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Peut-on ne pas avoir de regrets ?

Minichro – C'est le mot d'ordre d'avant une finale, qui intime de "ne pas avoir de regrets" après. Ça veut dire quoi, et est-ce possible? 

Auteur : Gilles Juan le 26 Août 2020

 

 

La minichronique pose une question, elle n'y répond pas toujours et, à la fin, elle en pose une autre.

 

* * *

 

Avant une finale, la consigne est: ne pas avoir de regrets. Perdre est toujours envisageable, statistiquement possible, on ne peut pas évacuer complètement l’idée, on peut tomber sur plus fort…

 

Perdre avec des regrets serait une circonstance aggravante, douloureuse, traumatisante, et ça, il semblerait qu’on puisse se l’épargner – car se donner les moyens de ne pas avoir de regrets, ça dépend uniquement de soi. Qu’est-ce que cela signifie?

 

 

 

 

Peu probable qu’il s’agisse d’une réactivation de la philosophie stoïcienne, exigeant non seulement d’accepter, mais même de vouloir que les choses arrivent comme elles arrivent.

 

Un stoïcien n’a jamais de regrets, car sa sagesse est d’ajuster la volonté (toujours libre) aux événements extérieurs (toujours aléatoires), et non de s’épuiser (comme nous autres, pauvres fous) à faire le contraire (nous, on veut plier le cours des choses à nos désirs).

 

Un stoïcien a perdu au foot? C’est fait c’est fait, alors: il veut avoir perdu (c’est très difficile).

 

Non, ne pas avoir de regret, cela signifie "avoir tout donné", ou "avoir fait le maximum", bref une injonction morale un peu vague. Et culpabilisante. C’est paradoxal, car l’impératif semble dire, au contraire, qu’on peut avoir perdu sans nourrir de sentiment négatif, parce qu’on a fait sa part des choses.

 

Mais cette injonction vient identifier, dans un contexte où non seulement tout ne dépend pas de soi, mais où, en plus, "tout se joue à des détails", le truc qui repose sur nos épaules à nous (faire le maximum).

 

Ainsi, elle est culpabilisante, cette "leçon de vie", parce qu’elle donne l’impression que ce maximum existe, et qu’on peut avoir la satisfaction, ou du moins la consolation, de l’avoir atteint. Mais peut-on ressentir qu’on a fait le "maximum"?

 

Peut-on, quand on a perdu, juger qu’on a "tout" donné? Se dire: "J’ai perdu alors que j’ai fait le maximum, c’est donc que je ne pouvais pas gagner, tout est normal"? Non, on ne peut pas.

 

Sans doute, elle est bien intentionnée, cette consigne. Elle veut pousser l’équipe à "s’arracher", et la rassurer: on peut perdre sans en souffrir. Mais le regret n’est pas lié à l’investissement. Le regret est lié au résultat.

 

Qui perd a des regrets. Qui gagne n’en a pas. Qui perd repense qu’il aurait fallu attendre le ballon dans les pieds plutôt qu’en profondeur, passer à droite plutôt qu’à gauche, appuyer sa frappe, titulariser tel joueur plutôt que tel autre.

 

Bref, le football n’est pas un contexte (mais en existe-t-il ?) dans lequel on peut avoir le sentiment qu’on a "tout" donné. Parce qu’à un moment donné, de toute façon, ce n’est pas une affaire de quantité – mais une affaire de choix. C’est une tragédie.

 

Bon ou mauvais, le choix aurait surtout pu être autre. Avoir perdu, c’est ne pas avoir fait tous les bons choix. Les "meilleurs" étant par définition, en finale, dans la tête des joueurs, ceux qui auraient mené à la victoire. Si on a perdu, c’est qu’on a fauté.

 

Est-ce qu’on a raison de penser ainsi, de juger rétroactivement, a posteriori, à l’aune du résultat? Quand on est concerné, on ne peut pas faire autrement.

 


 

Réactions

  • Milan de solitude le 26/08/2020 à 01h37
    Pas très convaincu.
    On ne demande pas aux médecins une obligation de résultat, mais une obligation de moyens : le devenir d'un malade dépend d'un faisceau de facteurs et d'influences, parmi lesquels ils sont. L'issue d'un match aussi dépend de mille choses. Entraîneur, joueurs, personne n'a seul la clé d'un match. Mais on attend d'eux qu'ils fassent prouesse du maximum de leurs aptitudes, que l'entraîneur soit judicieux dans les remplacements, que les joueurs redoublent de concentration et de générosité dans l'adversité.
    Par exemple, on peut regretter que Tuchel, et lui-même le regrette peut-être, n'ait pas opté pour un schéma plus offensif après le but de Coman. Si cela n'avait pas fonctionné non plus, je pense raisonnable que les supporters parisiens partisans de cette solution se feraient plus facilement une raison de leur défaite. Pour prendre un exemple plus éloquent, les Colombiens regrettent sans doute le dribble raté d'Higuita contre le Cameroun.

