Kezman, le joueur à l'envers
Ballon de Plomb 2009 / la campagne – En une année au PSG, Mateja Kezman a laissé traîner son spleen dans la presse, ses crampons sur les jambes adverses et son maillot sur la pelouse du Parc.
Auteur : José-Karl Bové-Marx
le 26 Nov 2009
Les lauréats précédents du Ballon de Plomb illustrent chacun une catégorie bien distincte du footeux professionnel: la brute épaisse (Llacer), le simulateur sur et en dehors du terrain (Fiorèse), l'espoir décevant (Pedretti), le sprinteur à la technique fruste (Mendy et Moussilou) et le Spartacus auto-proclamé (Piquionne). Ne manque que la star déchue pour compléter le tableau. Mateja Kezman est l'homme de la situation.
Après quelques années de flambe dans sa jeunesse dans un club quasi homonyme de celui où il connaîtra les affres de la nomination au Ballon de Plomb (le PSV, où il se balade de 2000 à 2004), il se casse les dents sur la concurrence qui règne à Chelsea, avant de redescendre d'une marche vers l'Atletico Madrid, où il ne s'imposera pas vraiment, puis vers Fenerbahce, où sa science du déplacement dans la surface fait encore illusion.
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Quand il déboule au PSG, Kezman est donc encore un nom qui inspire le respect, même si Paul Le Guen, désireux d'associer à Guillaume Hoarau un joueur rapide et dévoreur d'espaces comme Jimmy Briand, fait la fine bouche. Le technicien breton pressent-il déjà que Kezman est physiquement incapable de s'imposer face aux défenseurs costauds et vifs de la Ligue 1? Il lui donnera pourtant sa chance, mais se rendra vite à l'évidence: ce Kezman-là, lent et approximatif, n'a tout simplement pas le niveau. Mateja, qui jure dans la presse qu'il adore le PSG et qu'il va retrouver ses stats d'antan à condition de jouer, se rattrapera un peu en coupes, où il signera quelques performances correctes. Mais en championnat, ses entrées en jeu sont de plus en plus médiocres, ce qui a le don de l'énerver et de l'inciter à multiplier des tacles limite qui ne vont pas sans rappeler ses déboires en sélection nationale (il a été exclu aussi bien lors de l'Euro 2000 que pendant le terrible Argentine-Serbie-Monténégro de la Coupe du monde 2006, qui fut son dernier match international).
"Hey, c'est n'importe quoi Fifa 2009, je viens de réussir un dribble avec Mateja Kezman!"
Le 4 février, exceptionnellement titulaire, à domicile face à Bordeaux, il jette son maillot au sol au moment d'être remplacé. Une suspension de quinze jours et des excuses publiques n'y changeront rien: pour le public du Parc, son sort est scellé, et une embellie tardive en mai surviendra trop tard pour inverser la tendance. Kezman n'est pas retenu, et celui dont le corps est couvert de tatouages représentant des icônes orthodoxes et qui envisage de devenir moine à la fin de sa carrière rejoint, en prêt, Saint-Pétersbourg, ses églises aux bulbes dorés et ses passeurs précis. Après quelques semaines dans l'ancien club d'Archavine, le numéro 88 du Zénit est ravi: c'est le club de son cœur, déclare-t-il dans la presse, et il souhaite y rester de longues années. Gageons que les supporters parisiens partagent pleinement ce souhait.
"Hey ! C'est pas Morientes, là-bas, en pointe ?"
"Ah non. C'est Kezman".
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