éclaircir des points importants que peu d’observateurs mettent en lumière. Et surtout sur Arsenal…

  15. Groover dit :

    Tout d’abord, je te rassure, ta critique constructive et lucide pose d’excellentes questions. C’est malheureusement trop rare de nos jours, où beaucoup de gens s’arrêtent à une vision partielle du travail d’un manager comme Wenger (et pas que le sien d’ailleurs – je me souviens de remarques hallucinantes concernant Guardiola il y a encore 3 ans)

    L’idée de privilégier la verticalité sans sacrifier la qualité défensive a fait son chemin en Angleterre, et elle a donné naissance à un hybride intéressant, le box-to-box. Sorte d’hybride de puissance et de technique, ce modèle rejoint l’idée du joueur polyvalent décrit par Philippe (je ne suis pas un grand spécialiste des postes italiens, mais je crois qu’on peut rapprocher ça du « regista »). On peut y accoler des joueurs comme Tiotté de Newcastle, Ramires de Chelsea, Diaby d’Arsenal. Outre les caractéristiques pré citées, ce joueur doit disposer d’une excellente vision du jeu, de son rythme, afin de toujours savoir à quel moment il doit se situer en attaque ou en défense pour servir au mieux son équipe. Et évidemment, la qualité du pressing doit beaucoup à ce poste. Depuis le départ de Flamini, Arsenal n’a plus jamais retrouvé de joueur capable d’endosser ce rôle. Song a longtemps été un candidat prometteur, mais sa propension à négliger l’aspect défensif du poste (alors qu’il en avait les capacités) ont largement contribué à son départ, avec en point d’orgue un clash avec Bould sur cet aspect défensif justement. Diaby était un des candidats à ce poste, mais les blessures ont évidemment considérablement ralenti sa progression. Il reste pourtant le meilleur espoir d’Arsenal pour ce rôle. Néanmoins, les tentatives de recrutement de Vertonghen cet été (qui a préféré le poste de défenseur central que lui proposait Tottenham) et de Capoue durant les dernières heures du mercato de janvier prouvent que Wenger est conscient du problème. Ce poste sera la pierre angulaire du mercato d’Arsenal cet été.
    Aujourd’hui, Arteta endosse ce rôle avec beaucoup d’abnégation, mais malgré des qualités techniques exceptionnelles (on parle d’un joueur qui se situe au niveau des Xavi et Iniesta en terme da ratio de balles reçues/passes complétées cette saison), le Basque n’a pas la puissance physique nécessaire (Contre MU, il a été irrémédiablement éteint par un Wayne Rooney totalement dédié à son marquage). Reste Ramsey, qui, comme tu l’a rappelé, a pris le relais sur les derniers matches. Et force est de reconnaître que, sans être une solution pérenne, le Gallois s’en sort vraiment bien. Sans avoir un gabarit de déménageur, il a toujours fait preuve de virulence au pressing, et dispose d’un « coffre » qui lui permet de rester dans un rythme élevé pendant quasiment 90 minutes. Sa propension à garder un peu trop sa balle pose moins de souci lorsqu’il est positionné bas sur le terrain et son excellente vision du jeu est primordiale. Reste qu’il y a très peu de chances que ça fasse le poids face au Bayern par exemple, il faut être lucide.