  • Tonton Danijel le 26/08/2020 à 11h07
    Le problème est que dans l'analyse d'un match, à la base biaisé par le fait qu'il oppose un club ou une sélection "nationale" à un autre (l'analyse aurait pu être plus objective lors d'une finale PSG-Lyon), l'adversaire n'est pas forcément pris en compte. Il y a plus d'article sur les erreurs de Tuchel ou les méformes de Neymar ou MBappé que sur le coaching de Flick ou les matchs de très haut niveau d'Alcantara et de Coman.

    Et ce n'est pas que propre à la finale de ce week-end, dans l'analyse des finales des clubs français menée sur le fil C1, le paramètre 'qualité de l'adversaire' n'est jamais pris en compte.

  • Danishos Dynamitos le 26/08/2020 à 11h17
    Au contraire, je trouve que l'auteur a raison de prendre le résultat final comme condition pour les regrets: on regrette parce qu'on a perdu.
    Pour garder l'analogie de la boulette du gardien, prenons l'exemple de Lloris.
    Quand il fait sa méga-boulette contre la Suède en éliminatoires de la WC2018, cela fait perdre le match aux Bleus et compromet leurs chances de qualification. Le regret est énorme. Mais quand il fait une grosse boulette en finale de Coupe du Monde (à un moment où il y a bien plus d'enjeu), ce n'est pas très grave car la victoire est au bout. Le regret est très faible, voire inexistant.
    Seul le résultat final a influé sur cette notion de regret.


    Toutefois, il y a une dimension importante à cette notion de regret, c'est les chances de victoire.
    L'équipe de DH qui affronte le club de L1 en Coupe de France sait qu'elle n'a pratiquement aucune chance de victoire, sauf improbable concours de circonstances ou laxisme extrême de ses adversaires. Du coup, ne pas avoir de regret va consister à donner son maximum tout en ayant jamais touché du doigt la victoire.

    Au contraire, si la victoire (ou la qualification) a été jugée possible (but de la défaite en fin de match, séance de tirs au but, etc...), l'équipe faible va avoir de gros regrets, même en ayant donné son maximum.

    En résumé, on a des regrets quand on a perdu alors qu'on aurait pu gagner. Peu importe les efforts déployés.

  • liquido le 27/08/2020 à 12h52
    J'adore les minichros.

    Et ma réaction préférée de supp parisien déçu après le match est: "si y'a 1-0 pour nous à la mi-temps c'est pas le même match". Ce qui est techniquement tout à fait vrai.

  • Milan de solitude le 27/08/2020 à 14h52
    Danishos Dynamitos
    26/08/2020 à 11h17

    Au contraire, si la victoire (ou la qualification) a été jugée possible (but de la défaite en fin de match, séance de tirs au but, etc...), l'équipe faible va avoir de gros regrets, même en ayant donné son maximum.

    En résumé, on a des regrets quand on a perdu alors qu'on aurait pu gagner. Peu importe les efforts déployés.

    ---

    Je trouve ta conclusion contradictoire. Plus on déploie d'efforts, plus on a de chance de gagner. En préparant mal un match ou en le prenant par-dessus la jambe, on a plus de risque de perdre. Cependant, on peut perdre un match qu'on a bien préparé et bien joué, et dans ce cas au moins ne peut-on pas se faire de reproches à soi-même.
    En fait, "n'ayez pas de regrets !" sonne comme "qu'on ne puisse pas vous faire de reproches !" et l'on pourrait s'interroger si, au fond, on a plus de regrets quand on passe près de la victoire ou quand on passe à côté de son match.

  • Danishos Dynamitos le 29/08/2020 à 18h39
    Milan de solitude
    27/08/2020 à 14h52
    En fait, "n'ayez pas de regrets !" sonne comme "qu'on ne puisse pas vous faire de reproches !"
    _________

    Tout à fait. Mais tu peux avoir des regrets même si on n'a rien à te reprocher. "Regret" et "reproche" sont des notions différentes (même si souvent corrélées)

La revue des Cahiers du football