    Wenger n’aime pas travailler les phases défensives, c’est un fait acquis. Il est pourtant arrivé à construire un des meilleures défenses d’Europe entre 2002 et 2005 autour de joueur comme Adams, puis Keown, Campbell, Touré, et surtout avec Vieira en sentinelle. Cela fait plusieurs années que sa défense n’a plus d’éléments britanniques et c’est un aspect qui a énormément contribué à sa fragilisation (sans enlever pour autant les qualités individuelles de joueurs comme Vermaelen, Koscielny ou Sagna). Ancien défenseur latéral de son état, Pat Rice a effectivement joué un rôle prépondérant pendant ces années. Steve Bould (ancien membre du fameux Back Four des années 90) a pris le relais, et les résultats ont semblé prometteurs. Il y a eu une énorme progression dans le domaine des coups de pieds arrêtés (défensifs comme offensifs d’ailleurs) et dans l’alignement pour la mise hors-jeu.
    Le souci est, selon moi, de l’absence de véritable sentinelles, comme expliqué plus haut. Arsenal est la 6e défense de Premier League (c’est pas si mal), mais c’est aussi l’équipe qui contre le moins les frappes adverses, et une des celles qui prend le plus de but de l’extérieur de la surface. Et c’est aussi et surtout l’équipe qui a concédé le plus de buts suite à une erreur individuelle, ce qui me permet de faire la jonction avec le problème des profils de joueurs que tu as soulevé. Aujourd’hui, la présence dans le groupe de joueurs comme Mertesacker ou Santos (de bons gars, mais de piètres footballeurs) est un véritable problème. Si le Brésilien joue peu, l’Allemand est régulièrement titulaire et fragilise l’ensemble du travail collectif : il oblige ses partenaires à faire double boulot pour pallier ses fautes de placement et ses mauvais choix, et se montre incapable de rendre la pareille, surtout quand l’équipe joue haut comme sur les derniers matches (si tu as vu le match perdu 2 à 0 contre Swansea en championnat, tu vois certainement ce que je veux dire). Beaucoup en France sous estime Koscielny à cause de quelques bourdes aussi rares que malheureuses, mais le Français dispose de qualités de placements et de vitesse autrement plus intéressantes.

    Reste que le problème de la rigueur tactique est prégnant, comme tu le fais très justement remarquer. Le match contre Chelsea est assez révélateur de ce souci : Arsenal jouait avec 2 milieux à tendance défensive, Diaby et Coquelin, censés assurer une couverture alternée dans l’axe. L’action du premier but par d’une faute sur Coquelin dans le camp de Chelsea, et Diaby oublie totalement son rôle de couverture.

    Bref, ton constat est justifié, et je le partage totalement. Il n’en reste pas moins que je reste persuadé d’une évolution positive sur la fin de saison. Beaucoup pense assister à un chant du cygne de Wenger, je crois sincèrement (je suis supporter, donc un peu subjectif dans ma vision) qu’il est entré dans une phase positive, où le travail et les ajustements tactiques vont porter leur fruits. Peut être pas cette saison (on en est plus à une près) mais sur la prochaine, notamment parce que le groupe actuel est protégé de la perte de ses joueurs majeurs, qu’il s’est doté d’un « British Core » constitué de joueurs prometteurs, et qu’il va pouvoir, enfin, travailler sur la durée.

  16. daflalo dit :

    @Philippe Gargov et Redondo : il faut quand même réussir à la sortir sans trembler des genoux la tirade « Manchester gagner en étant nul »… leur suprématie sur la PL va de pair avec d’excellents parcours européens sur les dernières années. absolument pas d’accord avec la façon de penser qui dit qu’un entraîneur qui tente des trucs compliqués a davantage raison qu’un mec qui joue en 442. Queiroz a aussi tenté des systèmes asymétriques bizarres, sans aucun succès, en étant au passage le disciple de Ferguson pendant un bail… preuve que l’intelligence tactique ne dépend pas d’un quadrillage sur le terrain, mais d’une coordination et d’une qualité technique qui fait que des choses simples comme les une-deux, les jeux en triangle, les passes en profondeur sont efficaces. ça peut se faire en 442 aussi.
    et railler la PL alors qu’on idolâtre Wenger, Mourinho, Ferguson, Benitez, Mancini selon les goûts de chacun, c’est quand même gros. tous les entraîneurs qu’on s’arrache sont ou on été en PL, donc parler de vacuité tactique c’est dire une énorme contre-vérité

  17. RuUB dit :

    @Groover,

    Nous sommes d’accord. Wenger a osé le pari de faire d’Arteta un véritable regista sans l’assurance d’avoir une certaine continuité au milieu de terrain. Wilshere de retour d’une longue blessure, Diaby et ses rechutes récurrentes, Ramsey qui a en effet le même souci que Nasri (multiples touches de balle, qui il est vrai est moins problématique en DM); une inconstance qui n’est pas propice, avant tout à trouver l’équilibre, et ensuite à retrouver cette qualité de jeu.

    Ça me fait penser au rôle de Pirlo qui dans un rôle similaire possède, non seulement deux box-to-box avec Marchisio et Vidal ; mais peut aussi jouir du pragmatisme de Conte avec l’élaboration d’un système en son nom à travers le 3-5-2 (pour fuir le marquage individuel et donc profiter d’une triple relance avec Barzagli et Chiellini).
    Bref, difficile avec les milieux que possèdent Arsenal de pouvoir se dépêtrer de situations complexes face aux grosses équipes. C’était soit la sentinelle, soit mettre Arteta dans les meilleures conditions possibles (ça passait cette saison par l’achat d’un box-to-box, ou de s’assurer de la santé physique de Diaby…).

    Pour résumé, le rendement de la philosophie d’Arsène ne pourra être véritablement jugée/critiquée/célébrée qu’une fois que le travail de Steve Bould sera intégré, que l’achat du DM sera effectué (qui passe par un DM d’expérience/de caractère); que les joueurs gagneront en combativité, que le Board lâchera du lest et une fois que sera instauré le sempiternel fair-play financier (indispensable pour un titre digne de sa philosophie, j’écarte donc les coupes nationales). J’ai bon ?

    En tout cas, je te remercie pour ton éclairage précieux sur l’aspect défensif de ce club.
    (sinon autre que The Guardian, Arsenal column est-elle une bonne source ?)

  18. Raspou dit :

    Si leo était dans le coin, il vous dirait que le système sans 9 a été inventé par Cruyff avec Laudrup dans le rôle de « false nine », donc bien avant Spaletti et Totti…

    cf ici: http://www.cahiersdufootball.net/forum_fil.php?id_forum_fil=232&page=98

  19. daflalo dit :

    au risque de me répéter, toutes ces analyses, notamment au sujet d’Arsenal qui est un de mes clubs préférés, me semblent tenir davantage de la masturbation tactico-intellectuelle que d’une forme concrète d’efficacité tactique.
    Arsenal jouait aussi en 442 à plat lors de la saison des Invincibles, pas avec des barista ou je ne sais quoi… Il y avait un box to box qui était Vieira en effet, c’est la norme disons en UK, mais le reste des joueurs étaient soit de supers joueurs techniquement parlant, soit des grognards qui ne lâchaient rien. POINT !

    à mon sens on cherche bcp trop compliqué : Guardiola joue sans attaquant et en mettant des milieux en défense car pour lui les milieux sont les joueurs les plus polyvalents : bonne technique individuelle, bonne vision du jeu, endurance. POINT !

    j’en reviens à ce que je dis plus haut : l’avenir du foot va consister à modifier les programmes de formation des jeunes, en incluant une très forte dose de football à des postes où on privilégie le physique. Je ne sais pas s’il est pertinent de chercher bcp plus loin étant donné que c’est ce que le Barca fait, et ce qui répond à la problématique de l’article. Quelle utilité d’inventer des positions et de construire des schémas tactiques complexes quand un football bien léché en 442 fonctionne si bien ?

    je me moque volontairement, sans méchanceté aucune. mais j’ai l’impression qu’on s’écoute un peu parler avec ces barista et machin truc je n’aime pas le football horizontal et possessif du Barca mais je lui reconnais deux choses qui sont essentielles : une grande qualité technique et une intelligence de jeu. je suis gaga devant un Busquets et devant un Iniesta rien que pour ça. eux respirent le foot. l’un ne court jamais et l’autre fait 20 kilos tout mouillé : cela devrait suffire à tordre le cou à pas mal de préceptes tactiques savants 🙂

  20. Groover dit :

    merci pour ce débat très intéressant. Comme en football, il faut être 2 pour faire un bon match 😉

    Et je te confirme qu’Arsenal Colum est une excellente source d’info en ce qui concerne l’évolution tactique d’Arsenal

  21. RuUB dit :

    @daflalo,

    C’est vrai, jour de finale de NFL oblige, j’aurais dû utiliser le terme « quarterback ».

    Plus sérieusement, « regista » n’est pas à entendre comme une position, mais comme un rôle (un rôle qu’Arteta ne peut tenir avec l’inconséquence et le profil général de l’équipe).

    Je te rejoins sur le reste de ton analyse et les souvenirs de l’équilibre que tu évoques me frustrent davantage.

    Quant à Busquets, si je suis là, c’est parce que j’en suis aussi gaga.
    Mais en attendant de voir ce soir un football de milieu de terrain (le « guardiolisme » comme l’appelle l’auteur de l’article, désolé pour l’énième néologisme), je me délecte tout autant, pour l’heure, à observer Andrea Pirlo.

  22. RuUB dit :

    Groover,

    Merci à toi!

  23. Philippe Gargov dit :

    @daflaflo : « Quelle utilité d’inventer des positions et de construire des schémas tactiques complexes quand un football bien léché en 442 fonctionne si bien ? »
    Réponse : pour faire en sorte que le 4-4-2 d’en face ne fonctionne plus aussi bien, par exemple. Mourinho a parfaitement démontré les limites de ce football relativement simple (ce qui ne veut pas dire simpliste, entendons-nous bien), certes extrêmement performant mais qui ne correspondait plus à certaines mutations du football. Et ce n’est qu’une des nombreuses raisons.

    C’est et ce sera toujours le seul objectif de la tactique : maximiser le rapport force-faiblesse de sa propre équipe et de l’équipe adverse. C’est un peu trop facile de dire que Guardiola joue comme cela *juste* parce qu’il a les joueurs à disposition. Encore faut-il les organiser en tirant partie de leurs qualités mais aussi de leurs faiblesse (petite taille, pour ne prendre qu’un exemple). Guardiola l’a fait parce qu’il le pouvait ET que c’était pertinent au moment où il l’a fait, notamment parce que les équipes adverses n’étaient pas préparées à jouer contre ce football-là (qui doit marquer un joueur qui joue entre les lignes ?)

    Nous ne plaidons pas ici l’innovation pour l’innovation (je le fais à titre personnel, mais sur mon blog perso…) Une innovation n’est pas nécessairement vertueuse : elle ne l’est que lorsqu’elle est parfaitement maîtrisée (Guardiola a pu s’appuyer sur l’héritage de Rijkaard) ET qu’elle trouve le chemin du succès.

    « Pourquoi inventer des schémas nouveaux quand tout fonctionne à merveille ? » C’est précisément ce que devaient se dire les Anglais, avant de recevoir les Hongrois en 1953…

  24. daflalo dit :

    Merci pour vos réponses les gars 😉
    Je suis d’accord avec vous sur le fond. J’ai juste du mal à être 100% convaincu de la supériorité du système aux hommes. Ce que je dis, dans l’excès de simplisme, c’est que si vous avez 11 bons joueurs, il est même mieux de ne pas donner de consignes tactiques. cf le Lyon de Le Guen qui jouait sans coach (nouvelle innovation :D)

  25. Philippe Gargov dit :

    On est d’accord sur ce point : trop de complexité sera toujours contre-productive ! C’est d’ailleurs ce que disait Solskjaer dans une excellente interview pour SoFoot, à propos des vertus du 4-4-2.

    Finalement, c’est nous autres observateurs qui rendons ces schémas compliqués, mais on ne peut pas faire autrement. Notre objectif est, humblement, de traduire en mots des automatismes qui s’organisent de manière naturelle pour les joueurs, justement parce que le système s’hybride nécessairement aux spécificités des hommes.

  26. daflalo dit :

    Je réagis aussi comme ça parce que j’ai une intransigeance sur la technique individuelle : il me parait inconcevable pour un joueur pro ayant 2 entraînements par jour pendant des années de ne pas savoir faire un contrôle et une passe. Comme ça m’énerve de voir un pivot au basket ne sachant prendre aucun shoot ni savoir tirer de lancer franc…

  27. Man U dit :

    @Redondo
    Un anti United ?
    Juste que selon moi, cette ‘absence’ constitue une petite faiblesse dans leur jeu quand il s’agit de profiter de la position haute de l’adversaire.

  28. Guy Roux dit :

    Si l’on retourne la question, l’on pourrait se demander : Peut-on gagner sans attaquant ? Après tout au delà des génies de Messi, Iniesta & co n’oublions pas le rôle de Villa et surtout Eto’o dans les victoires récentes du Barça. C’était de vrais attaquants, tueurs devant le but mais qui avaient ceci de grand qu’ils ont aussi accepté de decrocher au delà de leurs désirs de finisseurs (mon Dieu ce travail d’Eto’o sur TOUTE la largeur du terrain). Alors évidemment dezoner efficacement demande une vraie intelligence tactique (coucou Anelka, Benzema) mais je crois que certaines choses ne s’apprenent pas dans un centre de formation comme un  » instinct de buteur « , une faculté à tuer le ballon au bon moment. Et c’est pour cette raison qu’il me semble que remplacer ses attaquants par de purs milieux ne sera jamais aussi efficace que de demander à ses attaquants de quitter un peu leurs fonctions, c’est sans doute la plus grande erreur de Pep, bien que celui-ci ait eu le mérite de tenter et créer quit à bouleverser un système parfaitement établi.

  29. Guy Roux dit :

    (Sans oublier les appels de balle évidement)

  30. Les Dé-Managers : pour parler tactique, pas pour meubler. » Blog Archive » LA LIBERTÉ TACTIQUE EXISTE-T-ELLE ? dit :

    […] sur le terrain, sur lequel s’est construit le football contemporain. Mais dans le paradigme de l’hybridation des postes, tient-elle encore la route […]

  31. Les Dé-Managers : pour parler tactique, pas pour meubler. » Blog Archive » MAUVAIS PIED ET BONNE INFLUENCE, LES AILIERS SE RÉINVENTENT dit :

    […] de touche, tout l’incite à s’écarter de ses partenaires. Une incohérence à l’heure d’un football ultra-polyvalent, où chaque joueur se doit de pouvoir remplir plusieurs rôles, sauf à exceller dans le […]

  32. Les Dé-Managers : pour parler tactique, pas pour meubler. » Blog Archive » WAYNE ROONEY, UN ÜBERMENSCH DANS L’HERRENVOLK dit :

    […] de l’hybridation des postes dans le football moderne, Rooney n’a toujours pas trouvé son rôle ultime sur le terrain, […]

  33. Les Dé-Managers : pour parler tactique, pas pour meubler. » Blog Archive » LOIN DU JEU, LOIN DU COEUR dit :

    […] partisans l’acclament dans cette version contemporaine, voyant dans l’hybridation des postes une nouvelle forme de lutte des classes à l’échelle du terrain : le football total […]

  34. Les Dé-Managers : pour parler tactique, pas pour meubler. » Blog Archive » TROIS ARGUMENTS POUR LE RETOUR DES AILIERS TRADITIONNELS dit :

    […] ont essaimé, conférant parfois au hipsterisme technico-tactique jusqu’en ces lieux : “meneurs-buteurs” (Messi), “renard des couloirs” (Cristiano Ronaldo), “ramdauter” (Müller). […]

Répondre